Interview / Lutte contre la corruption, 49 soldats au Mali, détention de la Pdte de ACI/Diomandé Adama (Pdt ADDL) : « Je plaide pour Pulchérie Gbalet ….»
Le président de l’ADDL (Association pour la Défense de la Démocratie et des Libertés), Diomandé Adama, par ailleurs conseiller du ministre Zoro Bi Ballo, s’est prononcé sur l’actualité nationale et internationale. Et appelle à une prise de conscience générale.
Vous êtes dans un ministère qui fait la promotion de la bonne gouvernance. Mais ne croyez-vous pas que la bonne gouvernance passe aussi par le civisme ?Je fais allusion aux mesures prises par le Gouvernement concernant les chauffards. Pourquoi n’aviez-vous pas pensé à cela, et que vous inspire cette décision ?
La lutte contre l’incivisme et la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance est un travail de longue haleine et un travail d’éducation. La corruption est la gangrène de l’économie d’un pays. Et elle est en train de faire partie de l’ADN des Ivoiriens. Ils oublient que c’est un cancer pour toute la population. L’incivisme aussi est le frère jumeau de la corruption. On sait qu’on peut faillir sans crainte de représailles, car on peut corrompre. L’autre pan de la chose, c’est que les Ivoiriens pensent que l’impunité est la règle générale. D’où la création de ce ministère par le président de la République. Un ministère très sensible, qui doit avoir de la détermination, avec quelqu’un d’intègre à sa tête. Je suis donc heureux d’être aux côtés du ministre Zoro, pour l’aider dans ses actions de tous les jours. Pour revenir au permis de conduire, l’acquisition de ce sésame n’est pas faite dans les règles de l’art. Les permis de conduire sont presque achetés, et cela nous cause d’énormes dégâts, aux plans humain et économique. Je salue donc la détermination du président de la République et du gouvernement qui vise à combattre ce phénomène.
Je vous prends aux mots, vous avez dit que l’incivisme est une gangrène tout comme la corruption. En ce moment, il y a une affaire de disparition de 17.000 tonnes de gaz butane qui secoue la Petroci. La Direction générale de cette entreprise a produit un communiqué dans lequel elle a mandaté un cabinet d’audit pour faire la lumière.
A votre niveau, est-ce que vous envisagez faire vos propres enquêtes ?
D’après ce que le ministre m’a dit, notre ministère, lui, sort les affaires qu’il va lui-même chercher. Il y a un ministère de la justice, il y a un procureur de la République, il y a des enquêtes qui sont menées. Ces affaires-là ne tombent pas comme cela sur la table. Il y a un travail préalable qui est fait, et c’est cela le travail du ministère de la Promotion de la Bonne gouvernance, du Renforcement des capacités et de la Lutte contre la corruption.
Mais est-ce que vous-vous en êtes saisi ?
Je ne puis vous le dire (rires). Mais ce que je sais, vous avez sans doute eu écho, sinon participé à la création du SPACIA. Qui est une plateforme, un outil formidable de dénonciation de la corruption. Vous savez, il y a des Ivoiriens intègres partout, qui n’acceptent pas la corruption. C’est à eux que cette plateforme est destinée.
SPACIA, pour ceux qui ne connaissent pas, qu’est-ce que c’est ?
C’est une plateforme de dénonciation des actes de corruption et infractions assimilées dénommée SPACIA, mise en place le mercredi 13 avril 2022 à Abidjan, à l’issue du Conseil des ministres. Le SPACIA (Ndlr : Système de Prévention des Actes de Corruption et Infractions Assimilées) intègre un numéro vert et une plateforme informatique, avec pour missions de recueillir les dénonciations, les signalements ou alertes des cas de corruption et infractions assimilées, et de procéder à leur traitement.
Intéressons-nous maintenant à la situation des 49 soldats ivoiriens incarcérés au Mali. Pourquoi, selon vous, les négociations coincent ?
