Soudan : Sergueï Lavrov défend les opérations du groupe Wagner en Afrique
Après le Mali et la Mauritanie, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est rendu jeudi au Soudan où il a loué les opérations du groupe paramilitaire Wagner. Il a aussi dit soutenir l’appel à lever les sanctions de l’ONU frappant ce pays enlisé dans une crise économique et politique.
En visite au Soudan, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a défendu, jeudi 9 février, les opérations du groupe paramilitaire Wagner en Afrique, « contribuant à normaliser la situation dans la région » face à la menace « terroriste ».
Le groupe privé russe est « déployé sur la demande directe des gouvernements », a déclaré Sergueï Lavrov, citant la Centrafrique, pays considéré comme le laboratoire de Wagner sur le continent africain, avant que la société ne s’intéresse à d’autres pays, comme le Mali et le Burkina Faso.
Fondé en 2014, ce groupe paramilitaire aux agissements décriés et considéré par les États-Unis comme une organisation terroriste internationale, s’est imposé comme un acteur majeur du conflit en Ukraine. Ses mercenaires ont également été aperçus en Syrie et en Libye.
Les États-Unis, qui essayent depuis plusieurs années de contrecarrer l’influence russe en Afrique, accusent le groupe Wagner de « commettre des violations des droits humains et d’extorquer les ressources naturelles » sur le continent.
En 2020, Washington a imposé des sanctions à M-Invest, société russe accusée de servir de « couverture » aux activités des mercenaires de la société Wagner au Soudan.
Selon le Trésor américain, l’entreprise a obtenu en 2017, sous le règne du dictateur Omar el-Béchir, « des accords de concession pour explorer les ressources en or » du Soudan.
Le Soudan dément de son côté la présence du groupe de sécurité russe sur son sol.
Rencontre avec le général Abdel Fattah al-Burhane…
La visite de 48 heures de Sergueï Lavrov au Soudan, dernière étape d’une tournée africaine, après le Mali et la Mauritanie, s’inscrit dans la démarche de Moscou de renforcer son influence en Afrique, tandis que les Occidentaux se mobilisent pour isoler le pays depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Arrivé tard mercredi à Khartoum, Sergueï Lavrov a rencontré jeudi le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan, son adjoint le général Mohammed Hamdan Daglo, patron des très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et le ministre des Affaires étrangères par intérim Ali al-Sadiq.
À l’issue de cette rencontre, le ministre russe a déclaré devant des journalistes qu’il soutenait les efforts du Soudan, pays enlisé dans une crise économique et politique, pour mettre fin aux sanctions qui lui sont imposées par l’ONU : Khartoum est sous le coup d’une série de sanctions et d’un embargo sur les armes, adoptés en 2005 pendant le conflit sanglant du Darfour, dans l’ouest du pays.
« Nous avons aussi discuté de notre coopération économique et des investissements » liant les deux pays, a déclaré Sergueï Lavrov, louant les efforts de Khartoum « pour attirer des investissements russes ».
L’économie de ce grand pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres du monde, a été rendue exsangue par des années de sanctions économiques américaines sous le règne d’Omar el-Béchir.
La transition démocratique a laissé entrevoir un espoir : en 2020, Washington a retiré le Soudan de sa liste des pays soutenant le terrorisme, l’aide internationale est revenue mais le coup d’État mené le 25 octobre 2021 par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a interrompu cette transition et l’octroi de cette aide – cette dernière sera rétablie à la condition que les civils retrouvent le pouvoir, préviennent les bailleurs.
France 24