Interview avec François Xavier Akondé, Porte-parole du G2ROI: « A partir du 17 mars 2022, un vide juridique et institutionnel s’installera au CNO …»
Le processus électoral pour la présidence du Comité national olympique de Côte d’Ivoire (CNO-CI) devait être en ce moment en cours ou déjà terminé. Malheureusement, il n’a jamais débuté. Le porte-parole du Groupe de Réflexion pour réinventer l’olympisme ivoirien, François Xavier Akondé, par ailleurs président de la Fédération Ivoirienne de Pentathlon Moderne, réagit à la sortie dans la presse du Président Lansana Palenfo.
Comment appréciez-vous la sortie du Général Palenfo dans laquelle il révèle qu’il ne sera pas candidat en 2022 ?
Le collectif salue cette sagesse, cette hauteur de vue qui cadre parfaitement avec l’opinion publique favorable à cet homme d’Etat de grande stature, ce grand sportif dont toutes les bibliothèques numériques, Wikipedia, Google et lui-même retracent le parcours glorieux. Le Gal Palenfo est désormais entré au Panthéon d’illustres fils et filles de la Côte d’Ivoire, qui ont donné plus que quiconque, et marqué les heures de gloire du Sport ivoirien. Il n’est donc pas le seul à avoir tant donné au Sport Ivoirien, mais il mérite notre profond respect. C’est pourquoi, le Collectif « Réinventer l’Olympisme Ivoirien » s’interdit fermement, ainsi qu’à toute personne et groupe de personnes, d’écorcher, par des propos ou des publications, l’honneur et la dignité du Gal Palenfo, avant, pendant et après le renouvellement des instances dirigeantes du CNO-CIV.
Que répondez-vous à son assertion selon laquelle il cooptera un initié pour lui succéder ?
Le président Palenfo a fait savoir qu’il avait décidé d’arrêter au CNO-CIV, mais il s’est représenté à cause de la cabale montée pour éliminer le président Alain Ekra qui devrait être le président. En effet, les archives de la mémoire collective du CNO-CIV ne révèlent pas une quelconque candidature du ministre-professeur Alain EKRA présentée par le président Palenfo, et qui aurait fait l’objet d’une cabale. Cabale qui aurait amené le président Palenfo à se présenter lui-même. Au contraire, cet homme de grande pondération aurait fait la quasi-unanimité s’il avait été coopté par le président Palenfo. Mais il est resté sagement à attendre cet adoubement qui n’est jamais venu, et semble s’être finalement retiré du monde sportif. Ancien champion de Basket, ancien président de la Fédération de Basket, ancien ministre de la Santé, loyal parmi les loyaux au président Palenfo. Voici un initié que l’olympisme ivoirien a perdu. Alors où rechercher et trouver l’initié ? Quels sont les critères du parfait initié ? Dans quel bois sacré forme -t-on les initiés pour gérer le CNO-CIV ? Y a-t-il une voie plus rassurante que le choix du meilleur initié par un vote démocratique décidé par les premiers initiés, c’est-à-dire les présidents des Fédérations de Sports Olympiques qui gèrent au quotidien la vie de leurs sports et font émerger des athlètes olympiques ? Qui mieux qu’eux-mêmes peuvent choisir le meilleur parmi eux ?
Le dernier quadriennat débouche sur des élections à la présidence du Comité National Olympique. Comment se présente la situation ?
Mais on ne sait pas quand ! Plus inquiétant, des textes statutaires sont en train d’être révisés sans les fédérations sportives concernées, et sans émaner d’une Assemblée Générale, organe suprême et souverain du CNO-CIV. En clair, le Général Palenfo prend sur lui de réviser les textes sans recueillir, au préalable, l’avis des membres statutaires du CNO-CI.
Que renferme la dénomination de votre collectif « Réinventer l’olympisme ivoirien » ?
Le Général a fait un commentaire vraiment au premier degré, et nous ne devons pas encourager une polémique stérile sur une dénomination que nous nous sommes volontairement donnés. « Réinventer l’Olympisme Ivoirien » est simplement un credo, une profession de foi, comme peuvent être les slogans, pour tracter des groupes humains vers le haut tels que ” vivre ensemble,” le bonheur pour tous…” Il s’agit de bâtir sur les fondamentaux légués par les pères fondateurs pour les améliorer et leur ajouter une plus-value. Il s’agit d’une vision qui va s’inspirer des projections audacieuses de grands dirigeants sportifs ivoiriens, qui ont gravé leurs noms dans le marbre de l’histoire sportive de notre pays par des idées novatrices, tels que Sidy Diallo, et qu’imitent aujourd’hui leurs cadets dont Bamba Cheick Daniel au Taekwondo et Mahama Coulibaly au Basket. Qui n’avance pas, n’innove pas, ne réinvente pas, recule “Donc de notre point de vue, cette profession de foi doit être saluée parce qu’elle cadre bien avec la devise olympique rappelée par le Général Palenfo lui-même, après ses propres commentaires sur nos récents résultats aux JO de Tokyo : « Citius-Altius-Fortius », « Plus vite – Plus Haut – Plus Fort ».
Les textes du CNO-CI ne présentent aucune différence claire entre la qualité d’ayant – droit statutaire de l’Ag et celle de membre du CNO-CI. Qu’en dites-vous ?
