Bonne gouvernance : une dizaine d’agents publics interpellés pour « pratiques de corruption », à partir de la plateforme Signalis
C’est le 25 mai dernier que « Signalons la corruption en toute confiance et sécurité », en abrégé, « SIGNALIS », plateforme multicanale de recueil des plaintes et de dénonciation des actes de corruption et des infractions assimilées a été lancée. Deux mois après sa mise en service, cet outil de la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG) marque des points. En effet, dans le cadre des dénonciations reçues au travers de ladite plateforme, les enquêteurs gendarmes de la HABG, en accord avec le Procureur de la République près le Pôle Pénal Economique et Financier (PPEF) et sous sa supervision ont réalisé une enquête de flagrance au niveau du ministère de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, suite à une dénonciation anonyme.
L’enquête pour flagrance effectuée par les Officiers de Police Judiciaire Gendarmes (OPJ) de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance a donné les résultats qui ont été présentés le vendredi 28 juillet par le Secrétaire général de la HABG, Augustin Henri Aka, au cours d’un point de presse, au siège de l’institution. Le collaborateur du président de la Haute autorité pour la bonne gouvernance, N’Golo Coulibaly a annoncé que l’enquête a conduit à l’interpellation de neuf (09) agents publics pour des faits de « pratiques de corruption » dans certains services du Ministère de la Santé, de l’hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, en ce que certains agents de ladite structure ont introduit dans le circuit de la vaccination, des vaccins parallèles d’origine douteuse qu’ils commercialisent à travers la mise en place d’une double comptabilité dont l’une officielle et l’autre officieuse, et cela, en violation de la législation en vigueur. Le conférencier a précisé que les enquêteurs se sont rendus sur les sites concernés après en avoir informé le Procureur de la République près le PPEF.
Les investigations menées ont permis de constater que les faits dénoncés étaient avérés. Et, l’issue de cette constatation, les enquêteurs de la HABG ont procédé à, l’interpellation « immédiate », précise le SG, de six (06) agents publics dont 4 infirmiers, d’une infirmière et d’un chauffeur, tous pris en situation de flagrant délit le lundi 24/07/2023. Ils étaient en possession d’une somme d’argent totale de 654.000 FCFA, de documents confirmant l’existence d’une double comptabilité des recettes issues de la vaccination et de faux rapports d’activités journalières ; à une perquisition au domicile d’une des infirmières le 24/07/2023 chez qui il a été retrouvé, entre autres éléments, 21 407 seringues, 701 produits de vaccination et une centaine de flacons vides de vaccins dans des conditions de conservation inadéquates ; à l’interpellation de 03 autres agents publics de la santé à l’issue de leurs auditions dont un infirmier et une infirmière le mercredi 26/07/2023 et d’un médecin le jeudi 27/07/2023.
Par ailleurs, l’enquête a permis de mettre en lumière l’existence : d’un réseau de vaccins parallèles organisé par certains agents du ministère de la santé, en violation de la législation en vigueur, pour des avantages personnels indus tout en mettant en danger la vie et la santé de nos concitoyens ; d’une double comptabilité des recettes issues des vaccinations qui ont lieu sur les sites enquêtés (dont une officielle et une autre officieuse) mise en place par certains agents publics de la santé, en violation de la législation en vigueur ; l’existence d’une clé de répartition des recettes issues des vaccins parallèles entre plusieurs agents publics impliqués ou ayant connaissance de l’existence de ce réseau parallèle.
Le secrétaire général de la HABG a souligné que, à l’issue de la procédure d’enquête, les mis en cause seront déférés devant le Procureur de la République près le PPEF, suivant procès-verbal de la Direction de l’Investigation et des Poursuites de la HABG pour des suites judiciaires. Le point de presse a été l’occasion pour lui d’interpeller tous les agents publics nationaux au respect de la législation et de la déontologie de leurs différentes professions ; et de réaffirmer son entière adhésion à la vision politique de son excellence monsieur le Président de la République Alassane Ouattara d’intensifier la lutte contre la corruption et les infractions assimilées pour faire de la Cote d’Ivoire un pays libre de toutes formes de corruption.
Rappelons que, Conformément à l’article 4 alinéa 2 point 12 de l’Ordonnance n° 2013-661 du 20 septembre 2013 fixant ses attributions, sa composition, son organisation et son fonctionnement, la HABG est chargée de mener des investigations sur les pratiques de corruption.
Mathias Kouamé