La basketteuse américaine Brittney Griner est arrivée aux États-Unis
La sportive de 32 ans, emprisonnée en février en Russie, a été échangée contre Viktor Bout, un trafiquant d’armes qui purgeait une peine de 25 ans aux États-Unis. Elle est arrivée, vendredi, au Texas.
La star américaine du basket Brittney Griner est arrivée, vendredi 9 décembre, aux États-Unis après avoir été libérée d’une prison russe en échange d’un marchand d’armes surnommé le « marchand de mort ».
Elle a atterri au Texas vers 10 h 40 GMT, selon des images des chaînes CNN et Fox News.
Brittney Griner, 32 ans, qui avait été arrêtée en Russie en février pour des accusations de trafic de drogue, et Viktor Bout, 55 ans, qui purgeait une peine de 25 ans dans une prison américaine, ont été échangés dans un aéroport d’Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis.
Le « marchand de mort » Viktor Bout, un Russe libre grâce à Moscou
Sur une vidéo des services de sécurité russes publiée par l’agence TASS, une grande silhouette vêtue d’une veste rouge avance sur un tarmac, un petit homme souriant avec une moustache grise va à sa rencontre. Des hommes en costume qui les accompagnent se saluent des deux côtés puis repartent en sens inverse.
Sur les images de l’échange, qui semble tout droit sorti de la Guerre froide, la sportive apparaît les cheveux ras, sans ses longues dreadlocks habituelles. « Il y a quelques instants, j’ai parlé avec Brittney Griner. Elle est en sécurité. Elle est à bord d’un avion. Elle est en route vers les États-Unis », avait déclaré plus tôt le président américain Joe Biden, lors d’une brève allocution à la Maison Blanche. La basketteuse a « bon moral » malgré « le traumatisme » enduré, a ajouté le président américain.
Dans un communiqué, la famille de Brittney Griner a déclaré: « Nous tenons à exprimer notre sincère gratitude envers le président Biden et son administration pour le travail inlassable qu’ils ont accompli pour ramener Brittney à la maison. »
Dans une autre vidéo diffusée par la chaine pro-Kremlin RT, on voit Brittney Griner quitter sa colonie pénitentiaire sacs en main. Une gardienne lui demande en russe : « Pensez-vous revenir un jour ici ? »
Des images du FSB la montrent embarquer dans un avion sous la neige, puis assurer depuis la cabine être « heureuse », précisant qu’elle ne savait pas où elle était menée.
Aux États-Unis, l’épouse de la basketteuse, Cherelle Griner s’est dite « submergée par les émotions ». « Pas un jour lors de ces 10 derniers mois sans que nous ayons porté Brittney Griner dans nos cœurs et nos pensées », a déclaré la commissaire de la ligue professionnelle américaine de basket féminin (WNBA), Cathy Engelbert, qui a également laissé entendre que la basketteuse atterrirait au Texas.
L’Arabie saoudite a également participé à la procédure d’échange, selon un communiqué conjoint avec les Émirats arabes unis, précisant que « la médiation a été menée » par le président des Émirats Mohammed ben Zayed et par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Joe Biden a remercié Abu Dhabi mais la Maison Blanche a tout de même nuancé son rôle ainsi que celui de l’Arabie saoudite. « Les seuls pays ayant participé aux négociations sont les États-Unis et la Russie », a déclaré la porte-parole de l’exécutif américain Karine Jean-Pierre.
D’autres échanges de prisonniers « possibles »
Un haut responsable américain a affirmé que la discussion avec Moscou était restée focalisée sur la libération de Brittney Griner, et les États-Unis l’ont fait savoir à l’Ukraine ainsi qu’à d’autres alliés.
Le Kremlin a souligné de son côté vendredi que les négociations « concernaient uniquement l’échange » et ne mettaient pas fin à la « crise » entre les deux pays, dont les relations sont « toujours dans un état déplorable ».
Un autre Américain détenu en Russie, l’ancien militaire Paul Whelan, n’a pas été inclus dans l’échange. « Même si nous avons échoué à obtenir la libération de Paul, nous n’abandonnerons jamais », a assuré Joe Biden. Dans un appel avec la chaîne CNN depuis sa colonie pénitentiaire de Russie, Paul Whelan s’est dit « fortement déçu ». « Je ne comprends pas pourquoi je suis toujours là », a-t-il déclaré.
Dans un communiqué, sa famille s’est dite « heureuse » pour Brittney Griner mais « toujours dévastée » de savoir Paul Whelan dans une prison russe. Arrêté en décembre 2018 en Russie, il a été condamné à seize ans de prison pour « espionnage », une condamnation qu’il a dénoncée comme fabriquée de toutes pièces.
Au lendemain de la libération de la basketteuse américaine, le président russe a toutefois indiqué que d’autres échanges de prisonniers entre Moscou et Washington étaient « possibles ».
« Les contacts se poursuivent au niveau des services de renseignement, ils n’avaient jamais cessé. Est-ce que d’autres (échanges) sont possibles ? Oui, tout est possible », a déclaré Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse en marge d’un sommet régional à Bichkek, la capitale du Kirghizstan.
Dix mois d’emprisonnement
Brittney Griner, sportive afro-américaine de 32 ans et double championne olympique, a été arrêtée en février dans un aéroport de Moscou avec une vapoteuse et du liquide contenant du cannabis, un produit interdit en Russie.
Elle avait été engagée par l’équipe russe d’Ekaterinbourg, pendant l’intersaison américaine, une pratique courante. En août, elle avait été condamnée à une peine de neuf ans d’emprisonnement puis, après le rejet de son appel, avait été transférée en novembre dans une colonie pénitentiaire dans le centre de la Russie.
Ses soutiens ont toujours dénoncé une prise d’otage pour marchander avec Washington en plein conflit en Ukraine. Le nom de Viktor Bout avait été évoqué dès l’été. Célèbre trafiquant d’armes russe, arrêté en Thaïlande en 2008, il avait été condamné à une peine de 25 ans de prison aux États-Unis.
Viktor Bout a atterri jeudi en Russie, selon une chaîne de télévision publique russe. Dans une interview au média russe RT vendredi, cet ancien officier soviétique a accusé l’Occident de vouloir « détruire » et « diviser » la Russie. Surnommé le « marchand de mort », son parcours hors du commun a servi d’inspiration au film « Lord of War » avec Nicolas Cage.
Américains et Russes s’accusent mutuellement de détenir leurs ressortissants respectifs à des fins politiques. Plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu par le passé.
France 24