Presse imprimée / Situation économique et sociale précaire : L’ANP fait un plaidoyer pour un « Plan Marshal »
Face à l’agonie dans laquelle elle est plongée depuis plusieurs années, la presse en général, la presse imprimée, de façon particulière, a aujourd’hui et plus que jamais, besoin de décisions fortes pour définitivement sortir de l’ornière. C’est ce qu’a fait ressortir le président de l’Autorité nationale la presse (ANP), Samba Koné, en marge de la cérémonie de l’édition 2022 du Grand Prix de la presse de la Côte d’Ivoire, organisé le jeudi 21 juillet, dans un grand réceptif hôtelier de Marcory.
Un tableau peu reluisant
Bien avant, il a dépeint le « sombre » tableau de ce secteur, à travers des « indicateurs significatifs » qui le caractérisent. En effet, quoique, en 2021, l’ANP ait recensé 117 entreprises régulièrement constituées dont 59 édictent, 69 journaux et 58 entreprises de presses à l’origine de 73 productions numériques ; et aussi que, ces entreprises de presse emploient en autres, plus de 300 journalistes professionnels sur les 655 détenteurs de la carte d’identité de journaliste professionnel ; soit environ, 50% de ces journalistes exercent dans la presse écrite, ce paysage, « en l’apparence dynamique, est à la vérité, traversé par différents courants de courants contraires », a fait savoir, si besoin en est encore, Samba Koné. De façon détaillée, le premier dirigeant de l’organe régulateur de la presse en Côte d’Ivoire a fait l’état des lieux. Ainsi, en 10 ans, de 2011 à 2021, le chiffre d’affaire de la presse a chuté de 82% ; passant ainsi de 5,4milliards en 2011, à moins d’un milliard en 2021. Une situation loin d’être reluisante mais qui a été, rappelons-le, « lourdement » accentuée par la maladie à coronavirus et ses effets. A cause de cette pandémie, la perte moyenne annuelle de vente pour les quotidiens est évaluée à 19% contrairement à 8%, auparavant. En outre, de nombreux titres ou quotidiens sont devenus pour certains, des hebdomadaires ou bihebdomadaires et parfois, paraissent occasionnellement. Le secteur du numérique, a encore reconnu l’orateur, n’est pas encore maitrisé.
Un Plan Marshal et ses implications
Même si ce décor n’est, dans l’ensemble pas spécifique à la Côte d’Ivoire, Samba Koné a plaidé pour un « véritable » plan Marshall en faveur de la presse. Il a fait la promesse que, un tel plan, interviendra, au terme « d’une concertation, d’un dialogue de vérité, sans faux fuyants, entre les différents acteurs que sont les éditeurs (les chefs d’entreprises), les distributeurs et les imprimeurs ». Dans ce cas de figure et pour davantage donner des gages d’assurance, l’ANP souligne que l’appui via ce plan, se fera « sous certaines conditions ». L’exemple de l’administration publique où l’on parle de « budget- programme », à travers lequel, les ordonnateurs ont à atteindre des objectifs et résultats bien précis a été évoqué et même proposé en vue du redressement du secteur de la presse.
Des encouragements en lieu et place de lauréats au Grand Prix de la presse2022
Dans un contexte actuel marqué par la déliquescence, le jury du Grand Prix de la presse de Côte d’Ivoire, version 2022 a décidé qu’il n’y ait pas de lauréats mais plutôt, « des prix d’encouragements ». Ce sont, la Société ivoirienne de la production de la Retraite Active (presse imprimée) et Alerte.info (presse numérique) qui sont repartis chacun avec, un ordinateur portable plus une connections internet, un diplôme, 1 million FCFA plus une formation à l’ISTC. Les critères de sélection et de présélection, rappelons-le pour la presse imprimée et numérique sont, notamment, la déclaration des journalistes et des professionnels de la communication à la CNPS ; la déclaration de l’entreprise à la CNPS et à l’inspection du travail ; la régularité de l’ours de publication ; ’état des sanctions de second degré de l’ANP infligées à la ou (aux) publications et l’état des interpellations. A côté de cela, il y a des critères managériaux dont, le dépôt des états financiers à la DGI ; la situation cotisant de l’entreprise de presse vis-à-vis de la CNPS ; le paiement des salaires, conformément à la convention. Il est revenu au Directeur de Cabinet du Ministre de la Communication et de l’Econome numérique, porte-parole du Gouvernement, Jean-Martial Adou de faire lecture du discours du Ministre Amadou Coulibaly qui est de la délégation qui accompagne le chef de l’Etat, en visite d’État en Afrique du Sud. Il a salué la quête et la promotion de l’excellence visées par les initiateurs. « Ce Grand Prix de la presse en Côte d’Ivoire devrait instituer une source d’émulation dans les entreprises et chez les professionnels » » perce que, « la reconnaissance du mérite est un impératif pour toute quête d’excellence et de gouvernance ambitieuse ». La cérémonie était placée sous le parrainage du Premier ministre, Patrick Achi.
Mathias Kouamé