D’abord, il faut dénoncer les coups d’Etat. Assimi Goïta a fait un coup d’Etat inutile et nocif pour son pays et pour l’Afrique de l’ouest. Assimi Goïta a été un haut gradé du système IBK. Et dont tous les reproches faits à feu l’ancien Président IBK lui sont imputables. Il fait deux coups d’Etat pour remplacer un chef d’Etat démocratiquement élu, en prétextant qu’il a été incapable de juguler le terrorisme. Mais ce qui se passe aujourd’hui au Mali est pire que sous l’ère d’IBK. Et les Maliens doivent être raisonnables. Nous ne sommes plus dans un combat colonial. Nous sommes dans un combat de développement. En soixante ans, soixante-deux ans pour d’autres, nous avons formé des intellectuels qui peuvent développer l’Afrique. Notre priorité n’est pas un combat de colonisation contre la France. Nous ne cherchons plus des protecteurs parce que nous pouvons nous défendre nous-mêmes. L’exemple de la CEDEAO est là. Je veux dire par là que les Maliens ne doivent plus se laisser manipuler politiquement. Nous sommes un continent qui aspire au développement, et le Président Alassane Ouattara est en train de donner l’exemple dans notre sous-région ouest-africaine. On reproche au président de la République, à travers lui, à la Côte d’Ivoire, de ne pas soutenir un coup d’Etat inutile, c’est incompréhensible. Et moi je soutiens la position du président de la République, qui est une position courageuse et qui protège la population vulnérable malienne. Cela se remarque dans les sanctions prises par la CEDEAO, où les chefs d’Etat ont tout fait pour atténuer les conséquences sur la population. Il y a des politiciens qui ont fait de la récupération, et aujourd’hui, cela se retourne contre eux. Quel pays sérieux au monde, pendant sept rotations, n’a pas su que la Côte d’Ivoire a une coopération avec la Munisma pour sécuriser une partie du Mali.
Suite à cette affaire, la présidente de l’organisation ‘‘Alternative citoyenne ivoirienne’’ (Aci), Pulchérie Gbalet, a été arrêtée et déférée. Des mouvements de la société civile réclament sa mise en liberté. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Je suis moi-même défenseur des droits, et pour moi, la liberté est non négociable. Et je me bats pour cette liberté. Quand on se bat pour la liberté, il faut être juste. Je suis par ailleurs membre d’un parti politique. Ceux qui disent appartenir à la société civile, et qui ne font pas la politique, se foutent du monde. Moi, je n’ai pas besoin de masque, ni de cacher mes convictions. En se mettant au service de la junte et en s’associant à un parti dissout en Côte d’Ivoire – je veux parler de GPS – c’est une manière de mettre le feu à notre pays. Quelle est cette citoyenne, patriote, qui se déplace pour aller dénigrer son propre pays à un moment difficile, conflictuel, aux plans diplomatique et militaire, avec un pays voisin. Quelle est cette dame de la société civile qui prend parti pour un autre pays dans un conflit qui engage son propre pays. Elle rencontre des personnalités qui ne se cachent pas d’être des responsables de GPS au Mali. Et sachant très bien qu’un conseiller spécial de l’ex-Premier ministre est allé dénigrer et soutenir la position de la junte malienne. Mais ce que le président de la République défend, c’est la dignité de la Côte d’Ivoire, qui est plus importante qu’Alassane Ouattara lui-même. Donc ce n’est pas Pulchérie Gbalet qui va piétiner ces principes. Elle peut se cacher derrière les appellations Société civile et tout ça, mais avant d’être Société civile, elle est ivoirienne d’abord, et elle doit défendre la Côte d’Ivoire face à n’importe quelle situation. Quand elle revient du Mali, elle tient des propos inqualifiables. Elle dit que c’est le Mali qui a raison…, les Ivoiriens agressent les maliens en Côte d’Ivoire…
Pourtant il n’y a pas eu une seule agression de Maliens en Côte d’Ivoire. Qu’est-ce qu’elle veut ?
Je pense que cette dame a exagéré. Et les organisations de la Société civile qui la défendent, je pense qu’elles ne le font pas sur le fond. Par contre, Dr Boga Sacko, membre de la Société civile, avec qui j’ai de grandes divergences, a, lui, pris la peine d’aller au ministère de la Défense pour s’imprégner de ce dossier. C’est à sa sortie d’audience qu’il a fait un communiqué.
Pour vous, la justice doit donc suivre son cours ?
La justice doit poursuivre son cours. Par contre, ce qui me peine dans cette affaire, c’est qu’elle a atteint son but. Mettre le gouvernement dans l’embarras au plan international. Mais je pense que le gouvernement a montré que personne n’est au-dessus de la loi. Je salue le fait que le gouvernement a mis le holà. Mais comme elle ne pèse rien sur le plan de l’opinion publique, je plaide qu’on la sorte de la MACA et la mettre en résidence surveillée. Le fait de montrer qu’il y a une limite à ne pas franchir est une bonne chose. Le Président Alassane Ouattara défend la Côte d’Ivoire d’abord, au-delà des autres principes.
