Permis à points: Les populations en désaccord avec la MTCI, les dessous d’une querelle de positionnement
Les populations dans leur grande majorité, ont manifesté leur soutien au gouvernement pour les efforts consentis en vue de diminuer les accidents de la route. Cela, suite à la menace de grève de certains transporteurs regroupés au sein de la Maison des transporteurs de Côte-d’Ivoire (MTCI). Tout sur une querelle de positionnement entre syndicats avant les Etats généraux du transport.
Au cours d’une réunion tenue le samedi 25 février 2023 à leur siège à Abidjan, les responsables du syndicat des transporteurs de la MTCI, une nouvelle structure, ont menacé de paralyser le secteur des Transports le 1er mars prochain, jour de l’entrée en vigueur du permis à points en s’appuyant sur de nouvelles revendications et fustigeant le haut conseil du patronat des entreprises du transport dirigé par Diaby Ibrahim. Une annonce qui malheureusement n’a pas prospéré au vu des nombreux désaccords des populations sur les réseaux sociaux et dans le milieu des transports.
Pour Fofana Inza, chauffeur de taxi à Yopougon, ces transporteurs visiblement veulent profiter de l’actualité dans les transports marquée par les préparatifs de l’entrée en vigueur du permis à points annoncée pour le 1er mars 2023 pour soulever d’autres revendications. « Est-ce-que c’est maintenant les tracasseries liées à l’état des véhicules existent » s’interroge Inza. Pour Sylla Yacouba, chauffeur de poids lourds à Divo, le ministère des transports ne doit pas céder aux querelles de positionnement entre les syndicats des transporteurs. « Nous sommes tous victimes des accidents de la route. Le gouvernement et le ministère des transports doivent maintenir la pression pour réduire les accidents de la route » a-t-il souligné. « C’est tout de même curieux et surprenant que des responsables d’une association de transporteurs fustigent l’instauration du permis à points, instrument qui vient responsabiliser le conducteur en lui permettant de gérer lui-même directement ses infractions et de faire beaucoup plus attention sur les routes » fait remarquer Diaby Youssouf, chauffeur de VTC à Yamoussoukro.
Pourquoi le permis à points ?
Pour rappel, la Côte d’Ivoire a dénombré sur la période 2017-2021 un peu plus de 64.500 accidents de la circulation ayant entraîné 7.379 décès et 101.033 blessés. De l’analyse statistique faite par l’OSER, il ressort que le facteur humain est à l’origine de 95% de ces accidents qui sont dû aux excès de vitesse, au mauvais comportement des conducteurs, aux dépassements et stationnements dangereux. Aussi le non-respect du code de la route est mis en cause dans 60% des accidents. Enfin, malgré la mise en œuvre de certaines dispositions réglementaires au cours de l’année 2021, notre pays a enregistré malheureusement 14.234 accidents avec 1.614 tués soit une croissance d’environ 11% du taux d’accidents par rapport à 2020. C’est donc face à la récurrence de ces accidents que le gouvernement a adopté une stratégie nationale de sécurité routière en juillet 2021 en vue de réduire de 50% le nombre de décès en 5 ans. L’instauration du permis à points vient donc responsabiliser les conducteurs. Ce qui ne devrait pas être associé à des revendications qui elles pourraient être discutées au cours des États généraux du transport prévus bientôt.
Zéphirin Gohia