De retour à Abidjan, Ouattara fait le point de sa mission
Le chef de l’Etat ivoirien est rentré, ce mardi 22 février 2022, d’un long séjour à l’Etranger, qui l’a conduit successivement, à Accra au Ghana ; à Addis-Abeba en Ethiopie et, à Bruxelles en Belgique où il a participé à différents Sommets ordinaire et extraordinaire. Accueilli par le Premier ministre Patrick Achi ainsi plusieurs membres du Gouvernement, Alassane Ouattara en profité, au pavillon présidentiel de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, pour faire le point de sa mission africaine et européenne.
Ses différentes audiences en marge du Sommet UA-UE à Bruxelles, en Belgique…
« En Belgique, j’ai commencé avec une audience avec Sa Majesté le Roi Philippe de Belgique, Roi des Belges ainsi qu’avec le Premier ministre de Belgique, Alexander De Croo. Vous le savez, les liens d’amitié entre la Côte d’Ivoire et la Belgique sont anciens, historiques et, le Roi Baudoin et la Reine Fabiola ont d’ailleurs visité la Côte d’Ivoire en 1979. Et l’année dernière, en mars 2021, nous avons célébré avec la Belgique les 60 ans de coopération bilatérale avec le Royaume de Belgique. Donc c’est un pays avec lequel nous avons des liens très étroits. J’ai d’ailleurs invité sa Majesté le Roi, à faire une visite en Côte d’Ivoire. Il se rend le mois prochain au Congo Kinshasa et je pense que, très rapidement, il nous précisera la date de sa visite avec la Reine Mathilde en Côte d’Ivoire.
De mon entretien avec le Premier ministre qui était assisté Mme la vice-Première ministre de Belgique, nous avons parlé plus en détails de la coopération économique entre les deux pays, les perspectives et aussi la nécessité de voir encore plus d’entreprises belges investir en Côte d’Ivoire. Et nous avons également parlé de la Covid-19 et la possibilité pour les entreprises belges fabricants de vaccins, d’installer une usine de fabrication de vaccins en Côte d’Ivoire.
J’ai également eu un déjeuner-débat organisé par la chambre de commerce belgo-luxembourgeoise pour les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique avec une centaine d’entreprises et au cercle gaulois. C’est un endroit où j’ai déjà eu à rencontrer des entreprises belges en 2011, à la sortie de crise et bien évidemment, nous nous sommes tous réjouis de voir que la Côte d’Ivoire était passée d’un Etat de délabrement, donc d’insécurité à un Etat prospère et, en pleine croissance. Je leur ai fait le bilan des dix dernières années, comment la richesse nationale a augmenté, comment le taux de pauvreté a été réduit et également, quelles sont les perspectives. Surtout, je les ai rassurés que nous continuerons de mener une politique macroéconomique de stabilité, de croissance ainsi que de réduction de la pauvreté. J’ai demandé aux hommes d’affaires belges et luxembourgeoises de continuer d’invertir en Côte d’Ivoire et surtout, pour la transformation de nos produits tels que le Cacao, l’anacarde, l’hévéa, et bien évidemment d’autres produits.
J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs et je crois que les perspectives sont bonnes pour continuer la bonne coopération et le bon degré des investissements des entreprises belges en Côte d’Ivoire. Et je dois signaler que la Belgique est le deuxième investisseur européen en Côte d’Ivoire. La Belgique vient immédiatement après la France.
Sur le sommet UA-UE…
J’ai participé en Belgique, au 6e sommet UA-UE. Nous avons parlé de partenariat, de coopération, d’un nouveau cadre. Egalement, nous nous sommes mis d’accord que la Covid-19 avait été un désastre en 2020 et 2021 et que tout devait être mis en œuvre pour que 2022 soit une année de bonne croissance en Europe comme sur le continent Africain.
