La CEI sensibilise 400 élèves de l’ENA en ouverture du processus électoral, les questions abordées…
Lemandatexpress – La CEI se met en ordre de marche. L’institution chargée des élections a lancé, ce mercredi, sa campagne de sensibilisation sur le processus électoral qui entre dans un nouveau cycle. C’était à l’ENA, en présence de 400 auditeurs de ce temple du savoir.
Si un cycle s’est refermé en décembre 2023 avec la tenue des élections locales partielles, un autre s’ouvre pour le président Coulibaly-Kuibiert et la Commission électorale indépendante (CEI). Une mission exaltante mais contraignante que l’institution veut conduire avec le plus grand succès ; il s’agit de reléguer aux calendes grecques les nombreuses suspicions qui enflent sur son compte, mais surtout de montrer que les élections sont, avant tout, un jeu au cours duquel un citoyen, appelé électeur, décide de choisir un autre, appelé candidat, et de le faire un gouvernant pour la gestion de l’intérêt commun.
Ainsi, forte des expériences du passé, la CEI, en prélude au démarrage des opérations du processus électoral, met en œuvre une campagne d’éducation civique et électorale sur les actes et enjeux des élections. Le lancement de cette activité s’est fait ce mercredi 12 juin à l’Ecole nationale d’Administration (ENA), devant un auditoire composé de 400 élèves issus de la 60e promotion de ce temple du savoir. « La CEI a fini avec le premier cycle électoral ; nous allons entamer un nouveau cycle électoral. Pour ce faire, nous avons décidé de mener une campagne de sensibilisation à la matière électorale avant le lancement des opérations électorales, notamment la révision de la liste électorale. Fort de cela, nous avons procédé ce jour au lancement de la sensibilisation de la masse. Et nous avons commencé à l’ENA. C’est pour permettre à nos jeunes frères, aux auditeurs, de comprendre la matière électorale, de la posséder afin d’être porteurs auprès de la population », a expliqué Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, le patron de l’institution chargée de l’organisation des élections.
S’inscrire sur la liste électorale
Sous la forme d’une conférence, cette rencontre a été l’occasion pour le magistrat de revisiter, dans un premier temps, la matière électorale, avant d’élucider par la suite les préoccupations des élèves, visiblement sensibles aux questions d’élections et de démocratie. Partant du principe que, dans un régime démocratique, l’autorité appartient au peuple qui la cède aux gouvernants par voie d’élection, il s’est appesanti sur les notions d’électeurs et de candidats. Ainsi, le patron de la CEI, dans un souci de faire comprendre le fonctionnement de la République à cette élite de demain, a, sur la base de l’article 4 du code électoral, rappelé les conditions qui confèrent la qualité d’électeur. À savoir : la nationalité (être ivoirien), l’âge (être âgé de 18 ans au moins), la probité (jouir de ses droits civils et politiques), et la présence sur la liste électorale (être inscrit). Partant de là, Kuibiert a rappelé à son auditoire l’enjeu de la participation au jeu démocratique. Ce qui, selon lui, est un droit inaliénable, expression de la liberté et du pouvoir que confère la loi à chaque citoyen.
« Il est important que vous vous inscriviez sur la liste électorale. Pourquoi vous mettre en marge de la société ? Quand vous renoncez au droit de voter, vous renoncez à un idéal de société », a-t-il dit, indiquant que l’état de développement d’un pays procède des gouvernants choisis par les citoyens. Dès lors, l’ancien énarque a exposé les critères qui doivent guider le choix de l’électeur en faveur d’un candidat : le projet de société et les défis de la population. « Il faut qu’il y ait une adéquation entre les problèmes et les solutions proposées par les candidats », a déclaré le président de la CEI, tout en ajoutant l’équation personnelle du prétendant.
Quand on sent le danger venir
Par la suite, le conférencier s’est prononcé sur l’organisation pratique des élections, avec en toile de fond le rôle et le statut de la CEI qui font très souvent l’objet de polémiques. Aussi, après avoir expliqué la notion de découpage électoral (différent du découpage administratif), qui ressort de la compétence de l’institution placée sous son autorité, Coulibaly-Kuibert a noté l’indépendance de la CEI exprimée, selon lui, à travers les textes et les hommes qui l’animent. Autrement dit, toutes les accusations de partialité ou de manque d’indépendance ne seraient que des prétextes. « Quand on sent le danger venir à l’horizon, il faut jeter l’opprobre, l’anathème sur la CEI. On leur fait signer des chartes de bonne conduite mais durant les élections ils deviennent amnésiques », s’est-il offusqué, en substance, à l’endroit des partis politiques qui « sont représentés » dans l’institution.
Pour lui, en instituant cette campagne, il s’agit pour la CEI d’accomplir sa mission de sensibilisation, d’éducation à la chose électorale. En effet, il souligne la nécessité de donner la matière pour rendre le débat contradictoire, ce qui permet d’éviter les violences électorales. Les nombreuses questions (10 au total) des élèves de l’ENA, portant sur l’indépendance et l’impartialité de la CEI, ont trouvé des réponses soutenues de la part du conférencier, dont l’initiative a été saluée par le Directeur général de l’établissement, M. Narcisse Sépy Yessoh.
Tout est mis en œuvre
Réagissant au nom de ses pairs, Mlle Kouassi Sylvia, élève (inscrite au cycle supérieur), s’est dite satisfaite au sortir de cette formation. « C’était un moment agréable, surtout un moment d’apprentissage. Ce que nous avons retenu par-dessus tout, c’est que la transparence est de mise à la CEI. Tout est mis en œuvre pour que les élections soient faites de manière transparente.»
À noter que cette campagne va durer deux mois sur toute l’étendue du territoire, dans toutes les 31 régions et tous les départements, pour que les gens sachent que l’élection ne rime pas avec la guerre, avec la violence, a fait savoir le président de la CEI, ajoutant que l’élection, aussi importante soit-elle, est un jeu qui consiste à donner un peu de ses suffrages à ses représentants pour le bonheur des électeurs.
Martial Galé
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