Ekra Antoine (maire RHDP de Prikro) : « Pourquoi je suis l’homme à abattre dans la région du Iffou »
Il l’un des rares élus avoir pu réussir à s’implanter dans une zone réputée bastion de l’opposition. Le maire de Prikro, Ekra Kouakou Antoine qui occupe ce poste depuis 10 ans, a une fois de plus été choisi par son parti pour les municipales de septembre prochain. Dans cet entretien, il fait un bilan de ses 02 mandats et lève un coin de voile sur ces prochaines priorités dans une région de l’Iffou où dit-il, il est l’homme à abattre
Vous avez fait un premier mandat en 2013 puis, un second en 2018. Votre nom figure sur la liste des candidats du RHDP, aux municipales du 02 septembre prochain qui vient d’être publiée. Considérez-vous cela comme une marque de reconnaissance du parti pour le travail bien mené sur le terrain ?
Je voudrais donc, d’abord dire merci au président du parti, SEM Alassane Ouattara, pour le choix, à travers le Directoire, dirigé par le ministre d’Etat, Gilbert Kafana Koné, pour le choix qu’il a porté sur ma personne. Je voudrais leur témoigner toute ma gratitude, toute ma reconnaissance. Je voudrais dire également merci au Secrétaire exécutif, Cissé Bacongo. Je ne saurai arrêter la liste de remerciement sans citer les ministres Amédé Koffi Kouakou et Danho Paulin qui, je suis sûr, ont porté leur choix sur moi. Mais, en même temps, je peux dire que, c’est aussi, le choix du cœur et de la raison. Cela s’explique. En 2013, j’ai été élu maire du Rassemblement des Républicains (RDR), dans cette zone réputée bastion du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), face à des candidats de ce parti. J’ai été réélu en 2018, sous la bannière du Rassemblement des Houphouëtistes pour la paix (RHDP), toujours face à des candidats du PDCI. Je pense qu’au vu de ce que moi, je qualifie d’exploit, vue qu’aux heures chaudes, j’ai remporté les élections et aujourd’hui, avec un peu plus de recul, on regarde nos réalisations faites dans cette commune, il ne pouvait en être autrement. Je pense que le parti a regardé ces facteurs. Aussi, un parti sérieux comme un parti au pouvoir, ne choisit pas un candidat pour faire plaisir. Il tient compte aussi du point de vue de la population. Certainement qu’un sondage a été fait au niveau de la population, au niveau des cadres du parti, au plan local. La population a certainement déclaré que le bon cheval pour représenter le parti est l’équipe de cadres RHDP dont ma modeste personne. Je crois que le travail abattu, c’est grâce à cette équipe de cadres. Je crois que c’est bien indiqué que le choix soit porté sur moi.
Un maire Rhdp dans une zone considérée comme un bastion du PDCI. C’est dire que vous êtes certainement, très attendu, en thème de bilan. Quel est donc votre bilan, par rapport à vos 2 premiers mandats ?
Ça c’est sûr, je peux dire que, nous sommes l’homme à abattre. On l’a déjà entendu. Nous sommes l’homme à abattre parce que, c’est nous qui dérangeons le PDCI dans cette région du Iffou. Parce ce que, cette région a 5 communes : M’Bahiakro, Daoukro, Ouellé, Prikro et Etrokro. De 2O13 à 2018, j’ai été le seul qui a été élu d’un autre parti, autre que le PDCI. C’est-à-dire que les 4 autres sont issus de ce parti. C’est également vrai que, en 2020, Ouellé et Etrokro ont rejoint le RHDP ; mais ils n’avaient pas été élus sous la bannière du parti présidentiel. Ils nous ont rejoint. C’est pour cela que je dis que je suis l’homme à abattre. Parce que, je peux dire que, c’est moi qui dérange. Mais, le bilan que nous avons, parle en notre faveur. A la réalité, nous sommes venus trouver Prikro comme un territoire oublié. On dit que la route précède le développement. C’est vrai que c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui a fait le bitume de Prikro. Mais, ça fait partie de notre lobbying. C’est parce que, le chef de l’Etat a vu que, dans son parti, il y a des cadres qui sont ceux qui luttent. On a fait ce lobbying et aujourd’hui, Prikro est désenclavé avec le bitume. Moi, je considère que c’est le bilan du RHDP et celui qui incarne le parti dans cette région, c’est donc nous. On a bataillé auprès du ministère de l’Etat de Côte d’ivoire pour qu’on ait le bitume. Aujourd’hui, c’est arrivé à Prikro. Ensuite, nous avons doté cette commune, ce département en beaucoup d’infrastructures scolaires et sanitaires. Pour preuve, de 2013 à 2023, nous avons construit 47 salles de classes. Parce que, tout est priorité à Prikro. La plupart des écoles primaires, à l’époque, c’était des deux classes, une classe, construites des mains de nos parents et de certaines mutuelles. En tout cas, pour ce qui est de la commune, on a tout fait pour que, tous les villages aient aujourd’hui, des salles de classes. Souvent