Lutte contre l’incivisme routier/ Abdoulaye Sylla (pdt de fédération de conducteurs) : « A côté du permis à points, nous plaidons pour des pistes cyclables »
Les transporteurs en général, sont favorables au permis à points. Parallèlement au durcissement des actions contre l’incivisme routier, Abdoulaye Sylla, président de la Fédération nationale du syndicat des chauffeurs (FENSC-CI) plaide pour la prise en compte, désormais, de voies cyclables (pour 2 et 3 roues) ; un segment de mobilité, de plus en plus impliqué dans de graves accidents sur la voie publique
Quels sont les faits marquants qui ont retenus, votre attention, au cours de l’année qui vient de s’achever ?
Avant tout, je voudrais présenter mes vœux les meilleurs à toute la population surtout, aux usagers de la route. Les faits marquants, il y en a beaucoup. On ne pourra pas tous les citer. Commençons par les accidents qui nous ont tous éprouvé. Au mois d’août, le 1er août, précisément, au cours de la même journée, on a enregistré deux accidents avec comme bilan, plus d’une trentaine de décès : il s’agit de celui qui s’est produit sur la route d’Alépé (21 morts) et sur celle de Kononfla, à Sinfra, (12 morts). Le 25 octobre, un carambolage impliquant notamment, un camion et des minicars (gbaka) a provoqué la mort d’au moins 5 personnes à Bingerville. Le 5 janvier dernier, une collision mortelle entre deux véhicules de transport au Corridor sud de Yamoussoukro a fait perdre la vie à 14 personnes. Ce, malgré tout ce que le gouvernement a mis en place, à savoir, la Stratégie nationale de la sécurité routière prenant notamment en compte, les campagnes de sensibilisation. Nos sincères condoléances aux proches des disparus et nos prompts rétablissements aux blessés.
Il n’y a certainement pas que les drames ?
Bien sûr. On peut citer les infrastructures que l’Etat a réalisées et continue de le faire pour nous. Pour nous les acteurs du transport, on peut dire grand merci. Parce que, après l’ère de feu le Président Félix Houphouët-Boigny, nous n’en avons jamais vu pareilles réalisations. Il y en a beaucoup, pas seulement qu’à Abidjan mais, sur l’ensemble du territoire national : ponts, routes, voies et pistes réhabilitées. En somme, beaucoup de choses ont été faites sur le plan des infrastructures. Beaucoup de bonnes décisions ont prises pour l’amélioration de nos conditions de travail. Merci au Président de la République, à son Premier ministre et à l’ensemble du gouvernement pour ce qui a été fait.
Revenons au cycle de graves accidents qui, malheureusement, vous le soulignez tantôt, en dépit des actions, ça semble ne pas régresser. Quels sont alors, les leviers sur lesquels, on doit jouer, surtout quand on apprend que, depuis la vidéo-verbalisation, l’on a enregistré, plus de 9,3 millions d’infractions au code de la route, de septembre 2021 à ce jour ?
Tant qu’on ne change pas de mode de transport, les accidents vont toujours se produire.
C’est-à-dire ?
Je m’explique ; vous voyez, on transporte tous les jours, tout le monde, dans les cars, minicars. La fréquence est très élevée. Tout le monde voyage. A Adjamé, on a population entre 305 et 400 000 habitants, la nuit. Mais dans la journée, vous avez, 2 500 000 habitants. Qui les transporte ? ce sont les mêmes moyens de transport. Ils ne viennent donc pas par train, ni par bateau, encore moins par avion. En périodes de fêtes, il y a du monde dans les gares. Les cars sont obligés de faire la navette pour pouvoir transporter tout le monde. Ces fréquences élevées de déplacements augmentent également les risques d’accidents.
Que faire, alors ?
Nous plaidons auprès de nos dirigeants pour qu’ils promeuvent davantage, d’autres modes de déplacement. Le Métro arrive. C’est déjà bon. Il y a l’espace lagunaire qui n’est pas suffisamment exploité. Heureusement que, dans le cadre de la mobilité, il est de plus en plus question d’intensifier l’exploitation de cet espace. Ça va quelque peu alléger les choses.
En tout, le mise ne baisse pas les bras ; puisque, il a été annoncé l’instauration du permis à points, dès le 1er mars. Qu’en pensez-vous ?
Nous soutenons cette initiative. Ça va nous permettre de réduire l’incivisme sur les routes. Quand vous savez qu’à chaque infraction commise, vos points diminuent, vous ferez beaucoup attention. En Europe par exemple, lorsqu’un piéton emprunte le passage clouté, automatiquement, les véhicules s’arrêtent ou font attention à lui. On soutient l’initiative. Mais, comme c’est nouveau en Côte d’Ivoire, que l’Etat parte, entre 20 et 30 points, au lieu de 12 points.
Les camions de transports de sable, de gravier, de ciment et autres sont beaucoup cités au nombre des engins impliqués dans les accidents. Que préconisez-vous à leur niveau ?
L’Etat est en train de mettre en place, les diplômes. Le Certificat d’aptitude de conducteur routier. Il n’y a pas de centre de formation pour conducteurs de poids lourds. Les jeunes qui roulent n’ont pas la maitrise pas qu’ils ne savent pas beaucoup de choses. Certains tôt le matin, roulent à tombeau ouvert afin d’arriver avant leurs heures d’interdiction de circuler. Et là, les risques d’accidents.
La responsabilité des 2 et 3 trois est également, de plus en plus engagée dans plusieurs accident….
Les conducteurs de ces engins sont pour la plupart, sans permis de conduire. Ils n’ont aucune notion du code de la route. C’est dans le cadre de la sécurité routière que d’une part, l’immatriculation de ces engins est en cours ; d’autre part, le permis est exigé au conducteurs. Mais, parallèlement, nous plaidons auprès de l’Etat afin que des pistes cyclables soient prises en compte, dans la construction des voies. Il faut des couloirs propres à eux afin de leur permette de rouler en toute sécurité. On faut vraiment qu’on y pense.
Surtout que, il est indiqué que, en 2021, le District d’Abidjan a enregistré 7899 accidents sur 14234 en Côte d’Ivoire. Des chiffres qui montrent que piétons et conducteurs de 2 roues constituaient, 68% des victimes des accidents de la circulation, selon l’OSER ?
Oui, raison de plus pour que les motocyclistes en particulier, aient leur voie de circulation à part.
Entretien réalisé par Mathias Kouamé