Trois questions à…. Soumahoro Ben N’Faly (PCA S.O.S Vie Chère) / Affaire ARTCI, cherté des datas, etc : « Il faut privilégier la riposte dans le cadre institutionnel »
Pour beaucoup, les premiers dirigeants des associations de consommateurs ne sont pas montés au créneau aux premières heures de l’affaire portant sur la hausse des datas. Un avis qui n’est pas partagé par Soumahoro Ben N’Faly, PCA Coalition nationale des organisations de consommateurs SOS Vie chère qui privilégie la discrétion dans les actions
A tort ou à raison on accuse les présidents de consommateurs d’avoir été silencieux de l’actualité relative à la hausse du coût des datas pratiqués par les opérateurs de téléphonie mobile. Quelle est votre réaction, à ce sujet ?
Malheureusement, les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire aujourd’hui, sont devenus des moyens de règlements de compte, de propagande, de l’intox. Dès qu’il y a une information, on partage, sans même prendre soin de mener des investigations avant de prendre position. Des responsables ne savent même pas le statut de l’ARTCI. J’ai entendu certains dire, l’ARTCI a un autre objectif mais, pas la défense des intérêts des consommateurs. Sachez que cet instrument a 3 missions à savoir, protéger à la fois, les intérêts de l’Etat, des opérateurs de téléphonie mobile et des consommateurs. Donc si quelqu’un avance que l’ARTCI protège les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile, tu n’as rien dit de mauvais. Puisque, cela fait partie de ses missions. C’est une autorité à trois pieds qui ne doit prendre partie pour l’un au détriment de l’autre. Autant le consommateur dit qu’il doit être défendu, autant les opérateurs et l’Etat demandent que leurs intérêts soient protégés.
Avec l’actualité relative au coût des datas, que devons-nous retenir, vous en tant que président d’association de consommateurs ?
L’ARTCI fixe un prix mais, à combien chaque opérateur doit vendre à ses consommateurs ne lui revient pas. La concurrence interdit à ses entreprises de téléphonie de se mettre ensemble pour fixer un même prix. Est-ce que les gens ont pris la peine de vérifier si, en diminuant les datas, c’est le même volume que les 3 compagnies ont diminué ? si tel était le cas, elles tombent sous le coup de ce qu’on appelle, « entente illicite ». Moi, en tant que président d’association de consommateurs, mon objectif n’est pas de venir faire du « m’as-tu vu » sur la place publique. Mon objectif, c’est d’obtenir gain de cause pour les consommateurs. A titre de rappel, je suis vice-président du Conseil national de la consommation (CNCO), crée par décret, par le Président de la République. Aujourd’hui, en tant que vice-président du Conseil national de la consommation, je recense les préoccupations, je rends compte. Ce ne sont pas des actions populistes. Un autre exemple, avec la compagnie d’électricité. Nous avons une plateforme avec cette compagnie qui nous permet, 24h/24 de poser les problèmes des consommateurs. Lorsque, à minuit, il y a coupure, on les saisit immédiatement, sans passer par les réseaux sociaux. Ce qui peut être fait dans l’immédiat est fait. On recense les problèmes de façon responsable et on les transmet également comme tel. Si je suis politicien et qu’il y a une situation quelconque et que je peux l’exploiter politiquement, je le fais. Mais, moi, je ne suis obligé de suivre celui qui a un objectif politique pour aborder les problèmes. En 2017, déjà, nous avons fait une déclaration pour donner un carton rouge à l’un de ces opérateurs de téléphonie. On a dénoncé, la mauvaise qualité du réseau, la publicité fantaisiste, flatteuse et mensongère, les augmentations qui ne tiennent pas compte du pouvoir d’achat des consommateurs. On avait à cette époque, appelé au boycott des services et produits de cet opérateur sur 3 jours. En clair, ce que les gens font aujourd’hui, nous l’avons déjà fait.
Malheureusement, ces mauvaises pratiques ressurgissent, on peut dire. Que fait faire ?
Je ne peux que mener des actions dans le cadre institutionnel ; c’est-à-dire, traiter le problème avec les décideurs, autrement dit, avec le gouvernement. Mais, pendant que vous discutez, vous n’avez pas à vous étaler sur la place publique, si on veut vraiment obtenir gain de cause. Pour la période de Pâque et de Ramadan qui demandent beaucoup de consommation, personne n’a entendu de pénurie de produits de grande consommation. Personne n’a entendu parler de hausses vertigineuses des prix de ces produits. On a obtenu du Président de la République, l’’équivalent de 3 mois d’approvisionnement en la période susmentionnée. Ce sont des résultats concrets qui sont obtenus entre 4 murs, de façon responsable.
Réalisé par Mathias Kouamé