Denzel Charles (Promoteur de liqueur de cacao) : « Cocoa Elixir, une innovation, pourvoyeuse d’emplois et un label en devenir »
Jusque-là, les produits dérivés, connus des fèves du cacao sont essentiellement, les tablettes de chocolat, la glace, le praliné. A cette liste, il faudra ajouter, une innovation, le Cocoa Elixir. C’est une liqueur à base de cacao made in Côte d’Ivoire grâce une start-up, pour l’instant, seule sur ce segment de marché et qui qui nourrit encore plus d’ambitions autour de son produit.
Vous êtes l’un des tout premiers promoteur de la liqueur à base du cacao ? D’où est venue l’idée de mettre sur une structure dédiée à la fabrication de la liqueur de cacao ?
C’est parti d’un constat. Après le dernier emploi que j’ai eu, en Italie, je me suis rendu compte que rien ne se fait au hasard. Tout est question de planification. Il y a eu la crise économique de 2008-2009 qui a complètement fait chambouler les plans manufacturiers de l’Italie. C’est là que je voyais des unités manufacturières mettre la clé sous le paillasson. Je me disais qu’il fallait venir chercher des investisseurs mais, africains pour venir récupérer ces unités qui allaient permettre ce qu’on appelle, un échange de technologies et aussi, donner plus de crédibilité, aux actions des africains au niveau de l’Europe. C’est dans ce cadre que, quand je suis arrivé en Côte d’Ivoire, j’ai échangé avec plusieurs personnes. Je me suis rendu compte que, pour la plupart, beaucoup n’ont vraiment pas compris la force entrepreneuriale ; la valeur de l’entrepreneuriat ; ce qu’une dynamique entrepreneuriale peut apporter à un brassage culturel, etc. C’est dans ces conditions que j’ai analysé le terrain ivoirien et j’ai vu que le secteur primaire était désorganisé. Le secteur secondaire était quasi inexistant et le tertiaire où tout le monde se regroupe à un peu de mal à s’en sortir. Je me suis donc dit, qu’il faut qu’on essaye d’abord de travailler sur la matière première, avec des fonds propres, des amis et moi. Et, nous nous sommes dit, pourquoi on n’utilise pas le cacao pour faire quelque chose ? En même temps, on s’est dit que, c’est déjà présenté sous plusieurs formes (tablettes, de praline, de glace, etc) mais pas encore, pour ce qui concerne la liqueur.
Pouvez-vous nous présenter votre produit ?
Cocoa Elixir. L’Elixir est une boisson divine comme on dit, qui est parfaite. Pour dire que, ce que nous avons trouvé et mis à la disposition des consommateurs, c’est sans conservant, ni améliorant. C’est une boisson traitée naturellement avec 75% de masse de chocolat pure, de l’eau de vie de cacao, un peu zeste de vanille et de lait pour rendre ça, aimable. C’est à la fois, un apéritif et un digestif. Il est facile à utiliser pour les cocktails.
Depuis pratiquement un an que vous vous êtes lancé dans cette aventure, combien de bouteilles, produisez-vous ?
Après un an, nous sommes sur une valeur de 100 -150, maximum, une production de 200 bouteilles, chaque 3 semaines. Ça, c’est ce qu’on met à la disposition de nos revendeurs, dont des supérettes. Il y a des supermarchés qui ont commencé à nous accompagner.
Pour quel objectif ?
L’objectif, c’est comme on le dit, de fidéliser le client avec un goût qu’on a appelé, « goût Signature » qui ne varie pas. Ça nous donne une expertise que demain, on pourra déployer.
A court, moyen et long terme, quels objectifs visez-vous ?
Il est important que notre production augmente. Ce qui signifie aussi, l’emploi de plusieurs jeunes. C’est la première chose. Ensuite, L’augmentation de la production va aussi permettre à la Côte d’Ivoire, à l’image de plusieurs autres pays, de se révéler comme un pays ayant un produit local qui va pénétrer des marchés étrangers pour un made in Côte d’Ivoire fort. Pour finir, c’est aussi une véritable unité industrielle qui en découlera et qui sera une fierté nationale.
Vous parlez d’une probable augmentation de la production sans toutefois avancer de chiffres. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le sujet ?
L’objectif, c’est d’atteindre 5000 bouteilles, disons, chaque 2 semaines. Si on peut mieux, ça sera 10.000 bouteilles, le mois, ça va nous donner une réelle stabilité à laquelle on aspire. Mais, nous sommes actuellement à Yopougon Bel-Air. L’espace, le mètre carré qu’on occupe est aujourd’hui devenu exiguë pour les ambitions qu’on a.
Justement, seul, cette ambition est-elle réalisable ?
Honnêtement, je reconnais que ça va être difficile voire, impossible. Il faut dire que, j’ai déjà fait, d’énormes sacrifices. Dans l’état actuel des choses, il me faut un soutien de l’Etat ou d’un privé qui va injecter du capital pour nous permettre de travailler. Pour permettre d’avoir un siège de production, à la hauteur de nos ambitions dont la certification à Côte d’Ivoire normalisation (Cordinorm). Il y a aussi, mettre en pratique, c’est qu’on a reçu comme formation à la Chambre de commerce où on nous a expliqué les dispositions à mettre entre les cuves et les machines de cuisson. C’est vraiment important.
Il est de plus en plus question de cacao durable, c’est-à-dire, des fèves cultivées dans le respect de l’environnement. Comment votre activité peut-elle aider à en faire la promotion ?
De par notre activité de transformation, ça participe à dynamiser la culture cacaoyère. Ensuite, ça permet de pouvoir mieux gérer, même les déchets verts que produit le cacao. Par ailleurs, nous avons réfléchi à un plan global pour faire comprendre que, le paysan, au jour d’aujourd’hui, touche, une fois où deux fois ; ça veut dire, à la grande et à la petite campagne de l’argent. Mais, ça ne suffit plus. Pour compenser, nous, nous avons pris sur nous, de pouvoir embaucher les femmes de cultivateurs. De sorte que, quand ces femmes qui maîtrisent déjà le produit ; qui ont déjà et notamment, une capacité de faire du contrôle qualité, elles peuvent nous trier des fèves et à chaque kilo trié, elles auront la prime de 2000F. Ça va faciliter l’entrée pécuniaire au foyer.
Entretien réalisé par Mathias Kouamé