Rhdp, Elections de 2023, Rapports avec sa suppléante, Réconciliation nationale…./Jacques Assahoré se vide : « Depuis 1960, c’est la première fois que cette région vote pour un parti autre que le PDCI »
Dans cet entretien, Jacques Assahoré Konan, député RHDP de Botro, par ailleurs délégué départemental de la zone, fait le grand déballage. Il parle, sans réserve, de tous les sujets de l’heure.
Vous êtes le Délégué départemental du Rhdp à Botro qui comprend les sous-préfectures de Botro, Diabo, Languibonou et Krofoinsou).Comment se porte le parti dans votre zone ?
L’implantation d’un parti comme le RHDP, dans une zone traditionnellement acquise à l’opposition (PDCI), n’est pas une chose aisée, après les crises que le pays a connues, la séparation douloureuse entre le PDCI et le RHDP et les intoxications qui ont suivi. Mais Dieu merci, nous sommes aujourd’hui loin de la période où nos militants étaient obligés de se cacher. Cela, grâce aux actions de développement posées par le Président Alassane Ouattara dans notre zone, et que nous essayons de relayer sur le terrain. Ce qui nous a valu d’être, d’ailleurs, un des rares cadres RHDP élus du Grand centre. On peut donc dire que le RHDP se porte bien dans la délégation politique de Botro. Je voudrais profiter de cette question pour remercier mes parents qui, petit à petit, commencent à comprendre que la politique du Président Alassane vise à leur apporter le bien-être qui leur faisait défaut depuis longtemps. Mais je voudrais surtout saluer les pionniers du RDR qui, dans un environnement particulièrement hostile à l’époque, ont bravé vents et marées pour construire les bases du parti que nous essayons d’élargir aujourd’hui. Je veux citer, au risque d’en oublier, les doyens Adama Fanny, N’guessan Laurent, Touré Thobin, Yao Maxime, mon aîné Kouadio Yao, Nouhoun Traoré, Mme Touré, Mme Ana Véronique, le jeune Ferdinand dit PH, et j’en passe.
Récemment, se sont tenu les élections des secrétaires départementaux. L’élection de Watchard Kédjébo, dit-on, découle d’un consensus. Pouvez-vous nous éclairer sur les raisons qui ont motivé le choix de sa personne ?
Monsieur Kouassi Ferdinand dit Watchard Kédjébo est un militant bien connu du RHDP de notre délégation politique. Un des objectifs de la restructuration du parti étant une meilleure implantation du Parti, j’ai pensé qu’il était souhaitable de bénéficier de la fougue et de la générosité dans l’effort de mon jeune frère, pour m’aider à accomplir au mieux cette mission. Je n’ai pas voulu que ma suppléante qui siège déjà pour mon compte à l’Assemblée nationale, ni moi-même, secrétaire national en charge des points focaux ne postulions, pour des raisons évidentes de juste répartition des postes. L’avenir nous dira si nous avons eu raison ou tort.
La vie du Rhdp dans le V baoulé n’est pas un fleuve tranquille, et votre localité n’y échappe pas. L’on se rappelle l’histoire de machines incendiées. Avec un peu de recul, que s’est-il vraiment passé, et quelles sont les réelles récriminations des populations ou, du moins, des auteurs de cet acte ?
Vous êtes journaliste professionnel, et vous savez que l’affaire de l’engin incendié est une affaire montée de toute pièce pour tirer soi-même des dividendes, et faire croire que le peuple Gblo n’aime pas le Président Alassane Ouattara, et que le travail qui est fait jusque-là par mon équipe sur le terrain n’apporte pas de résultats. Je ne sais pas si vous êtes allés sur le site de l’incident. Une machine affectée aux travaux, et en panne depuis 6 mois, est garée sur le bas-côté de la route en construction. Cette machine a été remplacée par une nouvelle machine fonctionnelle, celle-là garée dans le même périmètre. Et c’est la machine en panne que moi Assahoré ou mes parents seraient allés incendier. Il faut qu’on prête un peu d’intelligence à mes parents. Si tant est qu’ils sont foncièrement contre les travaux en cours, pourquoi brûler la machine en panne depuis plus de 6 mois et non celle qui est opérationnelle au moment où le chantier tire à sa fin ? Ceux qui ont rué dans les brancards à l’occasion de ce malheureux acte de vandalisme ne connaissent pas le pacifisme du peuple Gblo. Qu’il vous souvienne que ce peuple est le seul du Grand centre Baoulé à avoir donné un député au RHDP. Souvenez-vous également que depuis 1960, c’est la première fois que cette région vote pour un parti autre que le PDCI. Avec cette élection, nous pensions avoir ouvert une brèche dans la muraille du PDCI. Alors au lieu de s’en servir pour élargir la fente, on cherche à nous combattre et à nous déstabiliser. Pourquoi ? Pour des intérêts de positionnement personnel. Les intérêts du parti importent peu. L’implantation du RHDP dans le V Baoulé, ça viendra après, pourvu qu’on soit ceci ou cela. C’est dommage.
Transfuge du PDCI, vous faites face non pas à une fronde, mais à une suspicion de la part de certains militants de longue date du RDR, qui estiment avoir plus de légitimité à agir que vous. Le cas Rébecca Yao, qui vous rue dans les brancards quand elle a l’occasion, est suffisamment éloquent. Qu’en dites-vous ?
