Mécanisation de l’agriculture ivoirienne : Incursion au sein du CFMAG, l’un des fers de lance de l’ANADER
L’insécurité alimentaire n’est pas une vue de l’esprit. Pour y faire face, l’agriculture ivoirienne se doit d’aller à une mécanisation accrue. Elle est aidée en cela par plusieurs entités qui, déjà, ont jeté les jalons de l’anticipation, à l’image du CFMAG.
Selon les dernières projections des Nations Unies, la population mondiale qui, depuis novembre 2022 tourne autour de 8 milliards d’habitants, pourrait atteindre environ 8,5 milliards en 2030 et 9,7 milliards en 2050. Aussi, elle devrait atteindre un pic d’environ 10,4 milliards de personnes au cours des années 2080 et se maintenir à ce niveau jusqu’en 2100. Une explosion démographique qui n’est pas sans conséquences, surtout au niveau de la disponibilité des ressources alimentaires. C’est sans doute en écho à cela que le Directeur général de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), Dr Sidiki Cissé, déclarait qu’il faut la mécanisation de l’agriculture pour pouvoir optimiser les rendements agricoles et faire efficacement face à l’insécurité alimentaire qui pourrait découler de l’implosion du nombre d’habitants sur la planète.
C’était au mois d’octobre dernier, à l’ouverture de l’atelier de renforcement des capacités des journalistes à Grand-Lahou, au sein du Centre de Formation à la Mécanisation Agricole (CFMAG). Retour sur cet instrument, le CFMAG, qui, selon une documentation à nous fournie, se positionne à l’effet de servir de fer de lance pour la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire à travers, notamment, son historique, ses missions, les services offerts, les cibles et les réalisations.
Historique et missions
Fruit de la coopération bilatérale entre le Gouvernement du Japon et la République de Côte d’Ivoire, le CFMAG, à 120 Km à l’Ouest d’Abidjan et à 10 Km de Grand-Lahou, à la lisière du fleuve Bandama, a été inauguré en août 1992, avec pour objet de contribuer à la promotion de la mécanisation de la culture du riz. Six ans plus tard, le Centre, qui était codirigé par une équipe de coopérants Japonais associés à des homologues Ivoiriens, va pleinement revenir aux locaux dans sa gestion. Et aujourd’hui, le CFMAG a actuellement pour mission de contribuer à la promotion de la mécanisation agricole en Côte d’Ivoire à travers : la formation des acteurs et opérateurs économiques des filières agricoles (riz, maraichers, manioc, maïs…) ; la production ou l’adaptation de petits matériels agricoles ; la formation à la gestion des exploitants rizicoles et des prestataires de services de mécanisation agricole. C’est ce que propose cet outil de l’Anader qui dispose de plusieurs infrastructures pédagogiques pouvant être aménagées en unités pédagogiques pour les besoins spécifiques d’une formation : Périmètre rizicole de 10 ha/mini-rizerie/parcelle de terre disponible d’environ 30 ha/un atelier mécanique et ses équipements.
Les services offerts
On a des cycles de formation qui prennent en compte la culture du riz et des vivriers (phytotechnie du riz, technique culturale du riz irrigué et du riz de plateau, techniques de récolte et post- récolte, production de semences de riz, techniques culturales des spéculations maraîchères), la gestion des infrastructures (gestion de l’eau et des infrastructures d’irrigation, gestion technique). Autre service, la fabrication et l’adaptation des petits équipements agricoles. Ainsi, on y trouve des ANWAR (Batteuse-Vanneuse), des sarcleuses Japonaises, des sarcleuses Sri-lankaises, des semoirs philippins, des rayonneuses, des récolteuses manuelles de tubercule de manioc pour ce qui est de la fabrication.
Pour ce qui est de l’adaptation, on a notamment des roues-cages, l’alésage de pièces mécaniques (poulie, arbre de transmission…). Au niveau de la production, le centre a des prestations telles le labour/le pulvérisage ; le battage de paddy, le décorticage-polissage de paddy. Comme cibles, le CFMAG accueille les exploitants agricoles individuels ou constitués en coopératives, les conducteurs d’engins agricoles, les mécaniciens des entreprises de prestation de services agricoles mécanisés, les mécaniciens et artisans ruraux, les techniciens d’agriculture, les élèves et étudiants des filières agricoles et mécaniques.
Les réalisations
En 30 d’existence, le CFMAG a contribué à asseoir en Côte d’Ivoire, sa puissance agricole. En assurant la formation de 694 machinistes (utilisateurs de machines), 216 mécaniciens et artisans ruraux, 1700 exploitants agricoles, 1861 agents de vulgarisation, 23 Petites et Moyennes Entreprises Agricoles (PMEA) de prestation de services agricoles mécanisés. Au niveau du matériel, plusieurs sarcleuses Straiht-Spike Floating (Japonnais), sarcleuses Cono-Weeder (Sri-lankais), batteuses-vanneuses ANWAR, des récolteuses de manioc, adaptations de roues cages, sémoirs Philipins et rayonneuses sont sortis des ateliers du Centre. En dehors de ce site qui a pour chef de Centre, Bamba Souleymane, on a les Centres de formation de Gagnoa, qui traite par exemple l’ensemble des thématiques liées à la chaîne de valeur du café et du cacao ; celui de Bingerville, spécialisé dans la formation des OPA (organisations professionnelles agricoles).
Ce à quoi s’ajoutent les formations en agriculture hydroponique ; celui de Kotobi, spécialisé en cajou-culture et en maraîcher. A l’image du CFMAG, les autres sites servent également de lieu de formation et d’apprentissage sur les techniques innovants de production agricole au bénéfice des agents de vulgarisation et des producteurs relais. Ils forment donc un réseau aux compétences divers, mais complémentaires afin de toucher un maximum de producteurs à l’échelle nationale.
Mathias Kouamé