Kafana réaffirme la volonté du président Ouattara d’un nouveau rapprochement entre le RHDP et le PDCI-RDA
Depuis trente ans. Gilbert Koné Kafana occupe une place de choix dans le premier cercle du président, Alassane Ouattara. Ancien secrétaire national du Rassemblement des républicains (RDR), nommé, en 2018, ministre auprès du président de la République chargé des Relations avec les institutions, il vient d’être propulsé haut-représentant du chef de l’État, avec rang de chef d’institution. Une fonction qui le place parmi les personnalités les plus importantes de l’appareil d
En 2022, c’est à lui qu’Alassane Ouattara a confié les clés du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) en qualité de président du directoire, avec pour mission de restructurer cette formation.
Au début de septembre 2023, l’issue des élections locales. les candidats du parti au pouvoir se sont imposés dans plus de la moitié des communes et dans les trois quarts des régions du pays, infligeant un sérieux revers à l’opposition.
Gilbert Koné Kafana réaffirme la volonté du président Ouattara d’un nouveau rapprochement entre le RHDP et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) malgré un premier échec de rassemblement, et revient sur les raisons de la nomination surprise de Robert Beugré Mambe au poste de Premier ministre,
Interview.
Votre formation politique a dominé les élections locales et sénatoriales de septembre dernier. Elle fait mieux qu’en 2018 en s’imposant dans des localités longtemps acquises à l’opposition. Comment l’expliquez-vous ?
Cela tient à notre organisation et au discours qui a été tenu sur le terrain. Les Ivoiriens ont traversé des périodes difficiles. Mais, depuis quelques années, la situation matérielle des uns et des autres et le développement économique du pays ont calmé les esprits. Les Ivoiriens observent davantage ce que font les hommes politiques, leurs actions sur le terrain. Nous avons réussi à conquérir leur faveur. C’est le travail du gouvernement qui a été en grande partie plébiscité dans les urnes.
Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) vous accuse de tricheries massives. Que répondez-vous à la formation de l’ancien président Laurent Gbagbo ?
Ils sont dans leur jeu habituel. Bien avant les élections, on les voyait venir. Ils n’ont pas compris que les Ivoiriens sont fatigués des discours belliqueux. Ceci étant, quand on regarde l’histoire du PPA-CI, qui vient à l’origine du FPI [Front populaire ivoirien], il est ramené à sa dimension réelle, il n’y a là aucune surprise. Ils peuvent continuer à réver, mais les résultats des élections] reflètent leur véritable
Le PDCI vient de perdre son président, Henri Konan Bédié. Pour reprendre le flambeau, plusieurs noms sont évoqués, dont celui de Tidjane Thiam. Cette perspective vous inquiète-t-elle ?
Non, rien ne nous inquiète quel que soit le dirigeant. Avec le PDCI, nous sommes de la même famille politique. Nous sommes des adversaires aujourd’hui, mais, dans l’intérêt du pays, nous devons collaborer. Nous considérons que le RHDP, qui a été porté sur les fonts baptismaux avec le
PDCI devrait être la maison où nous devrions travailler ensemble à la prospérité de la Côte d’Ivoire. Dans cette optique, rien de ce qui touche au PDCI ne nous laisse indifférents.
Des discussions sont-elles ouvertes ?
Le PDCI et nous, devons agir ensemble dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Il n’y a pas d’alternative si nous voulons protéger le pays des chocs internes ou externes. Le président Alassane Ouattara reste dans cette disposition d’esprit. Nos rapports avec le PDCI ne sont pas conflictuels. Ce sont des rapports entre adversaires, certes, mais entre membres d’une même famille politique. C’est cela, la réalité
Votre partenariat avec le FPI, de Pascal Affi N’Guessan, est-il toujours d’actualité après les élections?
Le partenariat avec le FPI n’est pas électoral, c’est très clair. Il s’agit d’un cadre destiné à regarder ensemble dans la même direction. C’est ce que nous avons fait.
Chaque parti a présenté ses candidats, mais Alassane Ouattara a estimé que, comme Pascal Affi N’Guessan était candidat dans la région du Moronou, nous ne devions pas l’affronter. C’est la seule région où nous nous sommes abstenus de présenter un candidat [Pascal Affi N’Guessan a perdu face à la candidate du PDCI]. Nos rapports demeurent bons. Nous avons eu une réunion ensemble après les élections et nous sommes convenus de maintenir un rythme dans nos rencontres.
Vous avez été nommé haut-représentant du président Ouattara avec rang de président d’institution. Allez-vous rester à la tête du directoire du RHDP ?
Je reste président du directoire. C’est une mission bien précise, que je continuerai à assumer.
Robert Beugré Mambé, vice-président du RHDP, a été nommé Premier ministre. Étiez-vous au courant de ce choix surprise ?
J’avoue que je ne l’étais pas. Bien entendu, j’ai été informé avant que ce ne soit rendu public, mais la décision était déjà prise. Comme tous les Ivoiriens. j’ai été très surpris, mais agréablement surpris. On avait pensé à beaucoup de monde, mais pas à lui.
Est-ce un bon choix ?
Oui, Robert Beugré Mambé est un technicien de grande valeur, pondéré et, qui plus est, religieux. Il est dans le tempo de l’action du président, qui veut que la gestion de la Côte d’Ivoire soit apaisée pour garder la confiance de nos partenaires et pour assurer la prospérité des Ivoiriens.
Pourquoi le choix du président s’est-il porté sur cette personnalité, au détriment de Patrick Achi? Est-ce lié au retard de certains grands projets ?
Dans chaque pays, un changement de Premier ministre est un événement, et donne lieu à des spéculations. C’est aussi cela, être un homme politique: comme dans une maison, il faut savoir donner un coup de balai pour donner un nouvel élan. Cela sert à relancer l’action mais aussi l’espoir, et cela montre que l’on se préoccupe vraiment de l’avenir. Évidemment, Robert Beugré Mambé devra mettre le pied sur l’accélérateur pour respecter les échéances.
Nous sommes à deux ans de l’élection présidentielle. Comment le RHDP et le président Ouattara préparent-ils cette échéance?
Nous sommes à mi-mandat, il est trop tôt pour que nous nous en préoccupations, à notre niveau. Mais c’est évidemment une échéance importante, ainsi que les législatives, qui auront lieu la même année. En ce qui concerne le choix des hommes, le RHDP a beaucoup de candidats potentiels, mais notre candidat naturel reste le président du parti, Alassane Ouattara. Pour le moment, sa préoccupation est de savoir comment protéger les Ivoiriens, dans cette période d’inflation mondiale. Il n’est pas focalisé sur les échéances électorales de 2025, mais sur l’action du gouvernement. Il sait qu’à la fin, c’est ce qu’il aura offert aux Ivoiriens qui déterminera leur choix.
H. Gueby avec Jeune Afrique