Vous savez, le tube de l’été qui marche bien en ce moment, c’est de dire telle personne ou tel transfuge n’est pas un vrai RHDP, il n’est pas clair. Et à coup d’articles sur les réseaux sociaux que certains financent ou avec quelques personnes téléguidées qui ont envie d’exister, on dit une chose et son contraire sur vous. Moi j’ai été nommé à la tête de la délégation départementale de Botro pour recruter des militants RHDP, en majorité Baoulé. On m’a appris que quand on vous confie une mission ou une responsabilité, vous faites d’abord l’état des lieux et vous mettez en place une stratégie pour atteindre le ou les objectifs qu’on vous a assignés. Je ne suis pas dans le confort d’une zone où j’ai des militants captifs (ce n’est pas péjoratif), je veux dire des militants déjà acquis à la cause du RHDP), mais dans une zone où la population était à plus de 90% PDCI. Mes nouveaux militants, je dois aller les chercher où? C’est soit dans les nouveaux majeurs qui n’ont pas encore adhéré à un parti, soit dans les militants du PDCI, majoritaires dans la région. Et comment? Par le contact, la discussion, la sympathie qu’on crée, par l’image du parti que l’on véhicule. Alors dès qu’on vous voit avec un militant PDCI, c’est de dire il n’a pas abandonné ses anciennes fréquentations, il n’est pas sincère, il est plus avec les militants du PDCI que les militants du RHDP, et tuti et quanti. Je suis désolé, mais si le parti avait souhaité que je vienne seulement entretenir la base des militants que j’ai trouvés, il n’avait pas besoin de nommer un délégué départemental. Il aurait pu le faire d’Abidjan. Alors ma sincérité au RHDP, c’est au résultat qu’il faut juger. Arrêtons de chanter ce tube qui divise et catégorise les militants du parti. Le RHDP est un parti de rassemblement qui est dans sa phase d’implantation, et on devra accepter de voir des militants qui arrivent d’autres partis.
Actuellement, pour donner de l’eau au moulin de Rébecca Yao et vous donner du grain à moudre, votre propre suppléante appelle à voter pour le PDCI aux élections locales dans la zone. Vous sentez-vous trahi ? N’est-ce pas là un cinglant désaveu ?
C’est un incident regrettable, et une erreur politique grave que j’ai d’ailleurs condamnée, et dont je me suis immédiatement désolidarisé. Vous savez, le choix de ma suppléante Dorothée Koffi répond à mon approche d’élargissement de la base des militants que j’évoquais à l’instant. Elle était première responsable des femmes PDCI à l’époque, et avait souhaité nous rejoindre au RHDP. Je lui ai demandé de faire sa déclaration d’adhésion, et voyant les stratégies adverses qui se mettaient en place à l’approche des élections législatives, j’ai fait d’elle ma colistière. La stratégie vaut ce qu’elle vaut, mais la vérité, c’est que le RHDP a gagné les élections dans une zone traditionnellement acquise au PDCI avec plus de 67% des voix. Ce qui est arrivé est malheureux, et à la suite des discussions que nous avons eues, je puis vous assurer qu’un tel dérapage ne se reproduira plus jamais, et que Dorothée Koffi va encore plus s’engager dans la conquête des militants pour le RHDP.
Au-delà du Gblo, sur le plan national, il souffle comme un vent de détente politique sur la Côte d’Ivoire. Y croyez-vous fermement ? Et pourquoi ?
J’y crois fermement parce que le Président Alassane Ouattara a toujours été un homme d’ouverture, de consensus et de paix. Je rappelle que si cette dernière rencontre entre les trois grands de la politique ivoirienne à été possible, c’est grâce à sa volonté personnelle. De plus le président de la République a une vision pour la Côte d’Ivoire. Remarquez que les 10 premières années de son mandat, qui se sont passées dans la paix et la Cohésion, ont permis à notre pays de faire un bond qualitatif au plan social et économique. Il doit poursuivre et ne pas tenir compte de ceux qui n’ont rien à proposer, et dont la seule ambition, c’est d’accéder au pouvoir.
A un an des élections locales, comment entrevoyez-vous les chances du Rhdp dans votre zone ?
Nos chances sont grandes parce que nos parents, dans leur grande majorité, ont commencé à comprendre qu’en politique, celui qu’on suit, c’est celui qui t’apporte le bien-être, qui t’apporte le développement. Et ils n’hésitent pas à faire le pas. Je fonde aussi un réel espoir sur la jeune génération de nouveaux majeurs, qui n’est pas ans le fétichisme des partis politiques, pour conquérir les postes en jeu. Mais cela passe par la mise en veilleuse de nos ambitions personnelles au profit des intérêts du parti ; cela passe par l’arrêt des manipulations pour des questions d’hégémonie ou de leadership ; cela passe par le travail quotidien sur le terrain et non par des présences sur les réseaux sociaux. Vous savez, la sanction ou la récompense du travail que nous faisons nous vient de deux personnes : le président du parti dont la source d’appréciation n’est pas forcément les réseaux sociaux et les électeurs qui, pour la plupart, ne savent pas lire et qui nous jugent par nos actes sur le terrain.
Quel message avez-vous à lancer à l’endroit des populations de votre circonscription électorale ? Que doivent retenir les Ivoiriens ?
Je voudrais tout simplement remercier le peuple Gblo d’avoir vu juste et d’avoir vu vrai en confiant son destin au RHDP, parti de rassemblement et de développement du Président Alassane Ouattara. Je leur dis qu’ils ne se sont pas trompés, et qu’ils doivent le démontrer chaque jour, et spécialement lors des élections à venir.
Entretien réalisé par Vincent Boty