Le Rhdp est en pleine restructuration. Un nouveau Directeur Exécutif, un nouveau Secrétaire Exécutif, de nouveaux Secrétaires départementaux élus, une première en Côte d’Ivoire. Quelle lecture faites-vous de cette mutation qui se passe au sein de votre parti ?
J’étais à l’extérieur, mais je suis de retour depuis un moment dans mon pays. Je constate l’évolution de mon parti politique. Au-delà du parti politique, je vais dire que je suis d’abord ‘’Alassaniste’’. L’évolution démocratique au sein du Rhdp est un débat. Il faut pouvoir inculquer le débat démocratique au sein de nos partis politiques. Il faut pouvoir mettre dans l’ADN des partis politiques, notamment le Rhdp, le débat interne. La confrontation démocratique interne. Si dans un parti politique on arrive à soumettre au vote ceux qui veulent diriger ce parti, il n’y a pas plus démocratique que cela. Au départ, certains ont cru que c’était pour opposer les uns aux autres. Je vous donne l’exemple du ministre Zoro, dans la localité de qui il y a eu trois listes. Les gens avaient fait croire que les militants ne s’entendaient pas à Sinfra. Mais j’ai suivi ces élections de Sinfra, le ministre étant en mission. Ça été une élection propre. Et chacun des acteurs a compris que c’est ce qu’il faut. Si le ministre était intervenu pour trouver un consensus mou, celui qui allait être désigné serait fragilisé, et ça ne résout pas le problème du leadership. Car ce sont les militants de base qui ont décidé de celui qui les dirige, et c’est cela un parti démocratique.
En 2023, il y aura des élections. Quelles sont les forces du Rhdp face à une opposition qui, tant bien que mal, essaie de s’organiser ? Et que répondez-vous à des militants de cette opposition qui disent que ‘‘le Rhdp compte sur le découpage électoral pour pouvoir remporter ces élections’’ ?
L’opposition joue son rôle d’opposant. Ce sont des exercices que moi j’aime bien, à partir du moment où on reste dans le débat et le jeu politique. Un découpage n’arrange jamais un parti politique. Le découpage est fait, c’est la capacité de votre parti à pénétrer ce cercle découpé qui fait votre force. On réunit ses forces au sein de là où on est. Le Rhdp a cette capacité. Le Rhdp est devenu un parti national. Le président de la République, président du Rhdp, a consolidé un parti national. Et c’est ce qui fait peur à l’opposition, notamment le camp Gbagbo PPA-CI. J’étais en Europe quand on a dit que Gbagbo rentrait. A l’époque, j’avais dit que c’était un épiphénomène. Mais je m’en félicite. Le constat de tous les Ivoiriens aujourd’hui est le même. C’est ça la force politique du président de la République, il ne fait pas de déclaration, mais ses actes parlent en sa faveur. Et le travail d’Alassane Ouattara est sa propre communication.
Dans le même élan, il y a Koné Tehfour, pro-Soro, qui disait dans une déclaration que ‘‘la seule politique du Rhdp, c’est la division’’. Votre commentaire ?
Koné Tehfour ne pèse rien lui non plus. Il n’a que sa parole et le mensonge. Il a dit qu’on lui aurait proposé des milliards de francs pour ne pas être candidat à Abobo. Je ne sais pas qui va aller gaspiller des milliards pour le dissuader d’être candidat. Vous savez, le Rhdp a compris que le mode de fonctionnement de ces gens-là, c’est la provocation. Avant oui, mais maintenant, on ne leur répond même plus, et je crois que c’est la meilleure réponse. Les personnes les plus intelligentes dans leur camp ont compris qu’il ne fallait plus continuer dans ce sens, et sont soit revenues au Rhdp, soit sont neutres. Ceux qui continuent à mentir et qui travaillent contre leur pays, les Ivoiriens les jugeront. Comparaison n’est pas raison, mais voyez aujourd’hui le camp de Blé Goudé et celui de Soro. Je ne soutiens pas Blé Goudé, mais le constat de la vérité est que Blé Goudé est politiquement plus mature que Guillaume Soro. Ses déclarations, même si je ne les partage pas, donnent à réfléchir. Il fait son mea culpa. Et il veut rentrer dans le jeu démocratique de son pays. Il n’est pas revanchard, il se bat pour se faire une place. Le combat politique, ce n’est pas de dire j’ai droit à ceci, j’ai fait cela. Quand on mène une action politique, on le fait par conviction. Au sein d’un parti politique, il peut avoir des ambitions personnelles. Qu’ils s’assument, ceux qui empruntent les voies tortueuses. Mais on ne les laissera pas mettre le désordre en Côte d’Ivoire.
