Crise post-électorale de 2010 : L’Etat restitue 47 corps et restes humains de victimes de violences à leurs familles
Le Gouvernement ivoirien veut raffermir le processus de réconciliation nationale déjà en cours depuis 2011. Les autorités ont procédé, le mercredi 8 mars 2023, à la restitution des corps de victimes de violences commises en mars 2011, au moment de la crise post-électorale de 2010-2011.
Cet acte qui vient, sans nul doute, pour consolider les acquis de réconciliation, a concerné trois localités, notamment Guiglo, Bloléquin et Toulepleu. Au total, 47 corps et restes humains de victimes de violences ont été restitués à leurs familles. Ces corps avaient été exhumés, pour certains en 2015, puis transférés à Abidjan, pour les besoins de l’enquête en lien avec les affrontements au lendemain de l’élection présidentielle de 2010.
A Guiglo, même si les corps n’ont pas été présentés parce que conservés à la morgue de l’hôpital, une sobre cérémonie a été organisée à la préfecture pour marquer cette symbolique de remise des six corps à leurs familles dans la matinée. Ces familles ont reçu chacune, une enveloppe de 1,5 million de francs CFA, pour notamment organiser des obsèques. C’était en présence de trois ministres, notamment Anne Désirée Ouloto, Belmonde Dogo et Amadou Coulibaly, ainsi que plusieurs chefs traditionnels.
Pour le Gouvernement, ces restitutions entrent dans le champ de la réconciliation. Elles sont aussi une manière de tourner cette page sombre de l’histoire du pays. Ces corps qui étaient conservés à Ivoire sépulture (Ivosep) de Treichville-Abidjan ont été acheminés par voie terrestre. Ainsi, cette restitution sonne comme une symbolique qui permet ‘‘aux habitants de faire le deuil’’, estime Amadou Coulibaly, le ministre porte-parole du Gouvernement, quand bien même les rapports d’autopsie n’aient pas été communiqués aux familles desdites victimes.
Cette restitution des corps a été perçue par les parents comme un catalyseur pour la réconciliation. « Ça nous décharge moralement, car jusque-là, pendant douze ans, on se sentait oublié », a déclaré, soulagée, Irène Modesie, une porte-parole des familles. « C’est maintenant que la réconciliation commence », a-t-elle ajouté.
La ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, Myss Belmonde Dogo, a fait savoir : « Douze ans après les faits, nous sommes venus fermer des plaies ». Avant d’inviter les familles à ‘‘rester sur cette ligne du pardon’’.
La ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration, par ailleurs fille de la localité, a invité les familles à se rendre à l’hôpital afin de disposer des corps de leurs proches. Relevons qu’à ce jour, 4 410 ayant-droits de personnes décédées ont déjà perçu du Gouvernement la somme de 1 million de francs CFA de dédommagement, lors de précédents programmes.
Abdel-Habib Dagnogo