Presse imprimée : Le GEPCI charge Edipresse et exige des Assises de la distribution
Le moins qu’on puisse dire, le Groupement des Editeurs de Presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), n’y est pas allé du dos de la cuillère pour désigner le responsable dans la mauvaise distribution des journaux en Côte d’Ivoire. Le coupable, selon les éditeurs, par la voix du secrétaire général (SE) de leur organisation, André Ouohi n’est autre que le distributeur actuel, Edipresse. Il intervenait mardi 5 avril, au cours d’un panel organisé par le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), dans ses locaux aux Vallons (Cocody-II Plateaux) et qui avait pour thème, « Situation économique et sociale précaire de la presse imprimée : Une menace pour la liberté d’expression et d’information ? ». Il a ainsi fait comprendre que, « la distribution des journaux est au cœur des problèmes de la presse imprimée en Côte d’Ivoire ». D’où les « catastrophiques » chutes au niveau de la vente et du chiffre d’affaire, « en grande partie dues à la mauvaise distribution des journaux » de l’entreprise qui en a la charge, a indiqué le SE. Toujours selon lui, aujourd’hui, cette entreprise « peine avec 40% de la couverture du territoire national » à cause d’un maillage « inadéquat », faute désormais et notamment de moyens logistiques, de distributeurs dévoués.
Conséquences, on assiste au « non-respect des échéances contractuelles pour le paiement des recettes de ventes aux éditeurs » ; à une crise de confiance entre les éditeurs et les distributeurs. Le secrétaire exécutif a révélé que, tout est parti « des années 2020 ». Le conférencier, citant un rapport de l’Autorité nationale de la presse (ANP), les quotidiens ivoiriens, dont le nombre, en cette période, est revenue à 26 a fait un chiffre d’affaire de 1,3 milliards contre 2,1 milliards en 2019. Ce qui traduit une baisse de 800 millions. En 2020, 21 millions d’exemplaires ont été mis sur le marché par les quotidiens par le distributeur. «Ces données montrent qu’entre deux années, c’est-à-dire, 2018 et 2020, les ventes, en volume de presse quotidienne ont enregistré une chute de 61,10% pour un chiffre d’affaire en régression de 56,7% », a souligné le secrétaire exécutif. Il n’a toutefois pas manqué de rappeler que le paysage de la presse présentait un visage plus reluisant. En 1990, le retour du multipartisme a engendré un pluralisme d’expression avec 187 titres de journaux, en une année qui « paraissaient régulièrement avec les intervalles respectés ». En outre, le chiffre d’affaire global de la presse nationale et internationale, vendue en Côte d’Ivoire a atteint, entre 1994 et 1995, 6,8 milliards FCFA avec 4,8 milliards FCFA pour la presse ivoirienne dont 3,7 milliards aux quotidiens locaux « qui s’écoulaient bien ».
Un passé que tous les acteurs aimeraient revivre pleinement ou à défaut, en partie. C’est en prélude à cela que, André Ouohi exige des Assises de la distribution pour « voir ce qui est faisable ». En tout cas, l’Union nationale des journalistes (UNJCI) adhère à ce projet. Au-delà, Jean-Claude Coulibaly, son président, a plaidé pour une « subvention directe » qui consiste à donner la « contrepartie » de la fourniture « du service public » par la presse privée ou publique. Ce panel a été organisé, dans le cadre du programme d’interaction du CNDH qui était représenté par sa vice-présidente, Dr Marie-Paule Kodjo. Les thèmes du panel ont porté sur, « L’environnement économique et social de la presse imprimée : Diagnostic, menaces et opportunités » ; « Quelles stratégie pour une meilleure distribution des journaux en Côte d’Ivoire ». L’objectif global de la rencontre, selon les initiateurs, c’est de, faire un plaidoyer « solidaire » avec les acteurs des médias afin de d’améliorer l’environnement économique et social des médias.
Mathias Kouamé