La Corée du Sud : Le pays entame un deuil national après les morts de la bousculade à Séoul
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a annoncé dimanche une période de deuil national après la bousculade meurtrière qui a fait plus de 150 morts samedi dans une ruelle du quartier d’Itaewon à Séoul, pendant les célébrations de la fête d’Halloween. Déplorant « une tragédie et un désastre », le président a promis à ses compatriotes une enquête « rigoureuse ».
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a promis, dimanche 30 octobre, une enquête « rigoureuse » sur la bousculade qui a fait au moins 153 morts la veille au soir dans le centre de Séoul, où des dizaines de milliers de fêtards, pour la plupart très jeunes, célébraient Halloween pour la première fois après la pandémie.
Déplorant « une tragédie et un désastre qui ne devraient pas s’être produits », le président a promis que son gouvernement enquêterait « rigoureusement » pour déterminer les causes de la catastrophe, une des plus graves de l’histoire récente de la Corée du Sud, et s’assurer qu’elle « ne se reproduise plus ».
« J’ai le cœur lourd et il m’est difficile de contenir mon chagrin », a ajouté dans une adresse télévisée le chef de l’État, qui s’est rendu dimanche matin sur le lieu du drame, vêtu du blouson vert des secours d’urgence, et a décrété le deuil national.
L’accident s’est produit samedi vers 22 h 00 (13 h 00 GMT) près de l’hôtel Hamilton, situé sur une avenue principale entourée de ruelles en pente raide. Le mouvement de foule, dont on ignore pour le moment ce qui l’a déclenché, a fait au moins 153 morts, selon un dernier bilan fourni par les pompiers. Ils ont ajouté que la catastrophe avait fait 82 blessés, dont 19 graves.
Parmi les 19 étrangers tués figurent des personnes originaires d’Iran, de Russie, de Chine, d’Ouzbékistan et de Norvège, selon l’agence Yonhap. Un ressortissant français figure également parmi les victimes.
« C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de l’un de nos compatriotes lors du drame de Séoul, a indiqué dimanche dans un communiqué le Quai d’Orsay. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, via son centre de crise et de soutien et son ambassade à Séoul, est pleinement mobilisé pour accompagner et soutenir la famille de notre compatriote ».
Les autorités de Séoul ont par ailleurs fait état de 355 personnes manquantes tôt dimanche matin.
Corps alignés sur le trottoir sous des couvertures ou autres linceuls de fortune, massages cardiaques pratiqués dans la rue par des passants à la demande des pompiers débordés, personnes déguisées ou en tenue de soirée courant dans la panique : la nuit a viré au cauchemar à Itaewon, quartier situé près d’une ancienne base militaire américaine et connu pour son atmosphère cosmopolite, ses bars et ses lieux de fête en tout genre dans un dédale d’étroites ruelles.
« Mon ami m’a dit : il y a quelque chose de terrible qui se passe dehors », a raconté Jeon Ga-eul, 30 ans, qui buvait un verre dans un bar au moment du drame. « Je lui ai répondu : mais qu’est-ce que tu racontes? Je suis sorti pour voir, et j’ai vu des gens qui faisaient des massages cardio-respiratoires ».
Cette catastrophe est l’une des bousculades les plus meurtrières jamais survenues dans le monde et l’un des pires désastres civils dans l’histoire de la Corée du Sud, après le naufrage du ferry Sewol qui avait coûté la vie en 2014 à 304 personnes, dont de nombreux lycéens.
« Les gens étaient les uns sur les autres comme dans une tombe. Certains perdaient connaissance progressivement, d’autres étaient manifestement morts », a déclaré un témoin non-identifié à Yonhap.
Lee Beom-suk, un médecin qui a administré des premiers soins aux victimes, a décrit des scènes de chaos et d’horreur.
« Lorsque j’ai tenté pour la première fois de pratiquer un massage cardiaque, il y avait deux victimes allongées sur le trottoir. Mais peu après le nombre a explosé », a-t-il raconté à la chaîne de télévision YTN.
« De nombreux passants sont venus nous aider à pratiquer des massages cardiaques », a-t-il poursuivi. « C’est difficile à décrire avec des mots (…) Beaucoup de victimes avaient le visage pâle. Je ne pouvais pas prendre leur pouls ou contrôler leur respiration, et beaucoup d’entre elles avaient le nez en sang ».
Une vidéo partagée sur Twitter par une internaute déclarant s’être trouvée à Itaewon au moment du drame montre des centaines de personnes, beaucoup en tenue de cowboy, de pirate ou autres accoutrements, dans une rue bordée de bars. La scène, calme au départ, tourne brusquement à la confusion. Les passants sont poussés et tombent les uns sur les autres entre hurlements et panique. Une femme jure en anglais: « Oh mon Dieu! Oh mon Dieu! »
Première fête après le Covid
Environ 100 000 personnes, selon les estimations des médias, étaient venues à Itaewon pour cette fête de Halloween, la première à Séoul depuis le début de la pandémie de Covid-19.
« L’importance de la foule attendue à Itaewon n’était pas très différente des années précédentes, donc je pense que le personnel déployé l’a été à une échelle similaire à avant », a déclaré le ministre de l’Intérieur Lee Sang-min, ajoutant qu’un « nombre considérable » de policiers se trouvaient au même moment dans un autre quartier de la capitale pour encadrer une grosse manifestation.
De nombreux dirigeants internationaux ont fait part de leur consternation. « Nous pleurons avec le peuple de la République de Corée et adressons nos meilleurs vœux de prompt rétablissement à tous ceux qui ont été blessés », a déclaré dans un communiqué le président américain Joe Biden.
« Je suis terriblement choqué et profondément attristé » par cet accident « qui a pris trop de vies précieuses, y compris celles de jeunes gens qui avaient l’avenir devant eux », a déclaré pour sa part le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé « une pensée émue pour les habitants de Séoul et pour l’ensemble du peuple coréen ». « C’est un triste jour pour la Corée du Sud », a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz.
France 24