Crise alimentaire en Afrique : Macron lance l’initiative FARM
« Nous sommes en train de rentrer dans une crise alimentaire sans précédent », a déclaré le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse suite aux sommets de l’Otan et du G7 qui se tenaient jeudi et avant la tenue dans la foulée du Conseil européen. Pour la contrecarrer notamment en Afrique, il a annoncé le lancement de l’initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Mission), en lien avec l’Union africaine.
Le détail n’a pas été donné mais, dans ses grands principes, il s’agirait de débloquer des stocks «pour éviter toute situation de pénurie et modérer les hausses de prix», de ne pas imposer de restrictions à l’export des matières premières agricoles, de mettre en place une «action coordonnée des pays producteurs pour relever temporairement les seuils de production lorsque cela est possible et sans compromettre les objectifs de durabilité», ainsi que l’instauration d’un principe d’allocation des volumes additionnels, «pour garantir un accès de tous, en particulier aux plus vulnérables, en quantité suffisante et à prix raisonnable». Des mesures seraient mises en place par la France notamment pour favoriser la production directement dans les pays les plus dépendants des exportations ukrainiennes en augmentant «significativement» «les investissements dans la production alimentaire durable et les chaînes de valeurs agricoles résilientes sur tous les continents», en se concentrant sur le développement de la production en Afrique.
La veille de ces sommets, lors du colloque export annuel organisée par l’interprofession céréalière française (Inter-céréales), il a été rappelé que l’Ukraine représentait à elle seule 10% des échanges mondiaux de blé tendre sur la campagne dernière. Pour 2022, les experts tablent sur une baisse du rendement blé de 20 % par rapport à la moyenne et une baisse de 30% des surfaces en maïs, a souligné l’Association [française] des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), la situation préoccupante de nombreux pays d’Afrique notamment, étant évoquée.
« Même si la guerre s’achève rapidement, l’Ukraine ne sera pas en mesure de redevenir un champion de l’export avant au moins 2 ou 3 ans », a affirmé Jean François Lépy, d’InVivo-Soufflet. « L’absence de l’Ukraine sur les marchés mondiaux prive, chaque mois, les pays importateurs de 7 millions de tonnes équivalent de céréales et d’oléo-protéagineux », a précisé pour sa part Benoit Fayaud de Tallage.
Rappelons que l’Afrique du Nord et l’Asie achètent chaque année entre 25 et 30 Mt de grains chacun et l’Union européenne importe 30 Mt de céréales et d’oléagineux.
En outre, certains pays d’Afrique du Nord comme le Maroc sont confrontés à une sécheresse sans précédent et dépendent largement des importations de blé d’Ukraine. « A court terme il y aura des difficultés dans ces pays (…) Cette situation va créer une crise alimentaire, des situations humanitaires gravissimes dans plusieurs pays et à coup sûr aura des conséquences politiques massives dans ces pays», a mis en garde Emmanuel Macron.
Avec commodafrica.com