C’est une véritable fourre – tout. Et le règlement intérieur actuel qui en parle est sidérant de nébulosité, de flou artistique ! En effet, l’Article V de ce règlement intérieur dispose en ses termes : ‘‘Le Comité National Olympique de Côte d’Ivoire comprend des membres actifs et des membres honoraires. Les membres actifs sont, de par leur fonction, les membres ou anciens membres ivoiriens du Comité International Olympique, à conditions qu’ils n’aient pas été exclus du CIO en qualité de membre, président d’honneur à vie, membre honoraire ou membre d’honneur du CIO ; les membres ivoiriens, présidents, vice-présidents et secrétaires généraux des confédérations africaines ou mondiales de sport. Les présidents des fédérations nationales de Sport affiliées aux fédérations internationales régissant des sports inclus dans le programme des Jeux olympiques ou leurs délégués dûment mandatés. Les représentants de l’Association des athlètes actifs ou d’anciens athlètes ayant pris part à des Jeux Olympiques. Toutefois, ces représentants doivent se retirer en cette qualité au plus tard à la fin de la troisième Olympiade, suivant les derniers Jeux Olympiques auxquels ils ont participé. Le sont également, après acceptation du Comité Exécutif, les membres désignés parmi les représentants des fédérations nationales de Sport affiliées aux fédérations internationales reconnues par le Comité International Olympique et dont le sport n’est pas inclus dans le programme des Jeux Olympiques ; les délégués de l’Amicale des anciens olympiens ; des ivoiriens susceptibles de renforcer son efficacité ou ayant rendu des services éminents au sport et à l’olympisme ; les délégués des associations para-olympiques ; les délégués des groupements multisports et autres organisations à vocation sportive. La qualité de membre bienfaiteur peut être décernée aux personnalités qui, par leurs apports, ont contribué au développement et au rayonnement du CNO-CIV. Les membres d’honneur, honoraires et bienfaiteurs peuvent assister à l’assemblée avec voix consultative. Ils peuvent également être invités à siéger, à titre consultatif, au sein du Comité Exécutif. Ils seront invités à toutes les manifestations organisées par le CNO-CIV’’. Finalement, on ne sait plus qui est simplement membre du CNO Côte d’Ivoire et qui est électeur. Mais du point de vue pratique et opérationnel, on peut se demander comment bâtir une liste électorale avec un tel texte et se poser les questions suivantes : les 48 footballeurs qui ont participé à deux JO sont-ils électeurs ? Les 9 athlètes du Taekwondo qui ont participé aux JO sont-ils électeurs ? Tous les judokas, les nageurs, les athlètes coureurs, escrimeurs, tireurs à l’arc et bien d’autres sont-ils électeurs ? Il faudra les retrouver, les inscrire et les faire voter par un mécanisme, car nombreux parmi eux résident hors de Côte d’Ivoire.
Qu’en est-il de la caducité des textes actuels du CNO-CI ?
En déclarant avoir transmis les statuts et règlement intérieurdu CNO-CI au Comité International Olympique pour leur examen et leur conformité avec la Charte Olympique, le Général Palenfo n’a-t-il pas ainsi proclamé tout seul (sans l’AG souveraine, organe suprême du CNO-CI) leur caducité ? Alors que la lecture combinée des articles 10 et 11 des statuts du CNO-CI indique que l’Assemblée Générale est l’organe de décision du CNO-CI, et que c’est elle qui révise les statuts du CNO-CI.
Avec cette situation, peut-on dire que le CNO-CI est de nouveau dans une zone de fragilité institutionnelle et juridique ?
Le mandat de l’actuel Bureau exécutif prend fin le 17 mars 2022, car le président Palenfo avait été élu le 17 mars 2018. Il n’a pas convoqué l’AG électorale, alors que comme le prescrit l’article XVIII, « l’assemblée générale doit être convoquée au moins un mois avant la date prévue ». Donc à partir du 17 mars 2022, un vide juridique et institutionnel s’installera, et notre CNO-CI entrera, comme ce fut le cas en 2018, dans une zone d’incertitude, voire de turbulence.
Que propose votre collectif « Réinventer l’olympisme ivoirien » pour anticiper sur ce qui se prépare ?
Quand bien même un vide juridique s’installerait, le collectif « REINVENTER L’OLYMPISME IVOIRIEN »,composé pour le moment de 19 fédérations, souhaite inviter respectueusement le président Palenfo à continuer d’écouter la voix de la sagesse qui l’a amené à ne plus être candidat à sa succession en : convoquant rapidement les 26 Fédérations olympiques à une réunion pour asseoir un processus électoral inclusif et transparent, et organiser dans un (01) mois, des élections inclusives et transparentes, dignes de l’Olympisme et de son charisme ; élaborant une liste électorale fondée uniquement sur les 26 Fédérations de Sports Olympiques comme le stipule le règlement intérieur du CNO-CI en son article XV : « Le collège électoral du CNOCIV est défini par les articles 14 et 16 des statuts, il est constitué par les présidents des fédérations membres » ; laissant au nouveau président et son Comité Exécutif le soin d’organiser le toilettage des textes actuels du CNO-CIV. C’est ce que Notre vénéré président Palenfo peut offrir de beau, de grand de généreux à l’Olympisme ivoirien : son départ de la présidence sans tumulte, dans la grandeur et l’honneur.
Entretien réalisé par Francis Aquey