Droh Diomandé (producteur) : « La tomate est rentable mais le secteur souffre de maux dont l’inorganisation dans la vente »
La tomate est l’une des principales cultures produites par, Droh Diomandé, technicien supérieur agricole, depuis environ une dizaine d’années. Un business qui, reconnait-il, est rentable mais est miné par l’absence d’organisation et les effets liés
Est-il vraiment aisé de cultiver, à la fois, la tomate, l’aubergine et le concombre, ces différentes cultures, en même temps, comme vous arrivez à le faire ?
C’est vrai, c’est stressant. Il faut tout le temps être en communication, toujours visiter les parcelles, etc.
Quelle stratégie avez-vous adopté pour y face ?
Le secret pour réussir dans le maraîcher, c’est d’abord, avoir la main-d’œuvre disponible qu’il faut d’abord trouver pour qu’elle effectue les travaux à temps. Une fois la main-d’œuvre est acquise, on essaye de spéculer maintenant sur le matériel. Dans le cas contraire, ce sera compliqué voire, impossible.
Où sont situés vos champs ?
La saison passée, de janvier à mai, il y en avait dans la zone de Tiébissou et de Sakassou.
Spécifiquement, concernant la tomate, combien de productions arrivez-vous à réaliser dans l’année et quelles sont les périodes propices ?
La tomate, on peut la produire, 3 à 4 fois dans l’année. Si c’est sur la même surface, ça serait un peu encombrant. Mais si par exemple, tu t’engages sur 1 ha jusqu’à la floraison, tu peux commencer sur une autre parcelle. C’est comme si, c’était continuel. Il y a une période propice au cours de laquelle, le producteur peut avoir plus de gains. En général, la période de novembre jusqu’en juin, tout au plus, est la bonne avec 300 à 400F/kilo. Par contre, jusqu’en octobre, les prix chutent.
Principalement, à quoi cela est dû ?
Lorsqu’il y a la pluie, dans nos campagnes, l’aubergine villageoise, le gombo notamment, la tomate et tout ce qu’il y a comme feuilles, ça sort beaucoup. Donc, la population, singulièrement abidjanaise est plus ravitaillée.
Arrivez-vous à approvisionner convenablement et régulièrement, vos différents marchés ?
La tomate, bien sûr. Parce que, en 2015, quand on commençait, on avait la crainte des difficultés liées à l’écoulement c’était l’épineux problème. Mais, au fur et à mesure, on a résolu cela, en partie dû au fait que la demande est forte même si, elle n’est pas organisée.
Quelles sont les difficultés dans le secteur du maraîcher, principalement de celui de la tomate ?
Comme je le disais, c’est la main-d’œuvre qui n’est pas forcément toujours disponible. Il y a aussi, les moyens. Quand je parle de moyens, aujourd’hui, le sac d’engrais est passé aujourd’hui de 13 000 F à 14 000 F à au moins à 45 000 F voire, 46 000 F. Les moyens matériels, c’est-à-dire, tout ce qu’il faut réunir pour alimenter une exploitation agricole. Il s’agit de, la motopompe, la tuyauterie, les pulvérisateurs, les dabas, les machettes et un cadre où loger la main-d’œuvre qu’il faut aussi nourrir. A côté de cela, il y a leur prise de compte au niveau des petits soins médicaux (palu, fatigue). Autre difficulté, la location saisonnière des parcelles qui était de 20 000 F à 80 000 F. Aujourd’hui, c’est au moins 100 000 F à 300 000 voire 350 000 F / saison. Autre difficulté et non des moindres, la question de l’inorganisation dans la vente. Le secteur souffre de l’absence d’associations. On devrait normalement avoir, une solide association ou bonne coopérative ou fédération afin d’aider au mieux, producteurs, revendeurs et les autres maillons de la chaîne.
Quels préjudices subissez-vous, particulièrement, par rapport à l’absence de coopératives dans le secteur ?
Pour une culture aussi périssable que la tomate, le produit étant déjà sur le marché, pour le secteur qui n’est pas organisé, le revendeur qui peine à écouler le produit, est obligé de le faire à vil prix avec les conséquences liées à cet état de fait. Du coup, cette situation fait ressurgir la question de la transformation en pate de la tomate. Ça serait mieux, je le pense. Parce qu’on ne peut, pour l’instant, garantir une bonne conservation, à long terme.
Êtes-vous informé des différents programmes du gouvernement pour ce qui concerne le secteur maraicher dont un fonds dédié aux vivriers, sans oublier les projets de pôles agro-industriels au Nord et dans la région du Bélier ?
Sincèrement, j’ai, eu des échos. Mais, en tant qu’individu, je ne pense pas qu’on puisse y souscrire à moins qu’on soit regroupé en coopérative ou association.
En attendant une solution définitive, que faire pour réduire les pertes ?
C’est de relever le défi des transports. Les moyens de transport doivent être réguliers.; parce que, d’abord des champs vers des villes intermédiaires puis vers les différents grands marchés, les moyens de locomotions font souvent défaut. Une situation souvent aggravée par l’éloignement des zones de production, l’état de la voie d’accès. J’en profite pour demander que l’Etat nous accompagne à accroître notre production. Qu’on nous aide pour un protocole d’accord autour de parcelles de terrains pour qu’on nous laisse exploiter les terrains sur une période allant de 5 à 10 ans et plus, grâce à un contrat avec les propriétaires terriens.
Entretien réaliser par Mathias Kouamé