Libération des 46 soldats ivoiriens: La ‘‘prise d’otage’’ par la junte malienne mise à nue
C’est plus que clair ce que la junte au Mali est en train de faire. Une prise d’otage des 46 autres soldats ivoiriens en guise d’échanges avec la Côte d’Ivoire des anciens caciques du pouvoir déchu.
Les autorités maliennes de transition exigent que la Côte d’Ivoire extrade les personnalités politiques maliennes qui ont trouvé refuge à Abidjan, a révélé le confrère de Rfi. Qui ajoute que C’est une condition pour la libération des militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet dernier et toujours détenus. Vendredi soir, dans un communiqué de la présidence malienne, le colonel Assimi Goïta lie clairement les deux dossiers : pas de libération de soldats ivoiriens sans extradition des politiques maliens en « contrepartie », rapporte Rfi.
Dans sa déclaration officielle, le président malien de transition explique qu’il s’agit d’une simple « contrepartie », sans laquelle la libération des soldats ivoiriens ne serait pas une « solution durable » mais, au contraire, « une solution à sens unique ». On parle du fils de l’ancien président IBK, Karim Keïta, de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et de l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly, contre lesquels la justice malienne a lancé des mandats d’arrêt internationaux dans différents dossiers. Toutes ces personnalités ne résident pas de manière permanente à Abidjan et ne s’y trouvent d’ailleurs pas forcément actuellement, même si elles y séjournent régulièrement. En tout état de cause, Abidjan refuse clairement de se soumettre à ce qui est considéré comme du « chantage ».
Cette déclaration a fait réagir les autorités ivoiriennes. Selon une source proche de la présidence de Côte d’Ivoire, cette attitude des militaires maliens au pouvoir n’est autre qu’un chantage. « Nous considérons désormais qu’il s’agit d’une prise d’otage et d’un moyen de chantage », s’est insurgée cette source. Puis d’ajouter que : « Ils veulent faire payer au président Ouattara l’embargo décidé par la CEDEAO et l’UEMOA », se référant aux sanctions décidées par les organisations ouest-africaines et qui avaient frappé le Mali pendant six mois, entre janvier et juillet dernier, pour obtenir des engagements sur la tenue de futures élections.
La source citée estime que « ces deux questions ne peuvent pas être liées, c’est du règlement de compte ». Si la libération des trois soldates, la semaine dernière, était censée être « le début d’un processus », les propos tenus vendredi par le chef de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, tiennent du « changement de discours », indique ce haut responsable ivoirien. Qui a affirmé d’ailleurs que ce n’est pas la première fois qu’ils (les militaires au pouvoir au Mali) agissent de la sorte : « Ils avaient promis fin juillet de ne pas judiciariser » l’affaire. Mais à la mi-août, les soldats ivoiriens détenus étaient officiellement inculpés pour, notamment, « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Ils sont depuis dans l’attente de leur procès, fait-il savoir. Toutefois, il fait remarquer en ces termes : « Nous faisons la différence entre la junte au pouvoir et les Maliens, rassure cette source ivoirienne, pour le moment, nous privilégions l’apaisement. » Mais évidemment, la question est de savoir jusqu’à quand.
Abdel-Habib Dagnogo