Après les obsèques de Bédié, le PDCI entre doute et espoir sur le chemin de la présidentielle
Lemandatexpress – Décédé le 1er août 2023, Henri Konan Bédié, l’ex-président du PDCI-RDA, a été inhumé samedi 1er juin à Pepressou, son village natal. Maintenant que les obsèques sont terminées, le parti septuagénaire se tourne vers la présidentielle de 2025.
La parenthèse endeuillée est fermée avec l’inhumation du Sphinx de Daoukro. Le PDCI-RDA, qui avait suspendu ses activités politiques pour rendre hommage à son défunt président, reprend désormais la compétition démocratique. À 17 mois de la présidentielle, le parti basé à Cocody Val-doyen se remet en marche. « Nous avons fini les obsèques de notre président. À partir d’aujourd’hui, nous sommes en campagne jusqu’au 31 octobre. C’est ce que l’opinion doit retenir », confie Innocent Yao, président de la jeunesse rurale du PDCI-RDA. Le parti vert et blanc comprend l’urgence de cette échéance cruciale.
Henri Konan Bédié inhumé, après deux semaines d’hommages et de compassion, le PDCI commence véritablement les manœuvres pour reconquérir le pouvoir d’État perdu en 1999, marquant ainsi la fin de 25 ans d’hibernation. Cette mission repose principalement sur les épaules de Tidjane Thiam, ancien ministre du Plan, élu à la tête du parti le 16 décembre 2023. Une bonne partie des membres du PDCI voit en lui l’espoir du renouveau. Son implication très suivie dans les obsèques a été saluée. « Le président Thiam est resté aux côtés de la famille, de la veuve, et des militants du PDCI-RDA, pour enterrer d’abord le père et aussi un leader. C’était pour lui un devoir en tant que président du parti », souligne Innocent Yao, mettant en avant le leadership de l’ancien patron du Crédit Suisse.
Malgré la douleur, le polytechnicien a gardé la flamme militante, envoyant des signaux de sa détermination à ramener le fauteuil présidentiel au PDCI. Lors de la cérémonie d’hommage des militants du PDCI-RDA à leur défunt président, il a rappelé sa vision d’une gouvernance inclusive. « Le projet dont nous sommes porteurs n’est pas seulement un projet pour le PDCI. C’est un projet pour la Côte d’Ivoire », déclarait-il le 25 mai, ajoutant : « On ne gouverne pas pour un parti politique, on gouverne pour tout le monde ».
Tidjane Thiam s’inspire du Sphinx de Daoukro, dont la disparition a suscité des éloges sur ses qualités d’homme d’État. Il entend assumer cet héritage alors que l’échéance de la présidentielle 2025 approche. Considérant que Bédié a été interrompu dans son élan par le coup d’État de 1999, il aspire à « parachever cette vision qui met l’être humain au centre du développement, […] et pour cela, il faudra réunir les Ivoiriens au-delà du PDCI ». Tidjane Thiam a aussi répondu à Laurent Gbagbo, en rappelant qu’il s’était rendu plusieurs fois en Belgique pour le voir, après que l’ex-chef d’État ait douté de sa capacité à diriger la Côte d’Ivoire.
Les interventions politiques de Thiam lors des cérémonies funéraires ont été diversement commentées. Certaines les ont saluées, tandis que d’autres les ont jugées inopportunes. Était-il déjà en précampagne pendant les obsèques ? Innocent Yao répond sans équivoque : « Le président n’est pas venu chercher des honneurs. Le président est connu ; dire que c’est comme une pré-campagne, c’est extrêmement grave ».
Quoi qu’il en soit, le PDCI-RDA et son président doivent mener de front le combat pour l’accession à la magistrature suprême. Ils doivent ratisser large dans les prochains mois pour espérer atteindre leur ambition. Thiam est attendu sur le terrain pour tester sa popularité, notamment à travers des meetings. Cependant, face à un RHDP enraciné qui multiplie les réformes pour se succéder, le défi s’annonce de taille. La méthode et la stratégie à adopter seront cruciales. Le PDCI-RDA, qui a quitté le RHDP en 2018, s’achemine vers sa première compétition présidentielle depuis 2010. Formera-t-il une alliance avec les Houphouëtistes ou pactisera-t-il avec le PPA-CI de Laurent Gbagbo, malgré leurs récentes querelles ?
Ces questions sont légitimes pour le PDCI-RDA de l’après Bédié, qui doit se réinventer à moins de deux ans de la présidentielle. En 1994, un an après le décès du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, le parti avait connu sa première grande division interne, entraînant la création du Rassemblement des Républicains (RDR). Aujourd’hui, malgré l’avènement spectaculaire de Tidjane Thiam, la cohésion du parti est mise à l’épreuve par des ambitions personnelles, notamment celles de Jean-Louis Billon, candidat déclaré à la présidentielle de 2025. PDCI entre doute et espoir sur le chemin de la présidentielle
Si rien n’est gagné ou perdu d’avance pour le parti doyen, il est évident cependant que le plus dur commence au sortir des obsèques de feu Henri Konan.
Martial Galé