Côte d’Ivoire/ Gbagbo-Thiam-Soro, l’impossible alliance de circonstance?
Lemandatexpress – À l’approche de la présidentielle 2025, l’opposition ivoirienne, a fort à faire pour former une alliance face au candidat de la majorité.
Les incessants défilés des pro-Gbagbo au domicile de Souleymane Koné Kamaraté (Soul to Soul), depuis sa sortie de prison, le 22 février 2024 (grâce présidentielle), et les propos élogieux de ce dernier à l’endroit de l’ex-chef d’État ivoirien sont tels qu’il n’est point besoin de sortir d’Haward pour percevoir l’appel de pied. Le PPA-CI, après Thiam et le PDCI-RDA, a décidé de draguer le camp de Soro Guillaume, en exil depuis près de cinq ans, et dont la perspective d’un retour en Côte d’Ivoire revient avec insistance dans les milieux politiques.
Le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire, tout en s’accrochant à l’hypothétique candidature de son leader (Laurent Gbagbo), veut jouer la carte de l’alliance. Loin d’avoir tout bouclé avec le PDCI-RDA de Tidjane Thiam, en raison d’un gros obstacle (divergences idéologiques), ils tentent le coup de poker dans l’espoir d’un ménage à trois. Ce qui répondrait, en quelque sorte à l’approche stratégique évoquée par le politologue Geoffroy Julien Kouao, selon laquelle « Gbagbo doit réunifier la Gauche et se rapprocher de Thiam et Soro ».
Sacré défi, en réalité, pour l’ancien pensionnaire de la prison de Scheveningen (Pays-Bas) qui doit, déjà, faire face aux démons de division qui minent son propre camp avant de pouvoir convaincre ces deux têtes fortes de l’opposion à le rejoindre dans une alliance politique en vue de la présidentielle 2025. Ce sera là, un premier niveau d’ecueil.
La deuxième difficulté se situe dans la forme à donner à cette alliance. Si elle semble plausible, l’idée d’une coalition de l’opposition avec un candidat de consensus au premier tour de la présidentielle, n’ira jamais sans friction. Le choix du candidat sera problématique. D’autant plus que, déchu de ses droits civiques, Laurent Gbagbo reste, malheureusement, pour le PPA-CI, le porte-étendard par excellence. Ils l’ont plébiscité au cours de leur dernier Comité central. Au PDCI-RDA, on imaginerait difficilement « l’enfant prodige « (Thiam) s’effacer au profit d’un autre, fût-il Laurent Gbagbo. C’est qu’après 2015 (appel de Daoukro) et 2020 (désobéissance civile), la formation doyenne veut se peser avec un Thiam sur le pont.
Quid de Soro Guillaume ? Il faut au préalable que le fondateur de Géneration et Peuples Solidaires ( parti dissous) regagne la Côte d’Ivoire. Selon un de ses proches cité récemment par un confrère, des négociations seraient en cours.Le politologue Geoffroy Julien Kouao est convaincu, à juste titre, qu’une rencontre entre Ouattara et Soro est plausible. Une rencontre dont on ne saurait présager l’issue mais qui devait infléchir, tant soit peu peu, la posture de l’ancien PAN.
Il n’est pas exclus que Soro prenne le pari d’un retour au RHDP, dans une logique non seulement d’absolution mais également de réalisme. Car, la configuration du champ politique est telle que Soro à visiblement tout à gagner dans un raprochemennt avec le président Ouattara qu’une alliance aux fondations incertaines et fébriles.
C’est dire tout simplement que l’alliance éventuelle entre Gbagbo, Thiam et Soro, évoquée passionnément par une frange de l’opinion, est presqu’une vue de l’esprit. À moins d’un miracle.
Martial Galé