Trafic des espèces protégées: L’impact de la criminalité faunique sur les Etats!
La criminalité liée aux espèces sauvages a un impact direct et négatif sur les écosystèmes et les moyens d’existence des Etats. Les écosystèmes fragiles sont détruits et la biodiversité est dégradée. Ces infractions ont des conséquences graves sur le développement; elles sont souvent commises dans des pays en proie au djihadisme où les institutions, dénuées de ressources, ne sont pas en mesure de protéger les animaux ou le patrimoine naturel. Tout aussi important, ces infractions exploitent souvent les besoins des communautés vulnérables dont la situation économique précaire ne leur laisse souvent d’autre choix que de participer à ces activités.
Le trafic des espèces protégées est en effet un crime organisé qui utilise de lourds moyens financiers et finance le braconnage. Tout cela a un impact très profond sur la biodiversité qui est exterminée malgré des espaces naturels encore vastes, mais sur la société également. En effet, le crime organisé a besoin d’état faible pour prospérer et de pouvoir corrompre les autorités afin de subsister. La criminalité faunique pille les espaces naturels, appauvrit l’environnement des populations rurales.
Des espèces emblématiques comme l’éléphant, le pangolin et les célèbres primates d’Afrique de l’Ouest connaissent un déclin rapide de leurs populations en raison de la demande de ces espèces sur les marchés illicites.
Fort heureusement en Côte d’Ivoire, les autorités ont pris conscience de ce phénomène et luttent activement contre. De quoi réjouir EAGLE-Côte d’Ivoire, une ONG spécialisée dans la lutte contre le trafic des espèces protégées.
« Le projet EAGLE-CI travaille avec les autorités ivoiriennes depuis 2017 et la collaboration est fructueuse. Ce sont plus de 87 trafiquants arrêtés, avec des saisies d’espèces sauvages protégées réalisées grâce à cette synergie. Par exemple, ce sont 4015 kg d’écailles de pangolins, 822,01 kg d’ivoires bruts, 198 objets d’ivoires sculptés qui ont été saisis mais également 2 peaux de lions, et aussi des animaux vivants comme un chimpanzé et 115 perroquets gris du Gabon», note avec satisfaction l’ONG.
Qui salue ses partenaires réguliers que sont le Ministère des Eaux et Forêts, avec notamment la Direction de la Faune et des Ressources Cynégétique (DFRC) et la Direction de la Police Forestière et de l’Eau (DPFE) et également avec l’Unité de lutte contre la Criminalité Transnationale (UCT).
Le projet EAGLE-Côte d’Ivoire soutient que les arrestations réalisées par les autorités ivoiriennes ont un impact positif dans la préservation des espèces sauvages protégées. « L’augmentation des arrestations permet de mieux comprendre les réseaux dans la sous-région, de créer de la méfiance et de l’incertitude chez les trafiquants et réduire le rythme du trafic. Quand un chef de réseau est arrêté, c’est toute une pyramide qui est déstabilisée», explique l’ONG.
Elle souhaite par conséquent que la lutte contre le trafic des espèces protégées doit être une priorité pour chaque pays car les données consolidées par la Convention internationale sur les espèces protégées en voie d’extinction (CITES) sont très inquiétantes. Rien que pour les éléphants, la CITES indique qu’on dénombrait au début du 20ème siècle, 20 millions d’éléphants en Afrique. Leur nombre est tombé à seulement 1,2 million en 1980 et tourne autour de 500.000 éléphants aujourd’hui car un éléphant est abattu toutes les quinze minutes en Afrique pour ses défenses.
Et l’ONG de rajouter : « Quand une espèce disparaît, les trafiquants se rabattent sur une espèce de substitution qui est à son tour gravement mise en danger. C’est une véritable spirale d’extinction ».
SERCOM