Autosuffisance en protéine animale et halieutique : 1 049 milliards FCFA pour la mise en œuvre de la PONADEPA
Le secteur du poisson et de la viande se porte mieux en Côte d’Ivoire, une filière en plein essor grâce à l’engouement qu’elle suscite. Ainsi, de 2019 à 2020, la production bovine est passée de 33 558 tonnes à 34 109 tonnes. La production nationale de petits ruminants est passée de 23 789 tonnes en 2019 à 25 475 tonnes en 2020, soit une augmentation de 7%. Pour la production porcine, l’on enregistre 11 938 tonnes en 2020 contre 11 621 tonnes en 2019, soit une hausse de 3%. Toutefois, cela reste considérablement insuffisant face à la forte demande des Ivoiriens en protéine animale et halieutique. Le ministre des Ressources animales et halieutiques était l’invité, mardi 05 avril, de l’émission télévisée de la première chaîne ivoirienne ‘‘RTI vous reçoit’’. Sidi Touré y était pour donner plus de réponse à la question de la ‘‘politique de l’élevage et de la pêche en Côte d’Ivoire’’ qui vise à rendre la Côte d’Ivoire autosuffisance en protéine animale et halieutiques.
La problématique de la protéine animale et halieutique
En matière de protéine animale, le ministre a indiqué que la Côte d’Ivoire dispose « d’environ 4 filières notamment, la filière des ruminants qui est composée des bovins des ovins et des caprins; la filière porcine qui est composée des porcs et assimilés ; la filière avicole composée de poulets et assimilés. Sans oublier les filières en développement dans le secteur. Relativement à la filière des ruminants, précisément sur les bovins, la Côte d’Ivoire dispose d’environ 1 700 000 têtes de bétails ». Puis d’ajouter que « Tout chiffre apprécié, nous sommes autour de 100 000 tonnes de carcasses de viandes consommées par an. Il y a un gap ». En termes de protéine halieutiques, Sidi Touré a expliqué « par habitant, nous consommons en moyenne 24 Kg de poissons par an et par individu. Ce qui nous ramène approximativement à un besoin de consommation nationale d’environ 600 000 tonnes. Malheureusement, localement, nous ne produisons à peine 110 000 tonnes de poissons. Et dans ces 110 000 tonnes, il y a environ 105 000 tonnes qui viennent des produits de la pêche et 4500 tonnes qui viennent de l’aquaculture. Nous faisons donc face à peine, à 17% du besoin de consommation locale ». On le sait, la Côte d’Ivoire dispose de 5 stations et ranchs fonctionnels dont 2 à Toumodi, 2 à Yamoussoukro et 1 dans la Marahoué. Ceux de Béoumi et Katiola sont en cours de réhabilitation. Ces ranchs et stations sont destinés à l’amélioration génétique des animaux en vue de les mettre à disposition des éleveurs. La création de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), a permis d’hériter de plusieurs ranchs de la SODEPRA avec près de 130 000 hectares de terre pour la transhumance et 362 barrages pour le pastoralisme. Selon Sidi Touré, des programmes avaient été mis en place, notamment « le Programme de développement de l’élevage en Côte d’Ivoire (PADE-CI) ; le Programme d’insertion des femmes et des jeunes dans le secteur de l’aviculture… Tout ça nous a permis d’amener l’élevage à un niveau de qualité mais qui n’est pas encore l’élevage moderne que nous recherchons. Toutefois nous avons quelques gros élevages qui existent dans le secteur privé ». A côté de cela, « nous avons nos ranchs. Nous avons la ferme semencière de Badikaha qui avait pour vocation de produire du pâturage pour l’alimentation de notre bétail ; la ferme de Nioronigué du côté de Ouangolodougou avec une vocation laitière ; la ferme de Pania avec pour vocation la reproduction de carcasses de viandes. Sans oublier le centre national ovin qui se chargeait de développer des espèces améliorées, et le ranch de Sipilou dans l’Ouest du pays qui développait les races notamment le N’dama, le Baoulé… », a-t-il rappelé. Malheureusement, au niveau national, le ministre a relevé qu’en « besoin animal, nous ne produisons que 48% de consommation et, en matière halieutique, nous ne produisons que 17% ». Ajoutant: « 400 milliards FCFA, c’est la ressource à mobiliser pour importer le gap en alimentation des Ivoiriens en poissons et en viandes ». C’est pourquoi, a-t-il insisté, « notre politique, c’est de réveiller les différents ranchs qui ne fonctionnent plus avec un investissement massif pour nous permettre de très vite atteindre l’autosuffisance alimentaire en protéine animale ».
