Libération des 49 soldats ivoiriens : Des artistes et Associations de la société civile donnent de la voix
Ils sont à bout de patience et se disent agacés par cette détention illégale des 49 soldats ivoiriens, à l’école de Gendarmerie de Bamako. Eux, ce sont des artistes et associations de la société civile, avec leur tête l’artiste-comédien Kouya Gnepa alias Gbi de fer et Diomandé Vassiki de la société civile.
Ces artistes et membres de la société civile ivoirienne ont exprimé leur mécontentement quant à cette situation qui n’a que trop duré, et cela par une mise en garde des autorités maliennes de la transition. Le mercredi 03 août, à la maison de presse, à Abidjan-Plateau, au cours d’une conférence de presse qu’ils ont co-animée, ils ont appelé la junte au pouvoir au Mali, à libérer dans conditions et dans les plus brefs délais, les 49 soldats Ivoiriens injustement détenus. C’est donc sans langue de bois que l’humoriste Kouya Gnepa alias Gbi de fer, président de l’ONG Vivre Ensemble, par ailleurs, ambassadeur pour la paix de l’OIF et Diomandé Vassiki, président de l’ONG Consensus national des jeunes pour la paix et le développement (Conjeped), se sont opposés vivement à l’arrestation des soldats ivoiriens. Appelant le Col Assimi Goïta à revoir sa copie en ce qui concerne la détérioration des rapports de bon voisinage. Ces deux conférenciers ont déploré le fait que la voie diplomatique évoquée par les autorités maliennes se trouve être encore sabordée par ces mêmes autorités.
« De la manière dont cette affaire est en train de se dérouler, ça met mal à l’aise les Maliens et les Ivoiriens. Nous sommes gênés parce que nous sommes tous des frères et des amis condamnés à vivre ensemble. Les trois quarts de dossiers ne rendent pas service au Mali. Pour le temps qu’il a fait au pouvoir depuis 10 ans, c’est vrai que nous n’avons pas la chance de travailler avec le Président Alassane Ouattara, mais avec les actions qu’il mène, on commence à le connaître. Il faut qu’on soit honnête. Le Mali parle des mercenaires qui ont quitté la Côte d’Ivoire pour attaquer le pouvoir au Mali. Soyons honnêtes. Ouattara peut attaquer le Mali en prenant 49 soldats ivoiriens ? Au début, nous tous, on hésitait. On se demandait si c’est vrai ou c’est faux », a déploré le président de l’ONG Vivre Ensemble. Puis de poursuivre en ces termes: « Mais, les négociations qui ont eu lieu à Lomé, on demande de remettre le fils d’IBK, l’ancien premier ministre et que la Côte d’Ivoire plaide pour que la BCEAO débloque des fonds pour le Mali. Depuis que moi, j’ai vu ça, j’ai compris que c’est du chantage. Il n’est pas question de mercenaires. C’est une prise d’otage qu’on fait contre les soldats ivoiriens pour que le Président Ouattara puisse peser de tout son poids, pour qu’on débloque des fonds pour eux. Nous demandons simplement aux autorités du Mali de libérer les 49 personnes sans condition. Libérez nos soldats, c’est dans les propres intérêts du Mali. Je sais de quoi je parle ». « Qu’ils comprennent que la Côte d’Ivoire n’est pas un État voyou. Mais je dis que les Ivoiriens sont des gens responsables », a-t-il rappelé.
Toutefois Gbi de fer s’est indigné du fait que que depuis le déclenchement de cette crise, certains cyberactivistes ivoiriens sont les premiers à annoncer les couleurs, avant les déclarations des locataires du palais du mont koulouba. « Ce que je dis et que je vois, c’est que depuis qu’ils ont été interpellés, arrêtés au Mali, je n’ai pas encore vu une réaction spontanée vigoureuse de nos politiques et de nos opposants ici. C’est ce que moi, je n’ai pas senti. Mais dire qu’il y a une manipulation de leur part, ça, je ne peux pas l’affirmer, ni l’infirmer, je ne sais pas. Aux opposants du pouvoir, même si on peut faire la politique, mais il ne faut pas la faire sans intelligence. Nous regardons l’opposition. Il ne faut pas qu’à chaque fois qu’ils nous disent de voter pour eux et que nous avons des problèmes, ils ne peuvent pas nous aider », dénonce-t-il.
Boycott des artistes maliens
Même Gbi de Fer et Vassiki Diomandé se sont insurgés contre le mutisme de certaines célébrités de la musique malienne dans cette affaire, ils ont appelé à ne pas boycotter ces artistes qui doivent se produire bientôt en Côte d’Ivoire. « Les artistes maliens sont des artistes, et ils ont leur concert ici. Personne n’a le droit de boycotter ces concerts-là. Ce sont nos collègues, ils viennent au travail. C’est un problème politique entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Les autorités du Mali, ayant le dos au mur, cherchent des portes de sortie pour créer d’autres problèmes, pour que la Côte d’Ivoire puisse trouver la solution à leurs problèmes. Je demande à tous les Ivoiriens d’éviter de boycotter les spectacles des Maliens », ont-ils lancé. Puis de rassurer qu’ils iront assister aux concerts des artistes maliens en Côte d’Ivoire. Car ce sont des frères.
Des actions sur le terrain
Nonobstant, ces artistes et membres de la société civile, ont fait savoir qu’ils sont à bout de patience. Et si rien n’est, des actions concrètes seront menées après le 07 août 2022, jour de la fête nationale à Yamoussoukro. Selon Diomandé Vassiki, président de l’ONG Conjeped, si les 49 soldats ne sont pas libérés d’ici-là, des séries d’actions seront mises en œuvre sur l’ensemble du territoire national. « J’ai dit que ça bouillonne dans les différents quartiers. Nous, en tant qu’acteurs de la société civile, je peux vous dire effectivement, que si rien n’est fait, vous allez voir les actions que nous allons mener. Je préfère taire ces actions », menace le leader de l’organisation de la société civile. Pour lui, même si l’appel au calme du Gouvernement a été entendu par les populations, Diomandé Vassiki a estimé que « nos compatriotes sont illégalement détenus à Bamako » depuis une vingtaine de jours. « Nous sommes dans les quartiers et villes. Nous pouvons voir comment nos populations ne sont pas contentes de cette situation. Nous faisons tout pour contenir, mais si ça déborde, n’attendons pas demain pour dire que les autorités n’ont rien fait. Cette situation exacerbe les populations. Trop c’est trop », prévient l’activiste.
Abdel-Habib Dagnogo