PDCI : Fin de règne compliquée pour Bédié
Il est bien loin, le temps où les opinions et idées de Konan Bédié, comme lors de l’appel de Daoukro, passaient comme une lettre à la poste au Pdci. Aujourd’hui, le Président du Pdci n’a pas que d’inconditionnels militants et cadres au sein de son parti.
En rompant les amarres avec le Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), en 2018, Henri Konan Bédié, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) ne s’attendait pas, à 89 ans, à vivre tant de moments compliqués à la tête du vieux parti. Passé le temps de l’euphorie de la « résistance » au Rhdp, des réalités implacables se dressent devant le « Sphinx de Daoukro ». Aujourd’hui, plus que jamais, les militants et cadres du parti doyen voient les limites de la posture de Konan Bédié. Pour eux, le président du Pdci les mène à Canossa.
Parti, naguère bien structuré, convivial et solide, le Pdci est en proie au doute existentiel, en ce moment. Et cela se traduit, au quotidien, par les défections de militants et cadres qui migrent sous d’autres cieux, notamment, au RHDP pour pester leur mécontentement du management désuet et suranné que le Président de leur parti leur sert, depuis quelques années. Yapi N’Dohi Raymond, Gouali Dodo et plus récemment N’Dri Narcisse sont de parfaites illustrations du mal-être au Pdci.
Le fonctionnement interne du Pdci laisse à désirer. Toute chose qui ne suscite plus l’engouement de la masse militante. Le flop du Bureau Politique de Daoukro ainsi que toutes les intrigues qui s’en sont suivies, lors du rendez-vous manqué du congrès extraordinaire, en décembre dernier, achèvent de convaincre que le Pdci navigue à vue. Bédié qui a fait acte de candidature, la mi-journée, à la présidence du parti a dû se rétracter, en début de soirée pour concéder le report sine die dudit congrès. Sans doute, un signe des temps.
A quelques mois des élections locales, le PDCI se trouve à la croisée des chemins. Pour ne pas perdre la face, y compris dans le V Baoulé, réputée comme son fief, il lui faut nouer des alliances. Et c’est à ce niveau que le parti doit faire des choix de raison ou du cœur. Entretenant une sorte de collaboration avec le Parti des peuples d’Afrique (Ppa-ci), le Pdci n’exclut pas un rapprochement avec le RHDP pour être plus ragaillardi, au sortir des élections locales. Là encore, Konan Bédié se retrouve, en quelque sorte entre le marteau et l’enclume. Son choix pour l’un ou l’autre (Ppa-ci ou Rhdp) pourrait bien faire grincer les dents au sein des militants.
Dans la perspective de l’élection présidentielle 2025, le président Bédié est, quasiment, poussé vers la porte de sortie. Au sein du vieux parti, des candidatures sont, de plus en plus, sollicitées. Le week-end dernier, Jean Louis Billon, a fait clairement part de son ambition de porter la tunique du Pdci, lors de la prochaine présidentielle. Il n’est pas le seul dans cet état d’esprit. Tidjane Thiam qui s’est fait enrôler, en fin d’année dernière, ne fait plus mystère de son envie de candidater à la présidentielle 2025. Ce renouvellement du personnel politique au Pdci, contraint de facto, Henri Konan Bédié à renoncer à toute sorte d’ambition. Il devrait l’intégrer et se mettre en retrait avant d’y être contraint.
Vincent BOTY