Tchad: à Moundou, les acteurs locaux interpellent la mission de paix sur le 20 octobre
Au Tchad, la mission de paix dépêchée à l’intérieur du pays par le gouvernement après les violences qui ont fait 50 morts et des centaines de blessés le 20 octobre, se poursuit. Elle quitte Moundou ce lundi après 72 heures passées sur place.
La mission a été conduite par le ministre d’État à l’Agriculture, Laoukein Médard, accompagné par le ministre des Hydrocarbures et de l’Énergie, Djerassem Le Bemadjiel. Elle a organisé des rencontres avec différents acteurs de la vie sociale à Moundou, notamment les syndicats, les chefs coutumiers et religieux de la ville, sans oublier l’armée.
Toutes les rencontres ont donné lieu à des échanges francs et directs, comme ce fut le cas avec les leaders des confessions religieuses. L’évêque de Moundou a été particulièrement virulent.
Face à la délégation gouvernementale, Joachim Kouraleyo Tarounga, en soutane noire, a pris la parole et a dit ce qu’il avait sur le cœur :
Je dois vous dire, et sans ambages, que vous êtes comptables pour le ballet diplomatique. Toutes les missions de propagande, comme celle que vous conduisez aujourd’hui, n’ont qu’un seul objectif : couvrir le crime commis le 20 octobre 2022 », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Vous êtes venus dire aux gens d’accepter de vivre ensemble, les gens ne se sont pas battus entre eux, les gens n’ont pas besoin d’être réconciliés par vous. Manifester ne peut pas être égal à être tué.
Les deux ministres l’ont écouté, mais n’ont pas répondu. C’est le gouverneur de la province de Logone Occidental, Ibrahim Ibni Mahamat Saleh, qui s’en est chargé : Vraiment, je recommande aux leaders religieux que vous êtes d’utiliser toujours la sagesse et de contenir votre colère parce que si vous, vous vous mettez en colère, la situation ne peut qu’empirer. Maintenant, pour panser les plaies, apaiser les cœurs et les esprits, nous devons vraiment véhiculer des messages de paix pour que les gens reviennent à de meilleurs sentiments.
Ce lundi 31 octobre, la délégation du gouvernement doit se rendre à l’hôpital au chevet des blessés.
Rfi