Menace Terroriste/Lutte contre les fragilités dans les zones frontalières Nord: Une stratégie gouvernementale qui a fait ses preuves
Le phénomène djihadiste qui sévit dans la sous-région Ouest africaine n’a pas épargné la Côte d’Ivoire. Ainsi, de mars 2016 à octobre 2021, la première puissance de l’espace UEMOA a subi 06 attaques terroristes dont 05 dans les zones frontières du Nord (Kafolo, Tougbo, Téhini).
Les raisons de vulnérabilité et de fragilité des populations…
Sécuriser le Nord s’est avéré l’objectif que s’est fixé le Gouvernement, et cela, par une approche holistique. Pour faire face à cette situation inédite, le Gouvernement a mis en place un plan d’action, combinant le renforcement du dispositif sécuritaire (déploiement militaire), une approche classique, et la réalisation de programmes sociaux spécifique. Un aspect purement social destiné à soutenir les populations vulnérables de ces régions, qui se veut un puissant moyen pour les soustraire aux influences des groupes terroristes. Cette approche innovatrice s’est conçue sur la base d’une conviction forte du Gouvernement à savoir qu’une lutte efficace à long-terme contre le terrorisme et les risques de radicalisation passe nécessairement par l’amélioration des conditions de vie des populations locales afin de réduire la pénétration des discours jihadistes. La Banque Africaine de Développement (BAD) considère la fragilité comme « une situation où l’exposition aux pressions internes ou externes surpasse les capacités existantes pour les prévenir, les gérer et les surmonter, créant ainsi des risques d’instabilité ». Les facteurs de cette fragilité sont multiples, et comprennent la pauvreté, l’absence d’infrastructures, notamment, dans les domaines du transport, de l’électricité, de l’eau et de l’assainissement, ou, pour le cas spécifique des zones du nord, le sentiment d’abandon par l’Etat. Ce dernier est d’autant plus prégnant qu’il est au cœur de la propagande jihadiste, conduisant parfois les populations à coopérer avec eux, en échange de modiques sommes d’argent, d’engins (moto) ou du paiement de leurs ordonnances. Dès lors, le Gouvernement s’est engagé dans une lutte sur l’ensemble du territoire pour démanteler les réseaux terroristes et neutraliser les extrémistes.
Une réponse militaire en vue de garantir la sécurité des régions du Nord…
A cet effet, l’approche militaire du Gouvernement a porté sur : la formation, à travers la mise en place de l’Académie Internationale de Lutte contre le Terrorisme (AILT) à Jacqueville ; la sécurisation des points stratégiques à travers l’acquisition d’équipements pour les forces de l’ordre et de sécurité, ainsi que l’achat de nouveaux avions, et l’adoption d’une nouvelle stratégie de gestion et de sécurisation du Parc national de la Comoé, visant à créer un espace d’aires protégées.
Si le renforcement de la présence militaire et du dispositif de renseignement dans les zones frontières contribue à garantir l’intégrité du territoire et la sécurité immédiate des personnes et des biens, il a été complété par un renforcement de l’action sociale. Celle-ci vise à démontrer à la population la proximité de l’action Gouvernementale et la prise en compte de ses préoccupations, et cela afin de renforcer le sentiment d’appartenance à l’›Etat. Elle concourt ainsi à dissuader les populations, notamment les jeunes, de céder à la tentation de s’enrôler dans les groupes extrémistes ou d’adhérer aux discours de radicalisation qui fleurissent bien souvent prospère sur le terreau fertile de la pauvreté.
L’initiative d’un programme social pour éradiquer les fragilités, une innovation payante…
En complément de l’approche militaire, l’approche sociale vise donc à transformer le potentiel désespoir des populations, né d’un éloignement et de la confrontation aux difficultés de subsistance de tout ordre, en l’espoir d’une vie restaurée et de besoins sociaux de base satisfaits. C’est d’ailleurs ainsi que l’on peut établir une confiance et une complicité entre la population et les Forces de Défense et de Sécurité, et améliorer la participation citoyenne de la population à la lutte contre le terrorisme.
Cette approche inédite a été réalisée par le Gouvernement au niveau national par la mise en œuvre de projets sociaux sur l’ensemble du territoire et ciblés sur les zones de fragilité, afin de répondre aux préoccupations de ces régions. Ainsi, le Gouvernement a su intégrer la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme dans le cadre de ses projets sociaux, dont le Programme Social du Gouvernement (PSGouv), le projet « Cohésion Sociale des régions Nord du Golfe de Guinée » (COSO), et le programme spécial dans le cadre de l’insertion des jeunes. Ces projets visent à soutenir concrètement les populations dans les zones frontalières fragiles, en y renforçant l’éducation et la formation, en améliorant les conditions de vie des populations rurales et en favorisant la couverture sociale des populations précaires.
Des résultats tangibles à fort impact sur les populations bénéficiaires…
Les différents projets développés vont notamment permettre d’offrir aux jeunes des opportunités de formation et d’insertion afin de les autonomiser, et des financements, à destination d’individus ou de groupes, pour les soutenir dans la création d’activités génératrices de revenus et de micro et petites entreprises. De plus, le Gouvernement a décidé de doter les populations des régions concernées d’infrastructures sociales de base (éducation, santé, électricité, eau potable, entretien routier, service civique, etc.), permettant ainsi de désenclaver certaines localités et de réduire le taux de pauvreté. Déjà en septembre 2022, l’approche sociale du Gouvernement avait permis d’enregistrer des résultats positifs. En effet, dans le cadre du PSGouv2, 48 localités ont été électrifiées, 46 forages positifs équipés de PMH ont été réalisés, 3 182 PMH ont connu des travaux de maintenance, et 304,4 km de linéaires ont été reprofilés (correspondant aux itinéraires : Kalabo-Parhadi-Talahini ; OdiennéGoulia ; Madinani-Ouayéré).
Le PSGouv2 a, également, permis d’insérer 16 785 jeunes au titre des Formations complémentaires qualifiantes, des programmes d’apprentissage, le permis de conduire, les THIMO, le financement d’AGR, le Fonds d’Appui au secteur informel, etc. Dans le cadre des filets sociaux, 17 497 bénéficiaires ont effectivement reçu leurs allocations du troisième trimestre, leur permettant ainsi d’investir dans des activités génératrices de revenus. La conjugaison des actions sociales avec la mise en place d’un environnement propice à l’épanouissement des jeunes et des femmes, est une approche innovante dont se sert le Gouvernement pour consolider la cohésion sociale et la prévention des conflits dans les régions frontalières. L’approche se déploie et le Gouvernement reste fermement déterminé à poursuivre sa lutte et à garantir la sécurité et la paix sur l’ensemble du territoire.
Abdel-Habib D. avec Primature