La PONADEPA, une politique pour une autosuffisance réussie
Pour donc répondre à cette problématique, il a été adopté la Politique nationale de développement de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture (PONADEPA) le 19 janvier 2022. Et grâce au Premier ministre, son opérationnalisation a été alignée sur le PND et le PNIA 2. « Notre ambition pour répondre à cette problématique qui touche aussi bien les ressources animales qu’halieutiques, se trouve formulée ou reformulée à travers la Politique de développement de l’élevage, de l’aquaculture et de la pêche. Notre vision se trouve donc dans ce document cadre qui adresse les problématiques et les actions structurelles du secteur privé mais aussi, du secteur public et des partenaires techniques financiers dans le développement du secteur », a indiqué le ministre.
1 049 milliards FCFA à mobiliser pour financer la PONADEPA
Ainsi, pour sa mise en œuvre, ce sont « 1 049 milliards FCFA qui seront mobilisés autour de 4 axes principaux, à savoir l’axe de développement de la production animale ; l’axe de développement de l’aquaculture ; l’axe de l’accompagnement et/ou du renforcement de la sécurité sanitaire vétérinaire et enfin, l’axe de la gestion durable de la pêche. Ces 4 axes nous permettent d’atteindre notre objectif de compensation de 65 à 70% des besoins de consommation », a expliqué le ministre. Mais comment mobiliser les 1 049 milliards FCFA ?
Une contribution attendue des secteurs privé et public ainsi que des partenaires techniques et financiers
A en croire Sidi Touré, cette mobilisation se fera sur trois fronts, notamment « le secteur privé avec une contribution attendue à près de 60%, les partenaires techniques et financiers pour 25% et enfin, 15% de l’Etat de Côte d’Ivoire ». Et étant donné « l’arrimage de la PONADEPA au PND et au PNIA, Mme le ministre du Plan est actuellement en pourparlers avec les différents acteurs et institutions. Il est prévu dans les prochains mois, une table ronde des bailleurs, avec une bonne position pour pouvoir être visible des différents bailleurs et pouvoir obtenir leur agrément en termes d’accompagnement, que ce soit les bailleurs privé ou public », a-t-il ajouté. Pour ce qui relève de son département, le ministre entend « continuer les échanges avec les bailleurs et partenaires ordinaires traditionnels pour avoir leur agrément préalable, en attendant cette table ronde. La FAO sera d’une aide à l’organisation de cela dans quelques semaines ». « Le secteur des ressources animales et halieutiques deviendra le prochain café-cacao de Côte d’Ivoire », a-t-il relevé.
La problématique des terres à mettre à disposition
Pour ce qui des parcelles à mettre à disposition, Sidi Touré a dit avoir eu « le privilège de parcourir l’ensemble des ranchs de Côte d’Ivoire ». S’il reconnaît « qu’il y a des infiltrations des ranchs par des cultures des populations », il a rassuré que ses « équipes sont en train de faire le point afin de proposer un plan structurant de relance de ces différents ranchs ».
70% du taux de couverture nationale en production de protéine attendus d’ici 2026
Sidi Touré a indiqué que « d’ici à 2026 qui est l’horizon de programmation, nous escomptons en protéine animale couvrir au moins 70% de la consommation locale ». Rassurant que le Premier ministre a marqué son accompagnement, le ministre a fait savoir que son équipe est en train de faire « l’évaluation du patrimoine du cheptel national des différents ranchs et des différentes fermes de sorte à atteindre nos objectifs ».
Abdel-Habib Dagnogo