A l’occasion de son discours à la nation, le 6 août dernier, le président de la République a fait plusieurs annonces dont l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires et agents de l’Etat, là où on crie à la crise économique. Quelle explication ?
C’est le miracle d’Alassane Ouattara ça ! Alassane Ouattara n’est pas dans l’émotion. Il est dans le travail. Et ce qu’il a fait est le fruit d’un travail. Depuis qu’il a pris la tête de la Côte d’Ivoire, le pays n’est jamais tombé en récession. Tous ces travaux qui couvrent notre pays, aujourd’hui, ont été bien planifiés. Souvenez-vous, au début de sa mandature, les gens disaient que l’argent ne circule pas. Il a répondu pour dire que l’argent travaille. C’est parce que l’argent a travaillé que la Côte d’Ivoire est le seul pays au monde à faire une évolution salariale au bon moment. Même si ça ne se limite qu’aux fonctionnaires et agents de l’Etat, la Côte d’Ivoire crée ainsi les conditions même pour le privé, pour qu’il suive cet exemple. C’est parce que le Président a su fructifier l’argent du contribuable. J’ai été heureux de voir les syndicats annoncer une trêve. Rares sont les pays au monde qui ont ça. Le Président Alassane Ouattara est l’exemple même des Africains qui veulent rentrer dans le monde moderne.
Alors que vous parlez de résultat du travail bien fait, le sénateur Jean-Baptiste Pany, lui, bat en brèche votre thèse, affirmant, au sujet de la dette souveraine, que la Côte d’Ivoire va droit dans le mur…
Il y a des économistes comme ça, qui sont contre le franc CFA, qui sont panafricains et souverainistes. Dans ce cas, l’Amérique va disparaitre. La France aussi. Parce que la Côte d’Ivoire est l’un des pays au monde qui surveille sa dette. Aujourd’hui, la dette de la France est plus élevée que les acquis qu’ils ont. Mais c’est une question d’intelligence. Revenons au plan individuel. Qui se lève aujourd’hui aller acheter sa voiture en cash ? Il n’y en a pas beaucoup. Quand on sait gérer ce qu’on a, on prend le crédit en fonction de sa capacité de gestion. Ceux qui nous font les prêts savent que la Côte d’Ivoire est en mesure de rembourser la dette qu’elle contracte. Mais ces économistes souverainistes, on ne les entend plus, car la zone Umoa, en Afrique de l’ouest, est la plus stable économiquement, avec le franc CFA. Prenons l’exemple même de la Côte d’Ivoire qui, à un moment difficile, le président de la République a fait des augmentations salariales. C’est cela un chef d’Etat visionnaire. La dette peut durer 10 ans, 20 ans ou 30 ans, mais avez-vous déjà vu des huissiers venir saisir les biens d’un pays ou fermer ses activités ? Il faut savoir utiliser l’argent qu’on te donne. C’est pour cela que nous souhaitons la continuité de la politique du Président Alassane Ouattara dans la stabilité. Les Ivoiriens ont compris que c’est dans la stabilité et la continuité que la Côte d’ivoire restera le pays phare de la sous-région.
Au terme de notre interview, quel est votre mot de fin ?
Nous traversons des moments difficiles avec le djihadisme, doublé en cela avec des relations complexes avec notre voisin, le Mali. Je salue la modération du président de la République dans cette crise. Je salue la discipline et le sang-froid des Ivoiriens qui ont écouté le chef de l’Etat. Ce qui importe les Ivoiriens, c’est la paix dans la sous-région, parce que nous incarnons réellement l’intégration africaine. Et c’est un acquis que nous devons préserver. Les Maliens le savent, ils ont intérêt à garder cette paix et cette fraternité avec la Côte d’Ivoire. Ç’aurait été un autre président, avec l’agitation des putschistes, nous en serions à un stade regrettable de nos relations. C’est une fierté pour moi d’être partisan d’Alassane Ouattara.
Réalisée par Aymar Dedi