Interview/A quelques jours de la fête de Tabaski, Dr Ouattara Nah, Directrice de la Production Animale rassure sur la disponibilité du bétail
« Les besoins estimés à environ 150 000 petits ruminants seront satisfaits… »
A quelques semaines de la célébration de l’Aïd El Kebir (fête de Tabaski), les musulmans de Côte d’Ivoire veulent s’offrir un mouton mais, à moindre coût. Dans un entretien accordé à ‘‘Le Mandat’’, Dr Ouattara Nah, Directrice de la Production Animale au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, s’est voulue, au nom du ministre Sidi Touré, rassurante sur la fourniture des marchés en bétail (moutons et bœufs). Estimé à environ 150 000 petits ruminants pour les besoins de cette Tabaski, les dispositions sont prises pour atteindre ces chiffres d’ici à la veille de la fête.
Le Mandat : A quelques semaines de la célébration de la fête de Tabaski, quel est l’état des lieux en ce qui concerne le cheptel ivoirien ? Dispose-t-on suffisamment de bêtes (moutons et bœufs) pour approvisionner le marché ?
Il faut noter qu’en terme de chiffre, la Côte d’Ivoire dispose de plus de 1 722 666 têtes de bovins; 2 182 087 têtes d’ovins et 3 323 704 têtes de caprins. La production nationale représente environ 12% de l’effectif global et couvre 35% de la demande nationale. Cette demande nationale en viande bovine, ovine et caprine est de 139 707 tonnes dont 26 000 tonnes représentant 120 000 bovins et 157 000 petits ruminants en provenance du Burkina, du Mali et du Niger. En ce qui concerne la Tabaski, les besoins sont estimés à environ 150 000 petits ruminants sur les 15 jours. A ce jour il n’y a pas un grand écart entre les chiffres de l’année dernière et ceux de cette année sur la même période. Nous rassurons donc la population qu’avec la disponibilité locale de bétail et l’évolution favorable continue des chiffres d’importations du bétail du Burkina Faso, du Ghana et du Niger, le marché sera suffisamment ravitaillé à l’occasion de la foire de la Tabaski 2022.
Récemment, une délégation du ministère était en mission au Niger pour participer à une réunion de haut niveau. En marge de celle-ci, la délégation a eu des échanges avec les acteurs des filières bovines et ovines. En quoi ont consisté ces échanges ? La Côte d’Ivoire pourrait-elle bénéficier de l’appui du Niger pour fournir son marché de bétail ?
La relation entre la Côte d’Ivoire et le Niger est historique et demeure d’excellente qualité. Elle touche divers domaines et secteurs économiques notamment le secteur agricole. Spécifiquement, le Niger constitue pour nous, un partenaire stratégique de longue date pour l’approvisionnement du marché ivoirien en bétail. Donc il était évident qu’on puisse, à veille de la foire de la tabaski, en marge de la réunion de haut niveau, aborder avec les autorités et acteurs nigériens en charge des ressources animales, la question des échanges commerciaux de bétail entre nos deux pays étant donné que notre département ministériel est en charge de Ressources animales. Malgré les contraintes sécuritaires liées au contexte de crises sociopolitiques et de terrorisme dans le sahel, le Niger nous a rassuré comme à l’accoutumé d’être au côté de la Côte d’Ivoire, pour lui apporter sa contribution en ce qui concerne l’approvisionnement de son marché en bétail.
Le Mali et le Burkina Faso sont les principaux fournisseurs de bétail à la Côte d’Ivoire. Quel est le niveau de collaboration actuelle avec ces deux pays, en la matière, vu que ces deux pays sont sous sanctions de la CEDEAO ?
Notre collaboration avec le Mali et le Burkina Faso est de longue date et demeure excellente en matière d’échanges commerciaux de bétail. Il faut souligner que les sanctions prises par la CEDEAO en l’encontre de ces deux pays frères exclus les échanges commerciaux des produits alimentaires dont le bétail. De fait la décision de suspension de l’importation de bétail vers la Côte d’Ivoire prise le 11 janvier 2022 par les acteurs de l’interprofession de la filière Bétail-Viande du Mali en réponse aux sanctions imposées par la CEDEAO contre le Mali, est unilatérale. Malgré cet état de fait, nous maintenons de bonne relation avec ce pays frère, les discussions et la réflexion se poursuivent pour sortir de cette situation. Par contre avec le Burkina Faso, le Traité d’Amitié et de Coopération (TAC) un cadre d’échange et réflexion formel qui se réunit chaque deux ans témoigne de la bonne santé des relations de nos deux peuples. Une délégation du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques s’y est rendue en février 2022 pour discuter avec ses autorités et acteurs en charge de la filière bétail et viande, dresser les difficultés qui entravent les échanges commerciaux de bétail entre nos deux pays et prendre des résolutions pour faciliter de ravitaillement de notre marché en bétail. Notre délégation est partie du Burkina Faso très rassurée et les chiffres d’approvisionnement de nos marchés en bétail en provenance de ce pays frère est preuve de la promesse tenue.
L’une des craintes des populations, c’est le coût élevé des bêtes à l’approche de la fête. Cela est souvent lié à l’insuffisance de bétail mais aussi, au fait que les commerçants font de la surenchère. Que fait le ministère pour alléger la tâche aux populations ?
De manière naturelle, le prix du marché est déterminé par la loi de l’offre et de la demande. Le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques œuvre à accroitre massivement l’offre bétail (bovins et ovins) à travers des actions de mobilisation de la production nationale menée sur toute l’étendue nationale. Ces actions sont relayées par nos démembrements régionaux et départementaux. Il faut rappeler les récentes actions et missions de prospections et sensibilisation menées au Burkina Faso, au Niger et Tchad non seulement pour diversifier nos sources d’approvisionnement mais aussi pour renforcer davantage nos liens commerciaux de bétail avec nos partenaires historiques tels que le Burkina Faso et le Niger. Outre, diverses missions de sensibilisation et d’information de facilitation sur le retour des commerçants et des bouviers et sur la fluidité du transport du bétail ont été menée le long des corridors Nord et Est et à la frontière au niveau de Noé. Ses campagnes de sensibilisation ont ciblé les autorités locales, les forces de défenses et sécurité et les acteurs de la filière bétail et viande. Aussi, la foire se fera de manière éclatée pour rapprocher le bétail des populations afin d’éviter l’embouteillage et le long trajet à effectuer pour se rendre au parc à bétail de Port-Bouët. En plus des sites habituels d’accueil du bétail, de nouveaux sites ont été identifiés pour accueillir la foire cette année à savoir le site du complexe abattoir d’Anyaman, le site de Treichville non loin du marché de Belleville, l’espace Figayo, etc. Toutes actions publiques visent a baissé les coûts et frais annexes qui renchérissent le cout de revient du bétail en renforçant notre dispositif d’approvisionnement des marchés en bétail ; en améliorant la fluidité du transport du bétail a à travers la lutte contre toutes les formes de tracasseries routières et facilitant aux populations l’accès au marché physique avec la création de sites de proximité d’accueil de bétail.
Réalisé par Abdel-Habib Dagnogo