même, les six classes sont construites. Nous sommes même allés au-delà. Je peux vous dire qu’on est allé au-delà de la commune, à la demande de certains parents pour faire, dans certains villages, par nos propres relations, on a pu construire, une dizaine de salles de classes. Et ça, c’est su de tout le monde. Grâce à nous, il y a une radio locale. Depuis 2010, avant notre arrivée, il n’y en avait pas à Prikro. Au niveau culturel, on a une fanfare. On a réhabilité le centre culturel qui était totalement tombé en ruine. On a construit le marché. On est en train de reconstruire certains bâtiments et hangars. On a réhabilité et équipé la mairie. On a donné du travail à certains jeunes en créant par exemple, des champs de manioc. On a regroupé les femmes en coopératives. Voyez-vous, ça fait plusieurs ministres qui sont partis à Prikro. Je le fais pour que ces derniers aillent voir les réalités de nos femmes, de nos jeunes. Et quand ils reviennent et que je vais les rencontrer dans leurs bureaux, il y a des appuis qui sont faits dans ce sens. Par exemple, la ministre de la femme est allée à Prikro pour soutenir nos femmes. Je pense donc, que notre bilan parle en notre faveur. C’est vrai qu’on n’a pas pu tout faire. On a un problème de salubrité criard qui également le problème que connaissent toutes les villes. Parce qu’aujourd’hui, c’est l’ANAGED qui ramasse les ordures dans nos villes. Cette compétence n’est plus dévolue aux communes. Du coup, c’est difficile pour nous d’être assez percutant pour ramasser, au jour le jour, les ordures. Et même quand on les ramasse, on a un problème de décharges. On a ce problème d’insalubrité. On a aussi le défi de la jeunesse qu’il faut donc, insérer dans le tissu social. Ça aussi, on est obligé de s’appuyer sur le programme du gouvernement surtout que, cette année, c’est l’année de la jeunesse. Sinon, nous, à notre niveau, notre budget étant très insuffisant, il est souvent difficile de trouver de l’emploi à la jeunesse. En gros, il y a beaucoup de choses que nous avons faites, dans tous les domaines ; infrastructures scolaires, sanitaires, commerciales, culturelles. On a fait des adductions d’eau potable à travers la construction de sept châteaux dans les villages sans oublier les forages. On a touché à un peu de tout. Aujourd’hui, Prikro est quand même reluisant.
Mais, en même temps, vous le rappelez, beaucoup reste à faire dans la commune que vous dirigez. Alors, quelles sont les secteurs que vous considérez encore comme priorités ?
La première priorité, c’est l’insertion de la jeunesse dans le tissu économique et social. Et puis les femmes. C’est de braves populations, travailleuses. Un peuple agricole. Nous n’avons pas d’entreprises chez nous mais, nous avons de la terre fertile. Je voulais, au passage préciser que Prikro faisait partie de la boucle de cacao, à l’époque. Ceux qui ont peuplé Méagui aujourd’hui, il y a au moins 30% d’Anô. Parce que les champs de café-cacao ont brûlé en 84, c’est eux qui sont partis. Aujourd’hui, la forêt est en train de revenir. C’est un atout. Le bitume qui est arrivé à Prikro est également un atout. On peut écouler facilement les produits. Au niveau de l’insertion des jeunes et les femmes, la première chose que nous envisageons faire dans ce domaine et nous en avons parlé avec le préfet, c’est l’écoulement du manioc. C’est rare de trouver le manioc dans certaines régions. A Prikro, il y en a. Les quelques rares personnes qui en produisent arrivent à l’écouler. Alors, si nous sommes élus, nous allons organiser et financer les jeunes pour faire des champs de manioc. Nous allons commencer par le manioc. Parce que c’est facile à cultiver et facile à écouler. Les femmes, ce sera dans le vivrier, surtout le maïs. Nous en sommes également, grand producteur. On va subventionner les coopératives. J’ai déjà mis cela dans mon programme triennal 2024-2026. Un autre élément, l’adduction d’eau potable. Malgré ce que nous avons fait, il y a toujours un souci d’eau dans des villages. Donc, il faut continuer. On a 13 villages dans la commune, on a travaillé pour 7 localités. Il reste 6. Il faut que ces autres villages soient de l’eau potable. Il y a plusieurs priorités. Mais, il faut continuer au niveau des infrastructures. Toutes les directions départementales n’ont pas de bureaux. Pour faire une belle ville, il faut construire. Nous envisageons construire pour que les directions de l’État puissent être bien logées. Nous envisageons construire en 2024, les locaux de la gendarmerie, après ceux du commissariat qui sont pratiquement achevés. Voilà en gros, des priorités parmi tant d’autres qui pourront avoir un impact sur le développement économique et social de la commune.
Entretien réalisé par Mathias Kouamé