Nous avons parlé de financement. L’Union Européenne envisage un financement de 150 milliards FCFA entre maintenant et 2030. Je crois que la grande partie sera par le secteur privé, et nous avons longuement discuté de la nécessité de mettre à disposition des pays africains un autre montant de droit de tirages spéciaux du Fonds monétaire international. Vous savez que 30 milliards ont été mis à la disposition des banques centrales l’année dernière. Pour le moment, les pays du G20 qui vont contribuer au fonds fiduciaire auprès du FMI sont à 55 milliards d’approvisionnement et nous souhaitons que ce montant puisse être porté à 100 milliards. Et nous avons proposé à la directrice générale du FMI que nous avons rencontrée, que ce montant puisse être décaissé assez rapidement, en tout cas si possible, avant la fin de cette année.
Le sommet lui-même a été coprésidé par le Président Charles Michel qui est le Président du Conseil européen, le Président Macron qui est le Président de la Conférence des chefs d’Etat de l’Union Européenne, et le Président Macky Sall.
Il y avait plusieurs tables-rondes. J’ai participé à la première table-ronde sur le financement et donc le partenariat, la croissance des économies africaines. Et j’ai également participé à la table-ronde sur l’agriculture et le développement durable.
Le point à retenir c’est que, la meilleure manière d’avoir l’agriculture durable, c’est de donner de meilleurs prix à nos producteurs et de faire en sorte que, bien évidemment, la transformation ait lieu en Côte d’Ivoire pour permettre la création d’emplois pour les jeunes. Le Président du Ghana Nana Akufo-Addo et moi-même avons rencontré également la présidente du Parlement européen, Mme Roberta Metsola et les présidents des groupes parlementaires du Parlement européen pour parler de la future législation de l’Union Européenne sur la cacaoculture durable et l’accroissement des revenus des producteurs.
Alors, j’ai également rencontré plusieurs autres personnalités à cette occasion, notamment le Président du Conseil européen, Charles Michel ; la Commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen ; le président de la Banque Européenne d’Investissement, Werner Hoyer ; le président-directeur général de SEA-Invest, Philippe Van De Vyver ; et le Secrétaire général de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, Rebelo Pinto Chikoti.
En Afrique, le Président Ouattara a pris part au 35e Sommet de l’UA et au Sommet extraordinaire de la CEDEAO…
J’ai participé au 35e Sommet ordinaire des chefs d’Etat et de Gouvernement du l’Union Africaine et plusieurs chefs d’Etat étaient présents. C’était une très bonne chose puisque, vous le savez, l’Ethiopie travers une période difficile avec une des provinces, le Tigré où il y a des problèmes actuellement. La pacification de ce pays est quelque chose que nous appelons de tous nos vœux.
Le thème pour lequel nous avons fait le déplacement est ‘‘renforcer la sécurité alimentaire, accélérer le développement du capital humain social et économique dans le continent africain’’. Ce thème nous tenait à cœur puisque nous avons ici, un centre pour la nutrition et donc, ce thème a été retenu par le sommet. Et l’année 2022 sera consacrée à la question de la nutrition.
Le sommet a vu la désignation du Président Macky Sall, Président de la République du Sénégal, comme Président de l’Union pour l’année 2022, en remplacement de Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo. Le sommet a été une occasion, également, de nous concerter et de préparer le sommet UA-UE. Et je trouve que c’était une bonne occasion, ceci m’a permis de rencontrer plusieurs chefs d’Etat, d’abord la Présidente de l’Ethiopie, Mme Sahle-Work Zewde, le Président Denis Sassou N’Guesso de Congo Brazzaville et, le Président Faustin-Archange Touadéra, de la République Centrafricaine. Nous avons parlé des questions bilatérales et aussi des questions régionales.
Avant d’aller à Addis-Abeba, j’ai fait une escale à Accra pour le sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation politique au Burkina Faso, la Guinée et au Mali. Là, vous connaissez également les résultats, et nous continuons d’être en contact avec ces pays frères pour les encourager à un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais et dans l’intérêt, bien sûr, des populations et de notre sous-région.
C’était une absence assez longue. La mission a été particulièrement fructueuse, je m’en réjoui mais, je suis très heureux d’être de retour. Et, de pouvoir le Conseil des ministres, demain mercredi ».
Par Abdel-Habib Dagnogo