« Secret de femme » ou l’engagement d’un jeune cinéaste contre l’excision
Il est très jeune mais a déjà plusieurs cordes à son arc. La trentaine, Franck-Olivier Gbégbé est scénariste, metteur en scène, cinéaste mais aussi écrivain. Dans le cadre de ses activités cinématographiques il a fait projeter samedi 16 juillet dernier à la salle évènementiel de la Cité Rouge, à Cocody, « Secret de Femme », sa toute dernière œuvre.
Tourné à Abidjan et à Elibu avec aussi bien de nouveaux talents et que par des acteurs confirmés, le film d’une durée de 1h15mn, met le doigt sur la pratique de mutilations génitales féminines ou excision et les conséquences sur les femmes qui en sont victimes. Le réalisateur est conscient que malgré tout, le sujet reste tabou, par endroits. Mais, « la particularité du film, on sensibilise par des images, par le visuel, le son. Et vu la trame touchante de notre film, les adeptes de la pratique de l’excision, après le film, doivent pouvoir se ressaisir », assure le réalisateur.
Il a aussi révélé que si « Secret de femme » a vu le jour, c’est justement grâce à, des femmes, antérieurement baignant dans la pratique de l’excision qui l’ont « discrètement » approché, au cours d’un séjour à l’intérieur du pays, pour les besoins d’une enquête en vue de sa prochaine œuvre romanesque. Ces femmes devenues chrétiennes, fait encore noter le jeune cinéaste, l’ont contacté pour que le phénomène soit dénoncé « dans les moindres détails ».
Une aubaine pour celui qui fait sien, les faits de société. Une deuxième saison du film est annoncée mais, en attendant, des séances publiques de projections pour davantage sensibiliser sont prévues, a indiqué Franck-Olivier Gbégbé. C’est d’ailleurs ce pourquoi, après l’avant-première du week-end passé, il y a aura des projections éclatées. Le promoteur sera aidé en cela par des ONG qui vont aussi se servir du film pour informer et éduquer sur les conséquences de l’excision.
Malheureusement, « l’ignorance emmène encore d’autres femmes à faire de cette pratique, le meilleur des passages pour devenir femme », a regretté Franck-Olivier Gbégbé. Sa démarche portant sur la sensibilisation autour du fléau de l’excision ne laisse pas indifférent. Puisque plusieurs structures, le Ministère de la Femme, de la Famille et de l’enfant (MFFE) en tête, étaient représentées lors de la première production. La Directrice du Programme national de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), Bessi Assiri Josiane a traduit tout le soutien de la Ministre Nasséneba Touré, la marraine, au réalisateur et au contenu de son œuvre. Compte tenu du fait que les chiffres concernant les cas de mutilations génitales féminines sont « alarmants », la Directrice du Programme national de lutte contre les VBG estime que cette initiative participe à la sensibilisation et donc, par extension, à la lutte pour faire reculer un phénomène, longtemps ancré dans nos us et coutumes.
Né à Kounahiri le 1er janvier 1992 et après le primaire dans sa localité de naissance, Franck-Olivier Gbégbé débarque en 2003 à Yamoussoukro pour le cycle secondaire. A Abidjan pour le cycle supérieur, il obtient un BTS en ressources humaines- communication. C’est partir de ce niveau d’étude que l’amour pour le cinéma va naître. Et pour être un peu plus outillé, il va opter pour une formation.
Par la suite, il devient l’assistant à la réalisation de la série, « Le destin de Teresa ». En 2016, il produit le film en wan, ethnie dont il est issu, « Le carnaval de Kounahiri » 1, 2 et 3. Puis. Un long métrage, «Alliance des peuples » diffusé pour première fois, le 3 novembre 2017. Puis, une série de vingt-six épisodes de, « Le destin de Koffi Aya ». Au niveau romanesque, on a pêle-mêle, « Les affres de la guerre », « Les enfants soldats », « Une vie à trois visages », « École Wan avec l’université mythique de Kouatta ».
Mathias Kouamé