Assistance-dépannage-remorquage : Koffi Yao Moïse (Pdt de fédération d’entreprises de dépannage) : « Les enlèvements forcés de véhicules d’usagers vont prendre fin »
Le système Assistance-dépannage-remorquage, en abrégé « ADR », fait la part belle à l’assistance. Dans les annexes de la convention de remorquage, il est recommandé aux structures du secteur sa mise en application. Mais les choses ne se déroulent pas comme souhaité. Koffi Moise, président de la Fedci, nous en dit un peu plus dans cet entretien.
Depuis quand existe la Fedci et quelles sont les missions qui lui sont assignées?
La Fedci a été créée depuis 2019 avec une quinzaine de sociétés et au moins une centaine d’engins. Les missions à nous confiées par le District Autonome d’Abidjan et le ministère des transports, c’est de débarrasser la voie publique des véhicules en panne, accidentés ou en stationnement abusif, abandonnés et autres.
On constate, très souvent, des frictions entre vous et les automobilistes. Quelle en est, selon vous, l’origine ?
On met cela au compte de l’incompréhension. Sinon, lorsqu’un véhicule quelconque est en panne sur une grande voie, même si c’est l’état d’un pneu qui est en cause, compte tenu du fait que ce véhicule peut occasionner des accidents, mieux vaut le mettre sur le bas-côté. Si son propriétaire dispose d’un pneu secours, la société habilitée à faire le remorquage se doit d’assister l’usager, et après quoi, un montant forfaitaire lui sera recommandé pour payer. Parlant justement d’assistance, selon les annexes de la convention de concession du service public de l’enlèvement des véhicules accidentés en panne ou immobilisés, des objets, produits ou marchandises encombrant les voies publiques, vos interventions doivent obéir à 3 étapes ou système ADR : l’assistance pour les pannes dites légères qui sont gratuites, le dépannage et le remorquage. Le non-respect de cette procédure serait la cause des divergences de vue. En tout cas, pour les cas de pannes difficiles où le propriétaire ne peut se dépanner, on ne peut pas attendre. Sinon, quand c’est une panne légère (crevaison, chauffage de moteur, panne sèche, prise d’air, etc), si on avait à le remorquer, on demande à l’usager là où il souhaite qu’on dépose son engin. C’est ce que l’autorité nous demande.
Mais, la réalité sur le terrain semble tout autre !
Effectivement, parmi nous, il y a certains qui ignorent ces principes. Et c’est ce qui crée les incidents dont vous parlez. Rassurez-vous, avec le District Autonome d’Abidjan, nous sommes en train de travailler pour proscrire ce genre de comportement.
Vous venez de parler de montants forfaitaires. Quelle est la grille tarifaire qui régit votre secteur d’activité ?
Nous avons eu à faire des propositions. Après, il y a eu un comité en charge, avec le ministère des Transports. Nous avons eu à travailler pour pouvoir élaborer une grille. A ce niveau, par rapport au comité, nous ne nous sommes pas accordés.
Pour quelles raisons ?
Nous ne sommes pas allés au terme des échanges. Du coup, nous avons adressé un courrier pour signifier que la grille tarifaire ne nous arrangeait pas. Jusqu’à ce que la Société abidjanaise de dépannage (SOAD) cesse de fonctionner en 2002, les coûts par rapport aux véhicules légers étaient de 52000 F dans le District d’Abidjan. Depuis, ces coûts ont demeuré, avec 52000F la journée et 62000F la nuit. Mais, on veut nous ramener à 35000F. Or, aujourd’hui, les données ont changé avec des employés à payer et d’autres charges énormes. On citera le coût des remorqueurs qui a flambé avec la loi qui dit que les véhicules de moins de 5 ans, par rapport à une certaine catégorie, ne seront plus acceptés. Il y a les camions qui ne seront également plus acceptés. Or les camions neufs ont un coût. Pour demander un prêt à la banque, elle vérifie si les prix qu’on pratique peuvent nous permettre d’honorer nos engagements. Nous avons des difficultés. C’est pourquoi, nous avons demandé à nos premiers responsables de faire en sorte que les tarifs soient harmonisés, et que nous puissions investir pour donner du travail à nos frères.
En attendant que vous vous accordiez, quelle est la réalité sur le terrain ?
C’est que, pour les petites voitures, c’est de 35000 à 40000f. Tout en étant toujours prêt à accompagner les autorités, nous demandons que le District et le ministère des Transports, au-delà, le gouvernement, nous aident. L’équipement coûte cher. On a besoin de subventions. Parce que les équipements dont nous avons besoin, on importe tout. Quand on importe, il y a les taxations qui coûtent cher. Quand on va vers une banque pour qu’elle nous accompagne, on essuie un refus. Sinon, avant l’entrée en vigueur de l’âge des véhicules, on pouvait commander des engins à hauteur de 8 millions de F, les dédouaner pour qu’ils reviennent à 12ou 13 millions de F pour venir travailler. Ladite loi fait qu’on ne peut plus prendre un camion au-delà 5-6 ans. On est obligé de prendre un engin, je dirai, un peu neuf. Celui-ci, le coût, c’est plus de 20, 30 ou 40 millions de F. Cela n’a rien à avoir avec le coût du transport et le dédouanement qui vont d’ajouter. Ce qui fait qu’il est difficile pour de petites entreprises, comme les nôtres, de rentabiliser. Pendant ce temps, une partie de la population nous voit comme des personnes qui veulent les mettre dans les problèmes.
Entretien réalisé par Mathias Kouamé