Présidentielle au Sénégal/ La belle leçon « Diomaye Faye » à Laurent Gbagbo et son clan
Lemandatexpress – La victoire de Diomaye Faye à la présidentielle sénégalaise du dimanche 24 mars a démontré que l’opposition n’est pas obligée de s’arc-boutter à la candidature d’un leader historique, comme c’est le cas au PPA-CI.
Au PPA-CI et à ses cadres qui tempêtent pour une candidature obligatoire de Laurent Gbagbo en 2025, sachant que ce dernier a été déchu de ses droits civiques, la tournure des événements au Sénégal vient rappeler la nécessité d’un pragmatisme électoral. Candidat de substitution, Diomaye Faye est en train d’écrire une belle histoire dans le champ politque sénégalais avec une victoire à la loyale.
Là où le PPA-CI fait de Laurent Gbagbo son candidat sine qua non pour la présidentielle 2025, le Pastef, sous le leadership de son charismatique leader, a porté le choix sur un cadre du parti, peu connu, certes, du grand public mais d’un engagement indéniable. « Mon choix sur Diomaye n’est pas un choix de cœur mais de raison. Je l’ai choisi parce qu’il remplit les critères que j’ai définis. Il est compétent et a fait la plus prestigieuse école du Sénégal. Après presque 20 ans aux Impôts et Domaines où il a abattu un travail exceptionnel, personne ne peut dire qu’il n’est pas intègre. Je dirais même qu’il est plus intègre que moi. Je place le projet entre ses mains », déclarait Ousmane Sonko au sujet de son Secrétaire général à l’orée de la campagne électorale.
Avec la forclusion de sa figure de proue, on aurait pu penser à un boycott des élections par le Pastef. Que non. Plutôt qu’un jusqu’auboustisme de mauvais goût ou une politique de l’autruche, ils sont allés au combat avec les moyens de bord. Diomaye Faye au premier plan, Sonko en piston. Le résultat est là. Une victoire expéditive au premier tour malgré la présence d’un candidat du pouvoir, Amadou Ba.
Au lieu de cela, le PPA-CI, dans une posture de défiance, a décidé de durcir le ton à quelque dix-huit mois de la présidentielle 2025. Les anciens frontistes font de la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale une affaire d’État. « Le fait que Laurent Gbagbo ne soit pas sur la liste électorale, c’est une humiliation pour la Côte d’Ivoire. Donc nous prions tous ceux qui sont en Côte d’Ivoire qui ont le pouvoir qui peuvent faire en sorte qu’on se retrouve et qu’il y ait une décision consensuelle, il faut qu’ils agissent », insiste le vice-président Damana Pickass.
De fait, le PPA-CI donne le sentiment que toutes ses forces et sa stratégie de lutte se résument à Laurent Gbagbo. « C’est lui qui est notre leader, et c’est lui qui est notre candidat. C’est lui qui représente les meilleures chances de gagner ce combat. Il est passé par toutes les épreuves et il a démontré qu’on peut compter sur lui. C’est lui et ce ne sera pas quelqu’un d’autre », tranche Damana Pickass.
À moins d’un jeu de diversion, qui viserait à présenter un candidat autre que Gbagbo, au dernier moment – c’est ce que croient d’ailleurs certains sympathisants de la nouvelle formation politique fondée par le Woody de Mama -, on pourrait voir dans cette insistance, l’expression d’un nombrilisme ambiant au PPA-CI. Et pourtant, il y a bien des cadres comme Ahoua Don Mélo, Sébastien Dano Djédjé ou encore Issa Malick, qui peuvent être mis sur le devant de la scène.
En réalité, la rengaine, la litanie sans cesse embouchée par les militants, en plus du choix exalté de leur mentor pour la présidentielle 2025, lors d’un récent Comité central, montre qu’ils n’ont pas une alternative solide. Pour le PPA-CI, la reconquête du pouvoir d’Etat passe nécessairement par Laurent Gbagbo. Alors qu’avec Diomaye Faye au Sénégal, ils ont la preuve que la candidature du leader historique n’est pas le seul gage de victoire pour un parti de l’opposition. Il faut, avant tout un projet de société lisible et adapté aux attentes des populations, une stratégie terrain parfaitement huilée.
On en est visiblement loin avec le PPA-CI, qui s’illustre plus par le populisme que tout autre chose. Ils vont, peut-être, tirer des leçons de leur paradigme après l’exemple sénégalais. Sinon jusque-là, ça sent un accrochage systématique à l’idéal Gbagbo qui cache mal la peur d’affronter l’ogre RHDP et son candidat, le Dr Alassane Ouattara.
Martial Galé
Lemandatexpress.net