Terrorisme et sécurité alimentaire en Afrique : Les dirigeants africains appelés à une synergie d’actions pour relever ces défis
Samedi 02 juillet 2022, s’est tenu un panel à l’Institut de formation politique Amadou Gon Coulibaly (IFP-AGC), autour du thème « l’Afrique face aux défis sécuritaires internationaux : la montée du terrorisme et la guerre russo-ukrainienne ». Organisé par le ministre Mamadou Touré, par ailleurs PCA de l’IFP-AGC, ce panel s’inscrivait dans le cadre des activités commémoratives de l’an 2 du décès de feu le Premier ministre Amadou Gon. Ce fut l’occasion pour les panelistes Lionel Zinsou, ancien Premier ministre béninois ; Alpha Barry, ancien ministre burkinabé des Affaires étrangères et ; Ulysse Gosset, journaliste, éditorialiste politiques étrangères sur BFM TV, de donner des pistes de solutions pour une Afrique prospère, à tous les niveaux.
Ces différents intervenants, tous unanimes sur le fait que le terrorisme est d’ordre mondial, ont appelé au déploiement de plus de moyens pour arriver à bout de ce phénomène. Qui constitue aujourd’hui, une véritable gangrène pour les économies africaines et la sécurité alimentaire sur le continent. D’autant plus que « de 2013 à aujourd’hui, c’est l’Afrique », selon le journaliste Ulysse Gosset, « qui paie le plus lourd tribut de ces attentats terroristes ».Notamment, « dans le Sahel, au Mali, au Burkina et dans l’Est de l’Afrique… ». « La plupart des victimes sont des africains car le terrorisme se développe plus en Afrique », a-t-il indiqué. Pour lui, « la solution appartient aux Africains » et cela, à travers l’augmentation de « la croissance économique, le développement des infrastructures socioéconomiques, de l’agriculture pour une meilleure sécurité alimentaires ».
« Il faut des moyens colossaux pour endiguer ce phénomène multi nationaliste qui n’a rien à avoir avec des question religieuses », a indiqué Lionel Zinsou. Tout comme lui, l’ancien ministre burkinabé des Affaires Etrangères, a reconnu qu’aujourd’hui, « plusieurs centaines de Km des territoires en Afrique de l’Ouest sont hors contrôles ». Rendant ainsi « les frontières sensibles ».
Selon Alpha Barry, c’est depuis le Nigéria, à Maiduguri capitale de l’Etat de Borno, que le terrorisme a pris ses racines avec le groupe ‘‘Boko Haram’’. Il a relevé que ce phénomène est « lié au trafic de la drogue, d’humain » et n’a rien à avoir avec « l’idéologie de l’islam mise en avant ».
Abordant la question de la crise russo-ukrainienne, les panelistes ont estimé que celle-ci ne devrait avoir aucun incident sur la sécurité alimentaire en Afrique. Puisque c’est le continent, selon l’ancien Premier ministre béninois, qui a une production agricole variée et très souvent excédentaire. Même si des questions d’ordre « pluviométriques, de quelques zones non côtières et de la montée du terrorisme qui spolie les populations des terres cultivables », sont à déplorer, l’Afrique ne devrait pas être dépendante vis-à-vis des pays de l’Europe. Elle doit pouvoir adapter sa politique alimentaire au regard de l’excédent et de la variété de production agricole.
« Nous avons une variété alimentaire qui peut endiguer le problème. L’Afrique est le seul continent à avoir un excédent alimentaire. Notre problème est endogène », a déploré Lionel Zinsou. A l’en croire, la sécurité alimentaire en Afrique ne sera possible que lorsque les dirigeants, en plus de la grande production, et variée, feront de la transformation de celle-ci une réalité. Puis d’ajouter que l’Afrique doit cesser d’être tributaire de la fixation des prix des matières premières agricoles qu’elle produit et exporte.
Abdel-Habib Dagnogo