Emploi jeunes/Invité du Journal Afrique de France 24 : Mamadou Touré rassure sur le Programme d’insertion des jeunes du Nord
Le ministre ivoirien en charge de la Promotion de la Jeunesse, Mamadou Touré, était l’invité du Journal Afrique de France 24, hier, mercredi 8 juin 2022. Il est revenu sur le programme d’insertion des jeunes du Nord de la Côte d’Ivoire. Une zone fortement en proie à la menace terroriste qui fait de ces jeunes des cibles faciles à l’enrôlement au sein de ces groupes terroristes.
France 24 : Pouvez-vous décrire un peu ce programme d’insertion que vous avez lancé avec votre ministère?
Mamadou Touré : En rapport avec l’actualité sous-régionale, le gouvernement ivoirien a décidé d’anticiper dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sur l’approche sociale, les réponses sociales à apporter aux populations qui sont dans des zones frontalières avec des pays comme le Burkina et le Mali. Une réponse militaire efficace est apportée en ce moment mais nous avons vraiment tiré des leçons de ce qui s’est passé au Mali et au Burkina et le Président de la République SEM Alassane Ouattara et le Premier Ministre Patrick Achi ont conçu un programme. Le Programme Social du Gouvernement qui accorde un axe particulier à ces zones vulnérables donc c’est à peu près 405 millions d’Euro qui sont investis pour désenclaver ces zones où il n’y avait plus d’électricité, il n’y avait pas d’eau, pas d’écoles, il n’y avait pas d’hôpitaux. Des zones qui pendant des décennies avaient été délaissées et vous savez que ceux qui sont jugés comme des terroristes aujourd’hui exploitent justement cette grande vulnérabilité des populations dans les zones où ils sont installés. Donc l’idée de ce plan important c’est de sortir ces populations de la pauvreté en apportant l’eau, l’électricité, l’école, les centres de santé. Le Ministère de la promotion de la jeunesse a conçu sous l’autorité du Premier Ministre un plan spécial pour justement prendre en charge des jeunes, 60000 jeunes d’ici 3 ans dans toutes ces zones pour leur donner des perspectives en termes de formation, d’encadrement donc on a un programme important du service civique qui se met en Côte d’ivoire avec 14 centres de service civique qui permettront d’accueillir dès l’année prochaine 14000 jeunes par An. L’idée c’est d’accueillir ces jeunes, leur donner un minimum d’encadrement à la discipline mais surtout leur donner de la formation, améliorer leur qualification en vue donc de leur insertion. Des programmes qui permettront aussi de financer des jeunes dans le secteur agricole. Et pour ces programmes nous sommes soutenus par la France, l’AFD à travers un instrument qui est le contrat de désendettement d’où ma présence ici en France non seulement pour continuer les discussions mais surtout avec mes équipes voir un peu les instruments d’insertion ici en France. Pôle Emploi, le service civique français, France Volontaire sont autant de structures que nous avons rencontré au cours de mon séjour en France.
Aujourd’hui quelle est la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire ?
Elle est normale. Nous avons eu quelques attaques, quelques incursions sur le territoire ivoirien il y’a quelques années de cela mais aujourd’hui nous pouvons dire bravo à nos forces de défense et de sécurité qui ont été d’une grande efficacité et qui ont permis de ramener le calme et la sécurité. Maintenant à côté de la réponse militaire, pour le Président Ouattara, il faut une réponse sociale d’où ce plan Marshall. Parce que, ceux qui proposent 750 euros, des motos en vue de les enrôler, la plupart des jeunes (….) qui s’enrôlent dans ces mouvement djihadistes ne le font pas par principe religieux. Ils le font à cause de leur vulnérabilité économique donc l’idée c’est de suffisamment anticiper pour ne pas commettre les mêmes erreurs que nos voisins. D’où ce plan important qui a le soutien de tous partenaires au développement.
La crise alimentaire plane sur le continent et elle pourrait plonger de nombreuses populations dans l’extrême pauvreté, c’est déjà le cas d’ailleurs notamment parce que la crise covid est passée par là est-ce que ce genre de programme est suffisant ?
Alors déjà la Côte d’Ivoire comme la plupart des pays dans le monde n’échappe pas à cette réalité internationale. Mais le plus important ce sont les mesures qui ont été prises. Le gouvernement ivoirien n’a pas voulu rester les bras croisés. Qu’est-ce que nous avons fait ? Premièrement sécuriser les populations au niveau alimentaire donc il y’a certains produits de grande consommation tels que le riz, le lait, l’huile etc. dont les prix ont été plafonnés. Ensuite nous avions quatre produits de base, nous l’avons étendu à 21 produits de base dont les prix ne peuvent pas être augmentés sans l’accord préalable de l’Etat. Nous sommes un pays comme la plupart des pays africains grand consommateur de pain, le gouvernement apporte une subvention aux meuniers pour que justement l’augmentation du prix du blé n’ai pas une répercussion sur le prix du pain. C’est 10 millions par mois de subvention. Je peux parler aussi du carburant. Nous avons du mois de janvier au mois de mai 300 millions d’euro de subvention et pour le seul mois de de juin, c’est 80 milliards de subvention pour le prix du carburant au niveau du gasoil tout cela pour éviter qu’il y’ait une inflation et que cela impact les populations et les appauvrisse.
Comment encourager les jeunes à investir dans le secteur agricole pour qu’il ait une autosuffisance alimentaire et qu’il n’y ait pas une dépendance des pays comme l’Ukraine par exemple ?
Mais c’est une orientation économique avant même qu’on ait cette crise Ukrainienne. La Côte d’Ivoire est un pays agricole. Nous avons un programme national d’investissement dans le secteur de l’agriculture. Aujourd’hui le gouvernement de Monsieur Patrick Achi a décidé de faire justement de l’agriculture un secteur d’opportunité pour les jeunes. Et donc nous avons les centres de service civique qui seront construits sur l’ensemble du territoire national. L’idée, c’est d’accueillir des milliers de jeunes qui seront formés et pour qui des terres seront aménagées avec la possibilité d’une modernisation de notre agriculture. Ensuite leur mettre à disposition des intrants, en tout cas leur permettre d’avoir un secteur agricole moins hard, moins dur parce que la plupart des jeunes qui refusent aujourd’hui de se lancer dans l’agriculture se plaignent de la vétusté du matériel utilisé. Nous voulons moderniser notre agriculture et inciter les jeunes à aller vers le secteur agricole. C’est aussi la transformation de certains produits. Nous allons, nous, au niveau du ministère de la promotion de la jeunesse, nous lancer dans la petite transformation de l’anacarde parce que la Côte d’Ivoire est un gros pays producteur d’anacarde et permettre à des jeunes d’avoir de petites unités de transformation d’anacarde sur l’ensemble du territoire national.
Abdel-Habib Dagnogo